La manufacture des belles enveloppes

C'est une bien étrange BD. le dessin est simpliste, épuré, en noir et blanc, au trait un peu tremblant. L'histoire parle d'une faillite, une entreprise de fabrication d'enveloppes qui n'a pas su évoluer au bon moment, les machines sont vieillottes et le personnel pas très dynamique. Mr Cluthers, le patron, est dans le déni total. Sa vie et celles des membres de son personnel sont insipides, désabusés. Les dialogues entre les personnages sont embrouillés, tout le monde parle, personne ne s'écoute, tout se mélange. C'est parfois difficile de suivre le cours de l'histoire, on perd pieds par moment, comme les personnages. Les tentatives de suicides ou plutôt "sauts de l'ange" se transforment en moment surréaliste, les personnages volent mais ne s'écrasent jamais au sol, mais même dans les moments poétiques leurs soucis matérialistes persistent. Des petites vies perdues, insipides et désolantes, passent devant nos yeux. C'est une description de la vie ordinaire de gens ordinaires, une dénonciation poétique du monde du travail, du système économique où des gens sont prêts à perdre la raison pour maintenir une illusion économique, un système désuet, une entreprise inutile, où aveuglement et déni continuent de cimenter un monde qui s'écroule. On est malheureusement nous aussi un peu perdu dans cette lecture chaotique et décousue, on a parfois du mal à différencier les personnages, celui qui parle est souvent hors cadre.
Les choix de l'auteur sont audacieux et renforcent l'aspect désorienté des personnages mais rendent la lecture hachée et fastidieuse, il m'a fallu plusieurs fois revenir en arrière pour tenter de mieux suivre l'histoire.

On assiste à la disparition d'une entreprise, et surtout au désespoir du patron qui s'accroche jusqu'à la résignation. Pas adhéré à ces planches en noir et blanc qui changent peu de l'une à l'autre. Confus, ardu.