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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un roman qui confirme ce que je savais déjà. Les meilleures découvertes de la rentrée ne sont pas celles dont on parle forcément le plus. J'ai été embarquée par cette lecture qui a un sacré potentiel sur le fond, à la fois sérieux et drôle sur la forme.

Deux octogénaires habitent le même quartier résidentiel au Cap, elles ont toutes deux réussi dans leur branche, le design pour Hortensia, l'architecture pour Marion. D'emblée, nous savons que Marion jalouse Hortensia, estimant que sa maison lui revenait de droit, l'ayant conçue elle-même. Seulement, elle l'a laissée échapper. Elles se regardent donc en chien de faïence depuis des années.

Par ailleurs, Marion est blanche, raciste sans même s'en rendre compte. Hortensia est noire, mariée à Peter qui est blanc. La fin de l'apartheid n'a bien sûr pas éteint les contentieux et Hortensia ne perd pas une occasion d'affronter Marion et de lui clouer le bec.

Au delà des conflits entre les deux femmes, c'est toute la problématique de l'apartheid et de ses suites qui est dessinée. Les deux femmes n'ont rien d'aimable, ce sont de fortes personnalités. Hortensia est particulièrement vindicative et acariâtre, toujours la méchanceté à la bouche, indifférente aux autres, y compris à l'égard de son mari qui est en train de mourir.

Marion contient mieux ses petitesses sous un vernis de bonne éducation, sans toutefois donner parfaitement le change. L'histoire commence au moment où les deux femmes sont dans une situation identique, sans le savoir. Leurs maris, après leur décès, les ont mises dans le pétrin. Marion, qui se croyait riche, est en fait ruinée. Quant à Hortensia, elle n'héritera qu'à une condition exigée par Peter et qu'elle n'entend pas respecter.

Le tour de force de l'auteure est de nous faire pénétrer progressivement dans le passé de l'une et l'autre, jusqu'à nous faire saisir ce qui a pu les amener à tant d'aigreur et de nous faire passer de la détestation à la compréhension.

De plus, la maison de Marion se retrouve en partie détruite par un accident, ce qui amène Hortensia à l'héberger chez elle momentanément. La cohabitation est difficile évidemment, Hortensia ne lâchant pas sa hargne habituelle, mais peu à peu, elles feront de petits pas l'une vers l'autre. Plongées alternativement dans les pensées des deux femmes, nous mesurons leur cheminement intérieur et leurs blessures profondes. Elles sont aussi sévères envers elles-même qu'envers les autres.

C'est une lecture riche, politiquement, socialement, psychologiquement, humainement, écrite dans un style vif et direct qui touche.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Il y a Marion : Blanche, veuve de quatre-vingts ans passés, aux cheveux teints et entichée de son chien, qui a su jongler entre famille et carrière d'architecte à succès.

Et Hortensia : Noire, octogénaire caractérielle, gourou du design dont les oeuvres sont adulées jusqu'au Danemark et qui vient de découvrir que son défunt mari avait eu une fille hors mariage.

Le décor : une banlieue chic du Cap pleine de vieilles Blanches riches, effrayées et racistes.

Ces deux là ne s'entendent pas, Hortensia ne cessant de reprocher à Marion son racisme dont elle ne se rend pas compte.

Jusqu'au jour où la grue d'Hortensia tombe chez et sur Marion, détruisant une partie de sa maison. Les deux femmes sont amenées à cohabiter, nous révélant un peu de leur passé.

J'ai aimé découvrir la vie d'Hortensia, enfant de la Barbade arrivée en Angleterre à la faveur d'une bourse d'étude, qui deviendra une grande designeuse reconnue, mais dont le mariage a été un échec.

J'ai aimé Marion qui a su mener de front une famille de 4 enfants et une carrière d'architecte, bien gagner sa vie avant que son mari ne fasse des dettes avant de mourir, et ses enfants s'éloigner. Son enfance de fille d'immigrés d'elle ne sait même pas quel pays d'Europe, Juifs et respectant à la lettre l'apartheid.

J'ai en revanche eu plus de mal avec le style parfois haché (pas toujours), des phrases ou des paragraphes qui se finissent abruptement.

J'ai aimé cette banlieue blanche d'Afrique du Sud qui peine à se tourner sur son passé, et qui garde des réflexes de l'ancien temps.

Deux femmes que tout oppose mais qui sauront faire des compromis pour avancer.

L'image que je retiendrai :

Celle des oiseaux constamment présents dans les créations d'Hortensia.
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Dans une Afrique du Sud postapartheid, voici l'histoire de deux voisines, deux femmes de caractère, âgées de 80 ans et qui ont par le passé mené de belles carrières professionnelles. Hortensia, qui est noire, était designer textile, et Marion, qui est blanche, était architecte.
Elles vivent côte à côte depuis 20 ans dans une banlieue plutôt aisée du Cap.
Les dissensions entre elles sont profondes, rien ne les rassemble, elles s'évitent soigneusement.
Veuves depuis peu l'une comme l'autre, un stupide accident va les obliger à se rapprocher.

Avec un titre pareil on pourrait craindre une banale histoire de conflits de voisinage avec une succession de coup bas de part et d'autre.
Mais ce roman est bien plus délicat, bien plus profond qu'il n'y parait car Hortensia et Marion ne sont pas que deux vieilles grincheuses, ce sont deux femmes, deux femmes qui connaissent des problèmes personnels, amplifiés par leur âge avancé, deux femmes contraintes de faire face à des circonstances indépendantes de leur volonté, ce sont deux vies qui quand les masques de la perfection tombent, ressemblent à un champ de bataille.

Avec cette lecture, je me me suis rendu compte que je n'avais jamais lu (ou alors j'ai oublié) de roman se passant en Afrique du Sud, j'ai découvert une auteure talentueuse et j'ai eu confirmation que j'adore le papier des livres de chez Zoé Éditions (bé oui c'est important aussi).
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Ce livre nous plonge en Afrique du Sud, dans les années 90. L'apartheid est aboli mais difficile de changer les mentalités des mamies de 80 ans... C'est donc avec beaucoup de méfiance que Marion cotoie sa voisine Hortensia, designer noire récemment veuve.
On découvre peu à peu l'histoire de ces femmes si différentes mais qui vont finir par se tolérer voire s'apprécier. Chacune avec ses combats et ses sacrifices pour arriver là où elles en sont aujourd'hui. Une belle lecture divertissante mais qui distille quelques réalités de l'Afrique du Sud.
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Hortensia et Marion ont de multiples points communs.
Elles sont toutes deux octogénaires, et socialement privilégiées.
Elles ont mené de brillantes carrières, l'une en tant que "gourou" du design, l'autre comme architecte, luttant pour s'imposer dans des univers majoritairement masculins.
Veuves, elles vivent seules : Hortensia a récemment perdu son mari, malade depuis longtemps. Contrairement à Hortensia, Marion a des enfants, mais seule une de ses filles, qu'elle ne voit que rarement, lui adresse encore la parole.
Le décès de leurs conjoints respectifs a été pour chacune source d'une puissante déconvenue : Marion est criblée de dettes, et Hortensia est censée contacter la fille illégitime de son défunt époux, dont elle ignorait l'existence, pour lui permettre d'hériter...
Elles habitent depuis plusieurs années le même quartier aisé du Cap. Elles sont d'ailleurs voisines, l'une occupant le n° 10, l'autre le n° 12, d'une rue de Katterijn.

Pourtant, un abyme les sépare. Hortensia est noire. Marion est blanche. Et raciste. D'un racisme qu'on aimerait à peine crédible chez une femme a priori intelligente, cultivée, menant une vie confortable et sécurisée. Un racisme dont les manifestations -l'interdiction pour ses enfants, lorsqu'ils étaient petits, de jouer avec des noirs ou de se laisser toucher par eux, le refus de mélanger son linge avec celle de son employée de maison, son sentiment de supériorité, sa conviction que tous les noirs sont de dangereux fauteurs de troubles- laissent pantois... Toujours est-il qu'en constatant qu'une femme noire, non seulement emménageait dans un quartier jusqu'alors exclusivement blanc, mais qu'en plus elle allait occuper la maison qu'ayant conçue au début de sa carrière, Marion tentait en vain depuis des années d'acquérir, le sentiment qu'une insulte lui était faite a exhaussé sa haine et sa frustration.

D'autant plus qu'Hortensia ne suscite guère la sympathie. C'est une femme frontale, qui ne s'embarrasse d'aucune courtoisie ni d'aucun faux-semblant, une "Tatie Danielle" irascible, sèche, décourageant toutes les tentatives de gentillesse maladroite ou de flagornerie. Cette froideur agressive s'est installée en elle peu à peu, avec la désillusion provoquée par son mariage et les promesses qu'il n'a pas tenues, puis avec l'intense ressentiment qu'a fait naître la découverte de l'infidélité de son époux, dont ils ont tous deux gardé le secret. Rongée par la colère, Hortensia a cessé de voir le côté positif de la vie, a plongé dans un état de haine devenu normalité, faisant payer au monde entier les causes de son désenchantement. Elle mesure, à l'approche de la mort, les terribles conséquences de cette attitude, consciente qu'elle n'aura aucun proche pour l'accompagner dans ses derniers moments, personne pour témoigner, le jour où elle disparaîtra, de qui elle fût vraiment...

A la suite d'un concours de circonstances, Hortensia héberge Marion, dont la maison est temporairement inhabitable.

La cohabitation est difficile, les rapports restent venimeux, empreints d'une franche hostilité. Marion, qui prend laborieusement mais honteusement conscience de l'inique monstruosité de ses préjugés, cherche un pardon que lui refuse l'intransigeante mais clairvoyante Hortensia. La contrition de sa voisine est en effet à l'image des efforts risibles de la société sud-africaine post-94 pour gérer la phase de réparation dans laquelle est entré le pays. Poignées de mains inter-raciales et gentils slogans fleurissent, occultent le véritable et embarrassant enjeu -une sincère reconnaissance des dommages infligés à la population noire-, remplacent les actions concrètes et réellement équitables qu'il faudrait mener si l'unité était le véritable objectif. En observatrice profondément curieuse des mécanismes qui régissent les rapports entre noirs et blancs dans ce pays dont elle n'est pas originaire (nigériane, elle a longtemps vécu à Londres), elle met ses interlocuteurs, avec sa franchise et sa lucidité, face aux limites de leur bonne conscience et de leur tolérance.

"La voisine" nous fait alternativement suivre les pensées de ces deux héroïnes en proie aux inquiétudes et aux remises en question qu'amènent la vieillesse et la solitude, mais aussi leur confrontation. L'humour grinçant, l'implacable ironie parfois mêlée d'amertume que l'autrice instille à son récit confèrent de la vivacité à son écriture par ailleurs classique et efficace.

Un récit féroce, mais aussi touchant, sur les chemins qui mènent à l'autre, et que nos erreurs, nos aveuglements, nos défaites, rendent parfois si difficiles à emprunter...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un très bon roman sur l'Afrique du Sud contemporaine et les relations entre les Blancs et les Noirs, très marquées par des décennies d'Apartheid à travers le portrait de deux femmes qui se détestent mais qui vont devoir apprendre à se connaître, partager des moments ensemble et, peut-être, mettre à terre leurs préjugés…
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Afrique du Sud, années 2010. Deux voisines octogénaires, l'une blanche, l'autre noire, se détestent cordialement.
Les aléas de la vie (veuvage, testaments, revendications post-apartheid, accidents) vont peu à peu les rapprocher. Par petites touches, l'auteure nous fait découvrir leurs passés respectifs.
Lecture fluide, intimiste, qui nous plonge dans ce pays où la fin de l'apartheid n'a pas tout résolu, loin de là.
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L'Afrique du Sud contemporaine vue à travers deux femmes, une noire, Hortensia, et une blanche, Marion, qui habitent des maisons voisines dans un quartier blanc de la ville du Cap ; Peter, le mari d'Hortensia décédé il y a peu, était blanc. Ils s'étaient rencontrés en Angleterre où Hortensia faisait des études de Design ; ils n'ont pas eu d'enfants, Hortensia a fait une belle carrière de designer et a vécu quelques années au Nigéria avec son mari (comme l'auteur).
Marion, architecte, 4 enfants, avait il y a longtemps fait construire la maison du 10 Katterijn Avenue où est venue habiter Hortensia ; et Marion aurait tellement voulu récupérer SA maison !

Elles n'ont jamais été amies et ont toujours eu le plus grand mal à se supporter ; devenues veuves et octogénaires, c'est pire que tout !
Il faut dire qu'Hortensia est assez méchante, on comprendra en lisant son histoire comment elle est devenue aigrie et mauvaise, avec une certaine dose de culpabilité en plus. Quant à Marion, après avoir été "raciste" une bonne partie de sa vie, elle ne sait visiblement plus du tout comment agir avec les Noirs, qui pour elle, sont des domestiques...

Quand des circonstances indépendantes de leur volonté et différentes désillusions les amènent à vivre ensemble, c'est bien sûr très difficile ; Marion est très mal à l'aise et Hortensia fait tout pour la déstabiliser. Comment les choses évolueront-elles entre ces deux femmes qui représentent chacune une partie des sud-africains ?

C'est passionnant et drôle ! Il y a du suspens, de la tension, de l'émotion et pas mal d'humour !
C'est un livre qu'on ne lâche pas une fois qu'on a fourré son nez dedans : rapports entre les deux ennemies jurées, Histoire de l'Afrique du Sud vue à travers l'existence des deux femmes, affaires de couples... Un récit riche et tout en subtilité, une belle réussite.

Extrait (p 197) : " L'épouvantable caractère d'Hortensia lui faisait pincer la bouche selon une ligne droite, froncer les sourcils, serrer les dents et rendait ses yeux acérés. Elle devint experte pour couper l'herbe sous le pied des gens, sans couteau, rien qu'avec des mots. La colère l'habitait en permanence et bien qu'au début elle s'en fût avisée (inquiète de sa présence), cet état devint lentement la normalité. elle se mit à avoir des maux de tête..."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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