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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un roman troublant qui commence de façon un peu insipide et qui se révèle au cours des pages être un petit bijou !

Afrique du Sud, sur fond de racisme, deux vieilles dames, voisines, une blanche une noire, animées chacune par une animosité marquée envers l'autre, vont cohabiter suite à un accident et peu à peu sortir de leur duo infernal.

Ce sont des femmes usées, désabusées, leurs rêves sont enfouis sous les aigreurs des désillusions. Elles ne sont pas de gentilles petites vieilles, elles savent encore ou plus que jamais ,mordre, Hortensia étant particulièrement efficace .

La vieillesse, il n'est pas facile d'en parler. Ici elle est racontée très finement, les difficultés physiques autant que psychiques ne sont pas minorées et l'autrice ne "gagatise" pas ces dames, elle leur laisse toute la place pour montrer leur personnalité.

C'est un très beau roman, subtil, fin qui offre deux très beaux portraits de femmes.
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Nous sommes avec ce roman (qui m'a permis de retrouver les excellentes éditions Zoé) en Afrique du Sud, mais n'imaginez pas la misère des townships, car les deux femmes âgées qui sont au centre du roman habitent un quartier assez aisé. L'une était architecte, mais elle est ruinée par l'inconséquence de son mari, l'autre était une designer renommée. L'une a des enfants, mais les voit très peu, l'autre non. Hortensia possède un sacré caractère et ne se rend aux réunions de quartier que pour relever vigoureusement tout ce qui peut ressembler à une atteinte raciste, notamment venant de Marion, sa voisine. Il n'est pas faux que Marion a quelques préjugés, qu'elle tente vaillamment de combattre… Mais lorsque votre voisine, la seule noire du quartier, acariâtre et sèche, n'inspire pas la sympathie, ce n'est pas des plus faciles. Même lorsque les événements les rapprochent plus encore qu'elles ne le souhaiteraient.

Ce roman qui pourrait sembler narrer une histoire des plus simples, ne cède pas à la facilité, et suggère le dépaysement tout en imaginant une histoire universelle. La jeune auteure réussit déjà à se mettre à la place de femmes qui ont vécu une vie bien remplie, et qui n'espèrent que la tranquillité. Ensuite, elle y ajoute l'ingrédient des parti pris racistes, et elle décrit très bien cet environnement des banlieues chics de Cape Town. L'écriture vive et pleine d'humour et de tendresse pour les personnages m'a paru parfaitement adaptée. J'ai passé un bon moment entre les pages de ce livre, la meilleure fiction que j'ai lue dans les dernières semaines.
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l y avait pour ce livre tant de tentatrices ‚que je savais que je le lirai, heureusement que je n'avais pas dit quand ! Aifelle en novembre 2019, Athalie en octobre 2019, et Kathel en juin 2020. À chaque fois, je me disais que ce roman était pour moi, je confirme totalement cette impression. Merci à vous de m'avoir guidée vers ce roman.

Dans un quartier chic du Cap, deux femmes vieillissent, rien ne les unit, si ce n'est une haine farouche. Toutes les deux deviennent veuves au début du roman. Marion, la femme blanche architecte était mariée à un certain Marc, elle découvre que celui-ci ne lui a laissé que des dettes . La vente d'un tableau acquis il y a bien longtemps pourrait la tirer d'affaire, il s'agit d'un tableau de Pierneef peintre qui a une belle côte.Seulement voilà , Hortensia a entrepris des travaux et une grue s'est abattue sur sa maison et le tableau a disparu. Ne croyez surtout pas que cette anecdote soit très importante. En fait ce qui est important c'est pourquoi ces deux femmes sont arrivées à se haïr avec une telle force : Hortensia, sait mieux que quiconque déceler le racisme ordinaire qui dicte la conduite de Marion. Celle-ci a déjà perdu le contact avec ses enfants à cause de ses comportements humiliants pour leur employée Agnes. Hortensia n'a plus d'illusion sur l'humanité, et elle sait très bien débusquer toutes les petitesses de chacun même si elle est souvent méchante, elle est aussi très drôle et j'ai beaucoup appréciée quand elle bouscule le côté dame patronnesse de Marion. C'est une femme qui a très bien réussi dans le design et qui au contraire de Marion , n'a aucun soucis d'argent. Son mari Peter meurt et laisse une clause très étrange dans son testament. Il demande à Hortensia de prendre contact avec Emée une jeune femme de 40 ans qui est sa fille légitime. Il manque un élément pour que le décor soit planté. La maison dans laquelle habite Hortensia a été conçue par Marion et celle-ci aurait voulu l'habiter. Les deux femmes vont être amenées à devoir se supporter. Il n'y aura pas de renversement de situation mais une sorte de paix des braves ! Au fil de l'histoire on en apprend beaucoup sur le racisme ordinaire en Grande-Bretagne, et les horreurs de l'Afrique du Sud . La façon dont l'auteure nous présente les deux personnalités est passionnante. Tout en se doutant de la suite, on laisse l'auteur nous emmener sur les chemins de deux femmes qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Il n'y a pas de « gentilles » mais des femmes qui ont connu une vie originale, la dureté d'Hortensia cache une grande intelligence et une sensibilité qui n'a jamais pu s'épanouir complètement . Marion est plus prévisible mais on la sent prête à abandonner quelques une de ces certitudes. Enfin !

Bref, je joins ma voix à celles qui ont avant moi découvert ce roman, c'est un roman qui m'a laissé une très forte impression et dont j'ai savouré toutes les pages.

Lien : https://luocine.fr/?p=12179
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Marion est architecte et a construit la maison du n°10 d'une résidence. Avec son mari, ils ont acheté le n° 12, l'autre étant occupée. A chaque revente, elle a toujours espéré que… Mais non, le sort s'acharne, impossible de déménager dans l'autre maison. « Avoir conçu la maison de quelqu'un d'autre comme si c'était la sienne propre, habiter juste à côté, mais jamais dedans, en devenir obsédée . Et maintenant, laisser une fois de plus échapper l'insaisissable trophée entre les mains d'une personne qui dessine des gribouillis et appelle ça design ». Mère de quatre enfants qui ne lui parlent plus ou peu sans faut, elle a dû arrêter et revendre ses parts du cabinet à la naissance difficile du quatrième. Son mari est mort les ayant ruinés.
Celle qui dessine des gribouillis, c'est Hortensia. Designer de renommée mondiale, spécialisée dans les tissus (vous comprenez mieux la « douce » ironie de Marion). Avant, elle et son mari habitaient en Afrique. Peter est blanc et elle, noire, couple mixte donc et sans enfants
Toutes deux octogénaires sont voisines. Elles habitent dans le quartier chic d'une banlieue du Cap. Jusque là, rien de plus normal, mais cela se corse.

Marion, souvenez-vous, nous sommes en Afrique du Sud, il fallait voir sa tête et sa réaction lorsqu'elle s'aperçoit que les derniers acquéreurs sont un couple mixte,  Ô sacrilège ! Une noire va vivre dans ce qu'elle considère SA maison. « En arrivant dans leur nouvelle maison, Hortensia s'était rendu compte qu'elle serait la seule propriétaire noire de Ekaterina. Elle avait éprouvé du dégoût envers son environnement, envers la haute bourgeoisie blanche bien protégée du voisinage et, pendant ses mélancoliques moments d'intimité, elle éprouvait aussi du dégoût envers elle-même. »
Débute une joute entre les deux femmes et je dois reconnaître que, côté mauvaise foi, Hortensia explose. Elle ne va aux réunions de quartier que pour contrecarrer toute velléités de racisme, surtout proférées par sa chère voisine Marion. OK, Marion, de par son éducation est un brin raciste, voir le bouquet entier, même en faisant de gros efforts ; l'histoire du papier toilette en est une belle image.
C'est dans une de ces réunions du comité que doit se débattre l'affaire de l'achat aux autochtones du terrain à vil prix, plutôt de l'expropriation déguisée, selon une loi inique. Depuis la fin de l'apartheid, des renégociations sont en cours même si une des propriétaires blanches sort « La vente s'est faite équitablement. Ils l'ont eue à un bon prix . Parfois ça arrive. ». Hortensia, normalement, du côté noir, a opposé un refus, temporaire il faut en convenir, à la demande d'Annamaria d'enterrer les urnes sous les arbres d'argent de son jardin. Beulah, la petite-fille « Vous… Les Blancs dites qu'il faut oublier et se tourner vers l'avenir. Mais…. On doit aussi se rétablir. Parfois on se tourne vers l'avenir et on reste malades, alors à quoi ça rime d'aller plus avant ? On doit aussi se rétablir. Ma grand-mère ne voulait pas oublier. J'ai toujours pensé que c'était dû au fait qu'oublier serait la même chose que se perdre, ne pas savoir où on est. »
Un jour, Hortensia décide de rénover la maison et d'y porter de grands changements extérieurs. La grue arrive et, mal calée, fonce dans le mur de la maison de Marion, ouvre une grosse brèche. Faut-il y voir un clin d'oeil au mur de Berlin ? Hortensia finit par offrir l'hospitalité à sa voisine, ce qui n'empêche pas les piques, les empoignades… Faut pas rêver.
La cohabitation entre les deux femmes peut être un résumé de l'après apartheid où chaque communauté, chaque race, se regarde, se jauge, se méfie, fait trois pas en avant et un en arrière. On ne change pas les mentalités du jour au lendemain.
Yewande Omotoso remonte dans le passé des deux femmes pour nous amener à appréhender leurs caractères bien trempés et mieux comprendre leurs réactions.
J'ai aimé les seconds couteaux que sont Agnes, bonne chez Marion et Bassey homme à tout faire, plus proche du collaborateur, chez Hortensia.
Un livre truculent, alerte, ironique, drôle qui, par ce jeu de rôles, permet de mieux comprendre les relations entre les blanc et les noirs en Afrique du Sud, forcés de partager l'espace public. Les Africains du sud doivent passer de la haine raciste ancestrale, le mépris à la tolérance, la cohabitation, l'acceptation de nouvelles relations.


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Hortensia et Marion vivent leur voisinage sur Katterijn Avenue, beau cartier du Cap, dans une profonde haine. Marion, fille d'immigrés juifs, architecte, mère de quatre enfants, a construit la maison située au numéro 10, mais vit au numéro 12. Hortensia, issue d'une famille de la Barbade, émigrée, décoratrice d'intérieur, sans enfant, seule propriétaire noire du quartier vit au numéro 10.
Quand le récit commence, Marion est veuve et bientôt désargentée, le mari d'Hortensia est sur le point de mourir enfermé dans le mutisme
Tout oppose ces deux femmes octogénaires, mais la vie et ses événements incontournables va les rapprocher
Les flashs-Back sur la vie de chaque protagoniste vont nous éclairer sur les raisons de la haine, mais aussi sur les souffrances de chacune
L'on découvre ici une Afrique du Sud post-apartheid où la ségregation et la discrimination sont toujours omniprésentes. La vie du quartier sera aussi bouleversée par des demandes de familles noires anciennement expulsées de ce quartier
Le sujet, grave, sans ambiguïté, est cependant écrit dans un style vif, insolent, savoureux
On y lit aussi la condition féminine, universelle et intemporelle au sujet de l'amour, la réussite sociale, le couple , la maternité, la famille....
une lecture plaisante, d'une belle écriture, dans les parfums du Cap, qui nous appelle à savoir réviser nos jugements
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L'histoire commence comme dans un livre de E.F. Benson, quand deux vieilles dames, voisines, se délectent de chaque petite occasion de s'affronter. Sauf qu'on est bien loin d'une « fantaisie » à l'anglaise comme on pourrait le croire dans les premières pages. Nos deux vieilles dames vivent dans une riche banlieue du Cap, l'une est blanche, l'autre noire, et on réalise très vite que leur mésentente est bien plus profonde que celle de deux voisines pas toujours d'accord. Elles se haïssent, se craignent, se repoussent y compris quand les aléas de la vie les réunissent sous le même toit. Hortensia et Marion, deux femmes malheureuses dont petit à petit Yewande Omotoso nous dévoile le passé. de très beaux passages sur les traces laissées chez chacun par l'Apartheid, sur le travail des femmes, sur le mariage. J'ai adoré détester ces deux femmes puis m'attacher à elles. Je vous encourage à découvrir ce roman souvent drôle, très intelligent. Traduction Christine Raguet
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