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Critique de Denis_76


Ma critique a du mal à venir, car Michel Onfray, philosophe qui a publié plus de 100 livres, s'est, sur le coup, engagé dans la politique.
Ce livre, "Autodafés", critique les polémistes qui "brûlent par les mots" ou assassinent verbalement les écrivains qui disent, selon lui, la vérité. Les vérités géopolitiques ne sont pas évidentes.
Il prend en exemple 6 livres d'écrivains plus ou moins connus : Simon Leys, Alexandre Soljenitsyne, Paul Yonnet, Samuel Huntington, Catherine Meyer et Sylvain Gouguenheim.
Son plan est simple et clair, pour chacun des six :
1) celui qui dit la vérité : il annonce le contenu du livre, qui est pour lui irréfutable ;
2) il sera exécuté : il passe en revue tous les médias et people qui contredisent le livre en question et descendent en flèche son auteur : torchon, contre-vérités, pas de preuves, auteur incompétent, destitution de chaire, refus de publication, j'en passe et des meilleurs : c'est l'inquisition, l'autodafé, tout juste s'il n'y a pas le bûcher !
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Que défendent ces 6 auteurs ?
1) Simon Leys sort en 1971 "Les habits neufs du président Mao." Il a vécu en Chine et parle bien le chinois. Sa thèse est la suivante : cette révolution n'est ni révolutionnaire, ni culturelle, ce n'est qu'un coup d'état pour ravir le pouvoir en faisant beaucoup de morts. Evidemment, il a toute "la fachosphère de gauche" ( terme d'Onfray) sur le dos, et il cite des noms d'écrivains et de journaux.
2) Alexandre Soljenitsyne publie en 1973 " L"Archipel du Goulag".
Le communisme de Lénine-Trotsky-Staline est-il le paradis encensé par le PCF ou l'enfer dénoncé par Soljenitsyne ?
3) En 1993, Paul Yonnet publie "Voyage au centre du malaise français". Il se pose la question : comment la France en est-elle arrivée là où elle en est, haineuse d'elle-même, jouissant d'une délectation morose à tout ce qui salit sa mémoire, célébrant tout ce qui détruit le peuple français, la nation, le pays, la civilisation, la culture, perdant sa souverainété avec Maastricht, accueillant à bras ouvert les migrants ? Evidemment, on n'est pas loin de la thèse de la submersion migratoire.
Naturellement, comme les cinq autres, Paul Yonnet est accusé de racisme, et de fascisme.
4) Samuel Huntington, avec "Le choc des civilisations" en 1996, ne dit pas que maintenant que l'URSS s'est écroulée, la guerre froide est terminée ; il écrit qu'une autre guerre se ré-installe, une guerre de religions entre l'Occident chrétien et l'islam : les guerres de Bosnie, Chypre, Arménie, Tchéchène, Palestine, Soudan, Philippines, Indonésie sont des guerres de religion.
Il dénonce en Occident, la perte des valeurs. La question est : l'Occident peut-il se renouveler ? Là, on sent le rapprochement avec "Soumission" de Houellebecq. Huntington aussi est assassiné verbalement par "la fachosphère de gauche", bien pensante.
5) Catherine Meyer dirige un collectif qui sort en 2005 "Le livre noir de la psychanalyse". Pour elle, la psychanalyse est un bobard, une pompe à fric ; Onfray le pense aussi, qui a sorti un livre contre Freud.
L'inquisition littéraire fuse, là aussi.
J'aime bien Sigmund Freud, ses concepts, même si j'avoue que, comme disent Catherine Meyer et Michel Onfray, les traitements sont inefficaces, et servent à soutirer de l'argent au patient. Cependant, la découverte des trois instances me parait fondamentale, ainsi que l'interprétation des rêves ( ça se rapproche du spiritisme, que je pense qu'il faut connaître, mais surtout ne pas abuser).
6) Sylvain Gouguenheim, en 2008, publie "Aristote au Mont Saint-Michel".
Evidemment, Onfray, Normand comme moi, est fier que ça se passe en Normandie, bien que les Bretons ( que j'adore), disent que le Mont leur appartient :)
La thèse est la suivante : non ! les Musulmans n'ont pas importé les Ecritures en occident, ce sont des Arabes chrétiens, qui avec Jacques de Venise, ont ramené ces Ecritures écrites en grec, au Mont-Saint-Michel où ce moine a passé plusieurs années à les traduire au XIIè siècle. Donc, non, on ne doit rien aux Musulmans.
D'où, encore une fois, haro sur l'écrivain !... etc...
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Ce livre, avec quelques flous mais bien écrit et facile à lire, m'a laissé un goût amer : j'aime les petits livres d'Onfray sur Nietzsche ou les Indiens de Guyane, mais là, le philosophe aventurier se transforme en philosophe politique, domaine où je m'interroge encore : devons-nous être fiers d'être français, ou devons-nous accueillir toute la misère du monde ?
Michel Onfray, lui, a choisi son camp :)

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