Le pays de l'absence, le pays d'où l'on ne revient pas, voilà les mots que je mettrais en sous titre du livre auto biographique de
Christine Orban car sont mis en parralèle dans son récit, la maladie dégénérative de sa mère qui fuit dans des limbes inconnues et le rendez vous manqué d'une relation qui n'a jamais été.
Il y a celle qui ramasse et recueille un petit animal dans la rue qui s'avère être un singe en peluche,celle qui a peur, perd la tête,redevient enfant, celle qui perd ses repères,sourit, regarde à côté,celle qui est dépassée, à côté de ses pompes, qui est à la fois ici et ailleurs dans le présent.
Il y a celle que l'on pressent à travers les yeux de sa fille, qui ne pensait rien d'elle,qui n'a pas engendré de souvenirs heureux,celle qui s'est mise en retrait lors de son mariage,celle qui n'acceptait pas son age et à cinquante ans avait peur de ne plus plaire mais qui a été vieille avant l'âge, celle qui ne connaissait pas la valeur des choses et envoyait à terre un vase Lalique, celle dont le regard ne voyait rien mais pourtant voyait tout, celle du passé qui rejoint le présent pour être loin d'ici et ailleurs à la fois.
En fait, "Le pays de l'absence" est une longue lettre de désamour à l'absente pleine de reproches concernant son côté futile,difficile,narcissique, en retrait, mal aimante, une mère qui lui transmettait ses trouilles au lieu de la pousser, mais aussi pleine d'excuses. N'était elle pas trop jeune pour avoir un enfant? Et cette souffrance au fil des années?Et ce corps abimé,cette crevasse noire à la place d'un sein,ce bras amaigri par la paralysie?
Elle voudrait tant
Christine Orban, enrayer la colère, gommer les humiliations et la manipulation. Elle joue les infirmières, les mères Noël à Paris, si ce n'est au Maroc. Elle voudrait bien, mais...
Un livre vrai, honnête, émouvant qui interroge sans jamais tomber dans la sensiblerie.