Comme vous l’avez compris, les langues ne sont pas figées, jamais sculptées dans le marbre pour l’éternité. Enfin, jusqu’à leur extinction. Ce sont de grosses bêtes très souples, très diverses mais surtout très vivantes, aussi généreuses que dévoreuses. Elles n’arrêtent pas de prêter et d’emprunter. Le latin nous en donne un bon exemple. Dès 120 avant Jésus-Christ, les Romains font du sud de la Gaule une de leurs provinces (une provincia, qui va devenir la Provence) ; entre 50 et 51, toujours avant Jésus-Christ, Jules César conquiert le reste du pays, avec Lugdunum (Lyon) pour capitale. A-t-il imposé le latin ? Pas du tout. Ces envahisseurs n’étaient pas fous. Sans attaquer ni interdire la langue gauloise, ils se contentèrent de rendre le latin désirable : c’était du dernier chic, et très commode, vraiment épatant, de parler latin.
Avec sagesse, Indigo avait expliqué que, sans élection, plus de démocratie. La dictature s’installait. Et nul n’est plus ennemi des mots, de la diversité et de la liberté des mots qu’une dictature !
Qu’est-ce qu’une gare où ne sont plus annoncés nulle part l’horaire des trains et la voie d’où ils partent ? Car les mots écrits seraient sûrement ravis de se joindre au mouvement. Certains rêvaient de les voir même quitter les dictionnaires : que resterait-il de la langue française ?