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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La solitude, la fragilité et l'obsession règnent en maître dans ce livre.
Surtout, ils caractérisent Lynn, la femme de chambre dont le lecteur est invité à suivre une tranche de vie.

D'entrée, nous sommes plongés dans une atmosphère étrange où flotte un certain malaise. On apprend que Lynn sort d'un long séjour en hôpital. Très vite, on comprend qu'il devait s'agir d'une hospitalisation en psychiatrie sans pour autant en être sûr.
Le doute commence à planer autour de cette femme de chambre et il va perdurer jusqu'à la fin du livre.
Elle fuit son domicile, ne souhaite pas retourner chez elle. Pour éviter de se retrouver seule avec ses démons, elle se réfugie dans son travail.
Mais sa vie prend une tournure particulière. Elle installe des rituels hebdomadaires, les semaines s'enchaînent et se ressemble. A chaque jour, une activité. Tout est planifié.
La propreté est une obsession. Elle chasse la moindre poussière ou tache.

Mais ces rituels qu'elle a mis en place pour se rassurer ne lui suffisent plus.

A l'hôtel, à partir des affaires personnelles des clients, elle s'imagine leur vie. Jusqu'à franchir une limite.
Enfiler le pyjama d'un client, se glisser sous un lit le soir et y rester une nuit entière pour s'échapper au petit matin.
Cet acte de folie devient un nouveau rituel.

Elle rencontre alors Chiara, une fille qui vend ses services. Une relation s'installe entre elles. Chiara lui offrira quelques instants de tendresse. Mais Lynn vivra une nouvelle déception dans sa vie.

Et le livre se referme chez la mère de Lynn, dans sa maison d'enfance. Avec un retour à ses rituels d'enfant... Une clé qui nous permet, à nous lecteur, de légèrement dissiper la brume qui planait tout au long de ce roman, sans pour autant la lever totalement.

Une lecture particulière mais touchante et qui invite à la réflexion.
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Femme de chambre', ou l'éloge de la solitude.
Pour échapper à son appartement vide, après un long séjour en hôpital psychiatrique, Lynn accepte un petit boulot de femme de chambre. Elle va exceller dans son travail : elle nettoie même les dessous de lit. Il faut aussi dire qu'elle y dort parfois, en-dessous du lit – enfin, seulement le mercredi soir !
La saleté n'a qu'à bien se tenir ! En manque de relations, elle rencontre même une prostituée.
Lynn n'est pas traumatisée par sa situation, mais le lecteur l'est, par cette description minutieuse du rien. A faire froid dans le dos.
A lire quand vous avez le moral – même si vous le perdrez ensuite.
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On commence les premières phrases de ce livre et on comprend très vite qu'il ne faut pas faire de bruit, y aller doucement, sur la pointe des pieds. Car Lynn est de ces êtres fragiles. Elle sort d'ailleurs de six mois enfermée à l'hôpital. On ne sait pas vraiment ce qui la conduit là, mais « elle sait comme il est important d'avoir une tâche à effectuer, elle sait qu'elle court le danger de rechuter si elle ne fait rien, si elle se contente de tourner en rond ». Alors très vite elle trouve un emploi de femme de chambre dans un grand hôtel. Là, elle va pouvoir être continuellement occupée à traquer la moindre poussière, à frotter les vitres, refaire les lits, quitte même à faire des heures supplémentaires que personne ne lui demande, mais juste pour être occupé…

Et c'est là qu'elle commence, un peu par hasard, à se coucher sous le lit de la chambre 303. Et qu'elle commence à vivre une vie par procuration, au fur et à mesure des nouveaux clients passant par cette chambre. Jusqu'à ce qu'un jour, un client de l'hôtel fasse monter une prostituée, Chiara. Elle ne connait que sa voix, mais elle sent qu'elle doit la rencontrer. Peut-être est-ce grâce à cette femme qu'elle pourra enfin arrêter de vivre par procuration ? Commencer sa vie à elle ? Même si elle ne sait pas encore trop ce que cela voudrait dire…
(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/fem..
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Les jours secrètement fiévreux d'une jeune femme fragile. Troublant. Et même, délicieusement dérangeant ce roman d'un jeune auteur allemand.
D'emblée, l'écriture exige le silence, impose une lecture qui serait recueillement. A pas de loup, on pénètre dans un univers où couve le feu, où tremble la raison. Subjugué par les pas hésitants de l'héroïne, Lynn, une toute jeune femme, on avance dans son histoire, tout à la fois spectateur attendri ou voyeur malmené, voleur de ses gestes, de ses pensées, de ses hésitations, de son mutisme, de sa folle obstination à s'inventer une destinée.
Lynn, après des mois passés en isolement et rééducation dans une clinique, s'en revient dans le monde des vivants, de la norme, expérimente une liberté qui lui fait peur – se lever, traverser la ville, rejoindre l'hôtel qui l'emploie, travailler sans un mot, nettoyer sans relâche, faire de la propreté son salut, se donner au labeur comme on se laverait du péché, et retour le soir, dans une solitude complexe, sauvage et rédemptrice.
Sur ses blessures, son passé – une mère tenue à distance de toute tendresse, un père mystérieusement absent –, Markus Orths reste pudique, à peine s'il donne quelques pistes. Comme s'il lui fallait bannir tout imaginaire, se tenir au plus près des tourments de son héroïne, jour après jour, déception après déception, désir après désir, l'écrivain s'en tient à une tranche de vie, tient ce qui pourrait être le journal d'une femme de chambre peu ordinaire – quoique –, et ne réalise qu'une pure fiction, une histoire d'amour mort-née, récit d'un gâchis, d'un écoeurement existentiel.
Les nuits pour Lynn sont « neutres ». Elles ne sont ni menace ni soulagement. Elles l'avalent et la recrachent le matin. Elle se réfugie dans le travail, s'y cache, s'y oublie, marque ses jours de choses anodines pour leur donner existence, consistance, se crée des repères comme pour se raccrocher au monde, jeter les heures vides. Elle chasse la moindre poussière, la moindre souillure réelle ou imaginée, passe au crible chaque chambre de l'hôtel, s'insinue dans chaque vie qui y séjourne. A l'affût des histoires des autres pour s'en inventer une, elle se crée des rites, cumule les gestes obsessionnels, récure, purifie, change la saleté en néant, la propreté en bonté, ose des interdits, se glisse tous les mardis sous le lit de la chambre 304, observe les souffles, devine les comportements des individus de passage, un mardi, une femme discrète, un autre mardi un homme infidèle qui se paye du plaisir avec Chiara, une belle de nuit. Chiara, une fille corps et âme en liberté, la seule qui saura offrir à Lynn quelques caresses...
«Je voudrais qu'une seule fois quelqu'un soit couché sous mon lit, je voudrais qu'un jour seulement quelqu'un écoute ma vie », songe Lynn, submergée d'espérance. Comme Rimbaud qui coloriait les voyelles, Lynn, dans un ultime désir d'être, invente pour chaque jour de la semaine, une couleur : «Dimanche bleu pâle, lundi blanc sale, mardi coquille d'oeuf, mercredi gris brun, jeudi bleu cobalt, vendredi rouge vif, samedi noir velours. » Samedi, le jour de l'amour... Femme de chambre ou le roman fiévreux, sensuel, fulgurant de la rage de vivre.
Critique,Telerama avril 2009
J'ajouterai que la fin de ce court roman m'a laissée pantoise et pleine d'espérance pour Lynn..... Beau message d'espoir.
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