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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je cale.
Cela m'arrive rarement, mais ici, oui, je cale.
Car c'est très difficile de raconter l'expérience que je viens de vivre avec ce livre, tout à fait étrangère à mes habitudes, à mon style de vie, à mon caractère.

Il s'agit d'un très long monologue intérieur, raconté par un narrateur d'une cinquantaine d'années, seul, sans famille, sans passé ; pour lui, l'enfance est un territoire lointain auprès duquel il ne revient jamais, comme l'embryon de la vie d'adulte, la vraie vie. Mais est-ce la vraie vie, celle qu'il mène ? Sans attaches, ayant connu des femmes, les ayant quittées, sans ami véritable, sans lieu auquel tenir ? Brrrr....Il me donne vraiment froid dans le dos, cet homme.
Il a bien un projet de vacances, comme chaque année depuis 3 ans, avec des amis, je vous dis, pas du tout intimes, et qu'il rencontre quelques fois pour préparer les dites vacances.
Il a bien une copine à la dérive qui le relance de temps en temps pour s'apitoyer sur elle-même.
Il a bien des collègues de travail dont il ne connait rien.
Il a bien une connaissance avec qui il a couché 4 ou 5 fois, et qui le relance aussi, mais pas pour vivre avec lui...et la raison, je ne vous la donnerai pas.
Il déménage. Son nouvel appartement pose un problème, encaqué qu'il est entre la Seine et la voie rapide, dans une espèce de quartier qui semble – je le cite – un chaos.
Déprimant, n'est-ce pas ?

Et puis ses « amis » avec qui il doit partir en vacances vont chacun avoir quelque chose dans leur vie qui les entraine vers autre chose : séparation, maladie, mort. Que faire avec ces évènements capitaux ? Comment les appréhender ? Comment réagir face aux protagonistes, tout en se rendant compte qu'on est soi-même embarqué?

Et bien, pour tout vous dire, j'ai beaucoup aimé ! Ce roman appartient à ce qu'on appelle « le Nouveau Roman », écrit d'une autre façon, sans aucune commune mesure avec le style habituel. Les phrases ont un vocabulaire choisi, c'est le moins qu'on puisse dire. Tout est pesé. Courtes ou longues, elles s'enchaînent pour décrire précisément la pensée. Et le narrateur, s'il se pose des questions, a une méfiance instinctive pour ce qui est profond. Peur, dirait-on. Donc les gestes ont beaucoup d'importance. Ou plutôt l'amorce de gestes. Les regards. Les (demi)-sourires. Les lieux ont énormément d'importance, ils paraissent être là pour remplir le vide de la personne.

On reste donc à la surface des choses, mais cette surface-même nous appelle à la creuser.
Et l'humour n'est pas loin de cet étrange état.

Christian Oster, je compte le découvrir davantage.
Car sa manière de décrire la personne et le monde qui l'entoure me plait.
Décalée.
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Voici un groupe d'amis qui a pris l'habitude de partir en vacances ensemble. Enfin l'habitude s'est installée depuis trois ans en ce qui concerne le narrateur (nous apprendrons bien tard qu'il se prénomme Jean). Il apprend qu'il va avoir un enfant d'une femme qu'il n'aime pas.
Ils ont autour de la cinquantaine, un peu plus pour William peut-être, un veuf un peu enrobé et de santé fragile qui habite devant un hôpital. Il y a aussi un couple, Paul et Louise, qui se prépare à se séparer mais veut tout de même partir en vacances ensemble. Lui est médecin et elle restaure des meubles, mais son métier ne lui plaît pas. Enfin, il y a Georges qui vient d'être quitté par Christine, mais qui tombe rapidement amoureux d'une autre femme d'une beauté sculpturale.

Et puis surtout, il y a la ville, Paris. Ses bords de Seine. Ses voies rapides. Ses petits cafés. Ses restaurants. Parce que l'on peut dire que cette ville est un autre personnage de ce roman : ses rues sont nommées, décrites.
Et bien que Paris soit une grande ville, on a l'impression que les personnages évoluent dans un huis clos.

Pendant toute la lecture, j'ai eu l'impression d'être une petite souris et d'écouter le narrateur suivre ses pensées. Son cheminement est chaotique. On passe allégrement, par exemple, d'un lien qu'il veut tisser avec la future mère à une bouteille qu'il propose de lui rapporter lors d'une prochaine rencontre. Mais là réside tout le savoir faire de Christian Oster : l'humour pointe toujours son nez dans des réflexions qui peuvent paraître sévères.
Et puis, il échafaude des plans, il envisage de partir à droite et au dernier moment prend la voie de gauche.
Bref, il nous promène et on se laisse faire parce qu'on aime ça. Il nous promène dans ce petit groupe de personnes vieillissant et l'on y apprend que la vie n'est pas finie et qu'elle réserve encore des surprises.

Encore un bon roman de Christian Oster que je vous invite à découvrir. Chez cet auteur, l'humour se révèle bien particulier. Ecoutez par exemple, l'étrange histoire de la botte en caoutchouc basse de l'oncle de Brive...
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Ils sont cinq. Cinq amis, qui doivent théoriquement partir en vacances. Si tout va bien.
Il y a Jean, le narrateur, William, le corpulent, Georges, qui vit seul, et Paul et Louise, chez qui ils se retrouvent de temps en temps pour parler de leurs vacances.
Ils ont peu de vie sociale, en dehors des soirées passées à préparer leur voyage.

« Louise a proposé que nous refassions un point sur les vacances, à partir des nouvelles données qu’elle nous avait fournies avec Paul, et que nous nous retrouvions chez eux à une date rapprochée pour choisir une maison devant leur ordinateur. Vendredi soir ? a suggéré Georges. On était mercredi. Or personne n’avait rien de mieux à faire ce vendredi soir, et j’ai noté une fois de plus que nous étions tous disponibles, peu sollicités par nos autres semblables, que nous sollicitions peu, également, ou que nous nous étions mis depuis longtemps en position d’éviter. »

Rien n’est simple entre eux : Georges vient de se séparer de Christine, William a une alerte médicale, Jean visite un appartement avenue de Versailles et héberge une certaine Agnès qui vient d’être quittée par un certain Louis-Philippe. Paul, le médecin, annonce subitement qu’il va quitter Louise. Et on découvre que William, qui est à l’hôpital, a un fils qui s’appelle Bastien et que personne ne connaît.

Tous ces personnages se confrontent à la vie de tous les jours.
Pour les fans de Christian Oster dont je suis, on retrouve ici les thèmes de prédilection qu’on lui connaît. Il s’interroge : qu’est-ce que l’amitié ? qu’est-ce qu’on partage, entre amis ? et qu’est-ce qu’on ne partage pas ?
Il nous parle aussi du silence, des glissements, de l’intime ou du temps.
Et de Paris aussi, des rues de Paris, de l’avenue de Versailles, de la vue sur la statue de la liberté.
Contrairement à Sur la dune, les personnages ne bougent pas de Paris, et se concentrent même sur l’avenue de Versailles et ses environs où Jean s’approprie le quartier. Avec des questions métaphysiques sur la fascination que peut susciter le passage des voitures sur la voie rapide.

Comme les personnages du film "Lost in translation" les personnages de En ville sont en transit, non pas entre deux avions, mais entre deux relations amoureuses. Eux aussi sont flous sur la photo, ne savent très bien où ils en sont. La question de l’identité, toujours.

Avec une pointe d’amertume et de mélancolie, maniant toujours la langue avec beaucoup d’à propos, en utilisant souvent une forme de style indirect libre pour retranscrire les pensées de son narrateur, Christian Oster réussit un portrait très réussi de la vie d’aujourd’hui. Un peu plus triste que d’habitude, plutôt désabusé, mais avec beaucoup d’acuité sur la société contemporaine et urbaine.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Comme d'habitude l'écriture de Christian Oster me réjouit.
C'est dans les réflexions des personnages, dans leurs doutes devant les chemins à prendre que tout se joue. L'écriture de ce qui ne se dit pas, les chemins sinueux des pensées et la précision du ressentit sont ce qui m'attache à ces livres.
Celui-ci est peut être plus mélancolique que les autres.
C'est la réunion d'un groupe qui a pour habitude de partir en vacances ensemble, sans véritablement se fréquenter en dehors de ce moment de l'année, et dont les couples se délitent.
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Roman sur les relations humaines et la difficulté de nous comprendre, avec nous même et avec les autres.
Le narrateur doit partir en vacances avec des amis, bien qu'ils n'en soient pas à leur coup d'essai ils ne se connaissent que superficiellement et leurs rencontres sont remplies de non-dits, de malaises, une tension est palpable, cependant ils persistent dans leur projet malgré de multiples changements individuels et relationnels au sein du groupe. On verra leurs liens évoluer sans jamais toutefois parvenir à décoller vraiment.
Ils ont passé la cinquantaine, sans enfants, des histoires de vies mitigées, sans passion, à l'aube des bilans la vérité est difficile à affronter, ils ont toujours des problématiques adolescentes et se cherchent sans y parvenir.
Le narrateur nous ouvre son univers mental, ses réflexions qu'il ne partage pas avec les autres, nous montrant la distortion entre son réel et ses fantasmes qui s'enlisent.
Nous sommes dans l'absurde, la désillusion et l'ironie sur le sens de la vie, non sans cet humour grinçant que j'affectionne particulièrement chez cet auteur et qui donne au roman son coté délicieusement piquant.
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Christian Oster, on aime ou on déteste. le style est particulier, d'abord car le livre est écrit au passé composé, et par l'intérêt que l'auteur porte aux détails. Si ceux-ci peuvent paraitre de trop, ils contribuent à donner une atmosphère particulière au roman.

Malgré quelques longueurs, j'ai bien aimé ce roman car les personnages sont bien construits et prennent vie. Il faut simplement accepter de se laisser porter doucement par le fil du récrit, sachant qu'il ne se passe pas grand chose.
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