Citations sur Rouler (32)
"En attendant, j'ai pensé que les gens étaient tourmentés dans l'ensemble et j'aurais bien voulu que ça m'aide, mais ça ne m'a pas aidé. C'était de gens normaux que j'avais besoin, équilibrés, avec une direction de vie. Ou alors sans direction de vie mais qui le sachent."
Besoin de personne, sans doute, mais de gens qui soient là, circulent, habitent le monde.
"Tout en l'écoutant me répondre, je l'ai observé, poser des questions est le meilleur moyen pour ça, me disai-je, parce que pendant ce temps-là les gens ne se doutent de rien, ils pensent qu'on les écoute et pas du tout, on les regarde, le visage, surtout, la bouche en mouvement, les expressions, l'allure [...]."
"Vous partez, ai-je dit. Bien. Admettons. Mais, moi, je ne vais nulle part, ai-je précisé, je ne peux pas vous emmener nulle part [...]."
"De toute façon, je ne vais plus marcher beaucoup, ai-je poursuivi, j'ai marché pour vingt ans, là. Et puis je n'aime pas tellement ça. [...] Marcher sans but, ai-je expliqué. C'est trop lent."
"Je ne l'écoutais pas, je me disais que j'aimais sa voix, la voix de ma conseillère bancaire, et je me sentais misérable. Je ne voulais pas de conseillère bancaire dans ma vie, j'avais un préjugé contre les conseillères bancaires [...]."
"J'ai ajouté que je ne tenais pas à y arriver tout de suite. Ne me demandez pas pourquoi, ai-je dit. Je comprends ça très bien, a dit Ségustat. On a reconsommé du silence, tous les deux. Je me sentais vidé."
"Pourtant j'avais, j'étais bien obligé de l'admettre, toutes les raisons de lui en vouloir, il effaçait la ville, les gens, il resurgissait de façon obscène, avec tout ce passé sur la figure. Or je voulais être seul, avec du temps devant moi et le moins possible derrière."
"Tout le monde a besoin de parler, a-t-elle dit. Peut-être, ai-je dit, mais il y a un temps pour ça."
Je me suis dirigé vers la piscine...j'y suis entré lentement.....j'ai couvert une dizaine de longueurs, que j'ai comptées, et, dès la septième, j'avais retrouvé cette sensation d'ennui caractéristique de la nage dans un espace fermé, identique, j'imagine, à celle que font naître toutes les activités qui miment le déplacement, comme le vélo d'appartement, et où la conscience aiguë d'être privée de destination se combine avec celle, plus souterraine, que le temps n'y changera rien et que par conséquent, même quand il sera écoulé, selon la limite qu'on se sera fixé, on ne sera toujours arrivé nulle part.