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Citations sur La Nuit a dévoré le monde (86)

Ce soir, le soleil se couche en bavant une peinture orange dans le ciel. Sara et moi prenons un verre de vin sur le balcon. Une vingtaine de zombies grognent en bas. Plus loin sur le boulevard, des dizaines d’autres marchent au ralenti. Je pensais qu’ils étaient nos ennemis. Sara a une autre vision des choses :
— Ce sont nos prédateurs.
En effet, nous sommes du bétail pour eux, pas des adversaires. Nous ne sommes pas à égalité. Cela invite à l’humilité.
Difficile d’imaginer que deux êtres chétifs et scotchés à leur ordinateur toute la journée avaient la capacité de s’en sortir. Et pourtant nous sommes là, vivants, alors que les autres sont morts.
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Il m'a fallu un mois pour comprendre que les zombies ne sont pas le vrai danger. Je suis mon pire ennemi. Les zombies ne peuvent franchir les trois étages, ils ne peuvent défoncer la porte. Par contre, ils courent dans ma conscience comme s'ils en avaient toutes les clés.
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Quand je repose le trombone, il n'y a pas un bruit, pas de radio, pas d'éclats de voix.
Le silence a été une découverte, comme la découverte d'un continent. Il est apparu le matin où la dernière radio locale (près de Colmar) s'est éteinte. Pendant trois jours, mes oreilles ont bourdonné. J'ai cru devenir fou. Mon cerveau avait besoin de remplacer le bruit extérieur, de combler le silence. La nuit du troisième jour, le bourdonnement a disparu. Et je suis resté avec le silence. Je l'ai trouvé plein, épais, gras, écoeurant. (P.108)
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J'ai passé l'après-midi à observer le vol des hirondelles. Leurs plumes noires et blanches découpent le ciel en tranches. Les oiseaux volent ensemble et se séparent. Ce sont sans doute des jeux amoureux. Cela me réconforte que la nature s'aime et pense à se reproduire. Quand deux hirondelles, un mâle et une femelle, se sont échappées ensemble, j'ai été aussi ému que la première fois que j'ai vu Humphrey Bogart et Lauren Bacall s'embrasser au cinéma.
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La mort est devenue l’atmosphère du monde. Elle n’est pas ce qui arrive, mais ce qui est là. Mon corps tout entier crie de terreur. L’esprit déchiré en deux, le sang de ma conscience est en train de se répandre. La mort se plaque à moi, elle me touche, me palpe, s’insinue dans mon intimité. Je voudrais n’être plus rien.
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Sirènes, klaxons, hurlements, coups de feu. Et des cris de terreur qui déchiraient l’air.
Je suis allé sur le balcon avec précaution. Des gens couraient. Le boulevard Clichy était plein de voitures accidentées. Entre ces voitures, des hommes mangeaient d’autres hommes. Ils leur arrachaient des bouts de chair avec les dents, ils les démembraient et plongeaient leurs doigts dans leurs entrailles. Ils les dévoraient.
C’était une douce et ensoleillée aube d’un hiver finissant, j’avais une gueule de bois et des gens se massacraient sous mes yeux. Beaucoup de gens. Des hélicoptères passaient dans le ciel, comme si nous étions en état de guerre. Une voiture de police s’était garée en dérapant, des flics en étaient descendus et avaient tiré sur les agresseurs. Mais leurs balles ne les avaient pas arrêtés. L’odeur de la poudre montait jusqu’à moi et me piquait le nez comme du poivre.
Je distinguais ceux qui voulaient fuir et ceux qui voulaient les attraper. Il y avait deux camps distincts.
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Les arrogantes certitudes de notre espèce ont permis à un ennemi inattendu de nous renvoyer à la préhistoire. Il n’y a pas eu de lente catastrophe, de délitement, de pourrissement. Notre monde est tombé sous la coupe des zombies en un clignement de paupière.
La nature a mis du temps avant de nous concocter un adversaire à notre mesure. Les tigres à dents de sabre, la peste, la grippe, le sida n’avaient pas réussi à nous anéantir. Finalement, la nature nous a éliminés à l’aide de versions monstrueuses de nous-mêmes. J’ai toujours su que les hommes disparaîtraient sous un ciel ironique. Et puis, il faut le dire : les morts-vivants sont plus civilisés que nous. L’air est moins pollué, les animaux respectés.
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C’était un autre monde que le mien. Des quintaux de types et de filles élégants, capables de rire un verre de vin à la main en se faisant croire qu’ils sont du côté du peuple. Ils avaient l’air de bonne compagnie, mais je savais ce qu’il en était : c’étaient des tueurs, des arrivistes socio-démocrates, des bulldozers sentimentaux tout en haut de la chaîne alimentaire. En comparaison, j’étais un doux naïf. Mais je m’en moquais. Mon énergie passait dans l’écriture, dans ces vingt-quatre livres qui ont pris la poussière sur les rayonnages des arrière-boutiques des librairies d’occasion – mais qui sont chéris par des femmes de tous âges, inquiètes et perdues, qui croient encore que le vrai amour existe.
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Les zombies arrivent au moment juste. C’était leur tour d’entrer sur scène. Ils viennent terminer la destruction de l’humanité que nous avions commencée avec les guerres, la déforestation, la pollution, les génocides. Ils réalisent notre plus profond désir. Notre propre destruction est le cadeau que nous demandons au Père Noël depuis la naissance de la civilisation. Nous avons enfin été exaucés.
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Nous coucherons ensemble parce que nous sommes les deux derniers êtres humains alentour. Pour nous rappeler les sensations, voir ce que ça produira, si cela aura pour conséquence de renforcer notre position contre les zombis, d’affirmer notre différence, notre humanité. On fait l’amour pour sceller une alliance et lutter contre le reste du monde.
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