Allez, 4 étoiles, je ne boude pas le plaisir que j'ai lu à le lire bien qu'ayant vu il n'y a pas très longtemps les films de
Claude Berri, car c'est une histoire prenante - on se demande ce qu'il va se passer - et "pittoresque", pour
Le Breton que je suis, car il y a les noms, les paroles, les attitudes des "locaux", mais "pittoresque" ne veut pas dire niais ou superficiel car
Pagnol - qui reprend , des décennies après, apparemment une histoire ( vraie ?) qui lui aurait été racontée quand il avait 13 ans - critique un aspect de l'état d'esprit qui n'est ni général ni spécifique dans cet arrière-pays entre Aix-en-
Provence et Marseille, mais qui existe : (p.70) " sous des dehors de bonne humeur et de jovialité provençale, ils étaient pareillement jaloux, méfiants et secrets". ..
Certains disent que quand ils lisent
Pagnol (ou
Giono..) ils entendent les cigales. Ne serait-ce pas un peu, beaucoup, un cliché car ici le mots cigales n'arrive pas avant la page 108 (plus des 3/4 du récit) et n'apparaît que 2 fois dans le texte.. Et encore les fameux insectes sont évoquées par Jean Cadoret (de Florette), un homme de la ville.. Je ne suis pas sûr non plus que
Giono écrivait le mot cigale(s) si souvent que ça..
Même si le "style" de
Pagnol - sans recherche particulière sinon celle de la clarté et de la compréhension, sans effets poétiques, sans emportées lyriques (l'opposé de
Giono) - est assez neutre, voire imperméable à tout effet littéraire, il est rehaussé de toutes les tournures et expressions provençales, ainsi que les mots et les noms provençaux, car
Pagnol semble bien connaître sa culture et c'est - notamment pour les dialogues, car le livre est tiré de son scénario et non l'inverse -, disons-le, un régal.
Finalement
Jean de Florette vaut autant à mon avis pour l'histoire qu'il raconte que pour la forme. Cette histoire est pleine de péripéties bien trouvées qui nous empêchent de lâcher la lecture et l'attention. La forme est au service de la compréhension de l'histoire. Les personnages sont bien campés et suffisamment complexes pour éloigner tout jugement manichéen. Et puisque des qualités (respect, entraide, générosité..) et des défauts ( préjugés, mensonges, égoïsme, cruauté, moqueries..) humains y sont présents, cette histoire tend vers l'universel.
Même si j'ai vu aussi le
Manon des sources de Berri, Je dois vite trouvé la suite écrite par
Pagnol..