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EAN : 9782877065085
223 pages
Editions de Fallois (25/08/2004)
4.14/5   4648 notes
Résumé :
Le plus beau livre sur l'amitié enfantine : un matin de chasse dans les collines, Marcel rencontre le petit paysan., Lili des Bellons. Ses vacances et sa vie entière en seront illuminées.

Un an après La Gloire de mon père, Marcel Pagnol pensait conclure ses Souvenirs d'enfance avec ce Château de ma mère (1958), deuxième volet de ce qu il considérait comme un diptyque, s'achevant sur la scène célèbre du féroce gardien effrayant la timide Augustine. L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (184) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 4648 notes
Je pense que je me souviendrai à jamais de l'incipit de ce merveilleux roman de Marcel Pagnol, second tome de la trilogie de ses « Souvenirs d'enfance ».
Le Château de ma mère porte une émotion peut-être plus forte que le premier tome, La Gloire de mon père. Je pense que je saurai toujours le dire par coeur. Je ne sais pas pourquoi, moi qui n'aime ni la chasse, ni les chasseurs...
« Après l'épopée cynégétique des bartavelles, je fus d'emblée admis au rang des chasseurs, mais en qualité de rabatteur, et de chien rapporteur. »
Je me souviens de cette phrase comme « Un sésame, ouvre-toi ! », la sentence magique qui fait ouvrir les pages d'un livre, le bonheur autant de partir dans les collines l'air fier et conquérant que celui de revenir bredouille, la tête pleine de vent et d'azur. J'aime quand les chasseurs reviennent bredouilles avec du ciel et le mouvement des arbres dans les yeux... En fait, ils reviennent souvent bourrés, ce qui n'empêche...
Ce livre est un chant, une musique, une mélodie, la cymbalisation des cigales, le vent dans les oliviers, la plainte d'un chagrin aussi lorsqu'un être cher vient à disparaître.
C'est une émotion à fleur de peau
Enfant, je craignais l'école, le simple fait d'y aller le matin me faisait vomir mon petit déjeuner. Je ne sais pas de quoi j'avais le plus peur : des instituteurs ou des autres élèves. L'institutrice était sévère, taper avec une baguette de bambou sur les doigts tendus et fermés d'une main frêle, c'était une pratique courante à cette époque (1970, ce n'est pas non plus le moyen-âge...). Dehors, dans la cour de récréation, la sanction était presque pire, comme une vengeance les mauvais élèves battus crachaient, en s'étant empli la bouche de l'eau du lavabo du préau, sur ceux qui avaient des bonnes notes... Ma mère eut cette astuce de me faire boire une mixture de sa composition, un médicament miracle disait-elle pour soigner cela, en fait c'était un grand verre d'eau dans lequel elle avait mis un peu de sucre. Je buvais le remède magique et je me sentais brusquement empli de courage, ma peur disparaissait... Mais certains jours j'aurais voulu boire plutôt la potion magique d'Astérix et me sentir invincible... Aujourd'hui le Château de ma mère pourrait être le plus beau des antidotes face à la peur d'aller à l'école.
Le château de ma mère, c'est le soleil de la Provence avec une émotion en plus. La tendresse familiale s'estompe comme un brouillard sur le paysage, elle laisse le pas à un autre paysage, un autre voyage paré à quitter l'enfance.
Le château de ma mère, c'est l'amitié de Lili. Lili des Bellons. Ah ! Comme je me suis attaché à ce beau personnage, si libre de tout, qui n'avait pas de peur, ni de l'école, ni de la vie... Je l'admirais... le château de ma mère, c'est la lumière de la Provence qui descend sur cette amitié, c'est la vie comme un fil ténu et invisible qui relie les personnages les uns aux autres et peut-être nous autres vivants avec ceux qui ne sont plus là.
Le Château de ma mère, c'est aussi l'évocation du malheur quand, enfant, on possède encore la puissance d'y croire sans y penser, d'agir, la force de retenir d'un geste encore ferme et peut-être inconscient les idées noires, la guerre, la mort, ceux qui partent, avant que tout cela ne déferle et ne se déverse comme un flot impossible sur le paysage de l'enfance.
Retenir le malheur jusqu'à ce que ce geste ne soit plus possible...
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Mes souvenirs d'enfance ne sont point incestueux, ouf, n'en déplaise à la perverse éloquence des dramatophiles de l'enfance, le passé est « sein », le château de ma mère fut aussi bien gardé queue la frigide gloire de mon père… laissons le soin à mon paternel mort dans la fleur de la déchéance reposer en paix avec tous leurs secrets pas très bien chastetés les soirs de buvette… Bizarrement le mot « Frigide » me fait penser à Brigitte, cette lointaine cousine de l'âge de ma mère, c'est dire le décalage de génération, ma grand-mère paternelle naissant en 1902, je ne fais pas le dessein de sa vie un chouilla laborieuse d'après des racontars de vieilles bonne femme, belle dans sa jeunesse des années 30 d'après les racontars de vieilles photos, mais c'était il y a longtemps en noir et blanc… avant la guerre et pendant la Samaritaine ou elle labeurait consciencieusement à la vente.

Aujourd'hui les souvenirs se grisent, l'homme vieillit, que voulez-vous il en est ainsi pour le bien de tous, les vieilles ne font plus tellement bander les vieux, alors à quoi bon résister aux chants des vers qui viendront grignoter nos derniers vestiges du temps qui nous use jusqu'à la ride…. Les souvenirs appartiennent aux vivants, tout comme les souffrances qui vont de père et mère dans la procréation… Mais avant ça, les sourires s'enivrent à l'amour, et la vie fut tienne… Mais pas forcément dans l'ambiance chaleureuse d'un orgasme bien léché, souvent la réalité n'est point aimante, elle fait moins rêver, alors bander, à quoi bon… mais des fois c'est génial hein...

A dire vrai ma mère n'a jamais eu de château, une deux chevaux oui pendant quelques années, et quelques bons gouts pour le mauvais gout… mes souvenirs n'ont rien de passionnants alors que Pagnol sent bon la chaleur du soleil lavande, celle des vacances, des longs trajets embouteillés qui me sortent par la sciatique au bout de quelques heures, les esprits s'échauffent sous l'air climatisé, alors des doigts se dressent dans ce mélange estival entre l'excitation et l'ordinaire, une semaine au soleil reste le privilège des gens bien épargnés par la misère et la bêtise… on se sent bien dans le sud, il fait bon vivre, il fait bien parler avec l'accent prononcé :

« Eh enculé va ! » à ne surtout pas confondre avec "on se sent bien dans le cul...", de plus comme il y a débat sur cette vulgarité, je ne voudrais pas alimenter la grogne populaire, car moi je n'y vois qu'une pratique érotique comme une autre....

Pagnol c'est la douceur d'un Monet, mais pas quand on est trop jeune, on y pige trop rien à la douceur, et quand on est plus vieux on fait plutôt gaffe à sa monnaie… pendant les vacances on veut juste s'amuser, écouter le silence d'un calme serein ou les cigales chantonnantes nous rappellent Proust et sa Madeleine… pas de télé, les guignols se reposent eux aussi en attendant le ridicule de leur rentrée euphorique prête à tout cannibaliser…fini les glaces sur bords de mer, reprise de la précarité, de l'ennui, des longues soirées d'hiver à se demander si on est heureux, et quand on a le temps de se demander si on l'est, alors nous devrions avoir le temps de l'être tout bêtement…

Bref la rentrée ça fait chier, on est bien à profiter de sa vie, mais quand on peut parler de rentrée c'est que l'on est pas trop mal lotie finalement, mais il faut quand même se lever le matin pour chagriner au capitalisme, toujours plus vite pour toujours moins, allez quoi, soyons optimiste, on finira bien par tous crever.

Bonne rentrée les copains
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Ce second tome est beaucoup plus triste et émouvant que le premier ' La gloire de mon père ' car la vie n'est un long fleuve tranquille pour personne .
Marcel Pagnol évoque la mort prématurée d'êtres chers , le décès de sa mère puis de son frère , une des victimes de la première guerre mondiale ; il a une vision très juste du monde qui l'entoure , c'est un beau témoignage de l'époque qui a eu aussi ses heures sombres , ce que nous avons souvent tendance à oublier car on a tendance à embellir nos souvenirs , et à penser que c'était mieux avant .
Enfin ceci est mon opinion toute personnelle .
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Suite du tout autant célèbre « La Gloire de mon Père » et paru en même temps en 1957, ce second tome des souvenirs d'enfance est tout aussi enchanteur et nous plonge également dans cette si tendre et heureuse période qu'est l'enfance. Celle ci continue de se dérouler dans la garrigue de cette belle Provence.

A lire et relire tant l'insouciance de l'enfance y est sublimement évoquée.
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Le jardin, la pomme et le serpent
OUI MAIS
en Provence !

La vie, la belle vie insouciante, le long de ce grand fleuve festif qu'est l'été, continue. Joseph, le père dont la gloire cynégétique fut célébrée dans le premier roman du triptyque, devient bon chasseur. Marcel trouve en Lili plus qu'un camarade de jeux ou un guide de la nature : c'est un ami, c.à.d. le frère qu'on aimerait avoir eu. Paul, le petit frère, taquine quand même sérieusement la petite soeur et prend une bonne taloche. Une vie de soleil, d'insouciance, d'aventures et de promesses de lendemains sans cesse meilleurs …

C'est la rentrée scolaire qui chasse tout le monde de ce jardin paradisiaque. Impossible d'échapper à la condamnation du calendrier, même en fuguant. Et c'est à l'occasion de cette fugue nocturne que Marcel se découvre lâche, menteur, et un peu traître. Nous ne sommes pas qui nous espérions être … Heureusement, il est possible de retourner au paradis lors des vacances scolaires. Mais la route est bien longue, doit se faire à pied, et l'on est chargé de provisions. Alors, comment résister à la tentation quand quelqu'un vous propose un sérieux raccourci ? Prends cette clef, elle t'ouvrira les portes interdites … Joseph se veut un citoyen modèle, car instituteur: cet homme à la fibre républicaine exemplaire ne saurait contrevenir à la loi en pénétrant par effraction dans des propriétés privées. Même si le chemin est long, et devient bientôt hebdomadaire. Bien que, à bien y refléchir, que risque-t-on à couper par des jardins ? Rien, rien du tout lui assure t-on. Il accepte la longue clef qui ouvre les mystérieuses portes qui mènent au bonheur ...

Ce roman est l'histoire d'un été merveilleux, et d'autres, mais aussi d'une chute. Un petit garçon apprend qu'il n'est pas un guerrier courageux, et que son père, qu'il idolâtre, est aussi un simple fonctionnaire, qui doit pourvoir aux besoins de sa famille. Plus tard, en fin de livre, nous apprendrons combien d'autres personnages se sont montrés vulnérables au fil des étés et des hivers, combien ont fini par disparaître.

Ce roman chante la vie: c'est une ode à ce fleuve du temps, qui continue à s'offrir à nous, au milieu des joies et des peines, des triomphes et des chutes. Un jour, bien sûr, ce fleuve aboutit à un cataracte, Ce qui se passe à ce moment-là, avec toutes ces joies et ces peines, c'est une question dont la réponse ne peut être que personnelle.

Ce roman, comme toute littérature digne de ce nom, nous offre un tissu, celui d'un début de vie , et arrive à en faire quelque chose qui transcende celle de l'individu qui l' a écrit. Il parle à chacun, car il s'agit de choses simples mais profondes que tout homme rencontre tôt ou tard : le bonheur, la bonté, l'amour sous toutes ses formes, mais aussi la vulnérabilité, les limites et même la mort. Nous sommes bien loin des écorchés vifs qui se présentent chez vous - heureusement au figuré – et vous fourrent sous le nez un baluchon de papiers qu'ils viennent d'arracher à un journal intime bâclé, dépourvu d'idées et d'inspiration. Vous êtes sommé d'apprécier, et si vous n'obtempérez pas, c'est que vous êtes une brute. Car il s'agirait d'un roman. La preuve: on lui a décerné un prix !

Se trouvera-t-il d'autres Pagnols pour continuer à nous enchanter ?

En tous cas, je mets les voiles pour " le Temps des Secrets"...










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Citations et extraits (143) Voir plus Ajouter une citation
Le soir, dans mon lit, je relus le message de Lili, et son orthographe me parut si comique que je ne pus m'empêcher d'en rire... Mais je compris tout à coup que tant d'erreurs et de maladresses étaient le résultat de longues heures d'application, et d'un très grand effort d'amitié : alors, je me levai sans bruit sur mes pieds nus, j'allumai la lampe à pétrole, et j'apportai ma propre lettre, mon cahier et mon encrier sur la table de la cuisine. Toute la famille dormait : je n'entendais que la musique du filet d'eau qui tombait dans la cuve de zinc, au dessus de l'évier.
Je commençai par arracher d'un coup sec, trois pages du cahier : j'obtins ainsi les dentelures irrégulières que je désirais. Alors, avec une vieille plume, je recopiai ma trop belle lettre, en supprimant la phrase spirituelle qui se moquait de son tendre mensonge. Je supprimai aussi au passage, les s paternels ; j'ajoutai quelques fautes d'orthographe, que je choisis parmi les siennes : les orthollans, les perdrots, batistin, la glue et le dézastre. Enfin, je pris soin d'émailler mon texte de quelques majuscules inopinées. Ce travail délicat dura deux heures, et je sentis que le sommeil me gagnait... Pourtant, je relus sa lettre, puis la mienne. Il me sembla que c'était bien, mais qu'il manquait encore quelque chose : alors, avec le manche de mon porte-plume, je puisai une grosse goutte d'encre, et sur mon élégante signature, je laissai tomber cette larme noir : elle éclata comme un soleil.
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... Il l'installait, à deux mètres du sol, dans la fourche d'un olivier, et feignait ensuite de l'abandonner à son triste sort; un jour, comme elle avait peur de déscendre, elle grimpa jusqu'aux plus hautes branches, et ma mère épouvantée vit de loin ce petit visage au-dessus du feuillage d'argent.Elle courut chercher l'échelle double, et réussit à la capturer, avec l'aide de la tante Rose, comme font parfois les pompiers pour les petits chats aventureux. Paul affirma "qu'elle lui avait échappé".

D'autres fois, il lui glissait dans le dos de la bourre de "gratte-cul" qui est la baie de l'églantier, et que l'on nomme ainsi pour de bonne raisons.

Mais, comme le grand Shakespeare devait me l'enseigner plus tard, "crime will out" c'est à dire que leszcrimes ne restent jamais ignorés. si bien qu'un soir, après la chasse, je le trouvai dans notre chambre, sanglotant sur son oreiller .
Il avait, en ce jour fatal, inventé un nouveau jeu dont les règles étaient très simples... Il pinçait fortement la fesse dodue de la petite soeur, qui poussait aussitôt des cris perçants. Alors Paul courait , comme éperdu, vers la maison : "Maman ! Viens vite ! Une guêpe l'a piquée !"Maman accourut deux fois avec du coton et de l'ammoniaque et chercha à extraire entre deux ongles un aiguillon qui n'existait pas, ce qui redoublait les hurlements de la petite soeur, pour la plus grande joie du sensible Paul.

Mais il commit la grande erreur de renouveler une fois de trop sa plaisanterie fraternelle . Ma mère, qui avait conçu des doutes, le prit sur le fait. Il recut une gifle magistrale suivie de quelques coups de martinet, qu'il accepta sans broncher, mais la remontrance pathétique qui suivit lui brisa le coeur, et à sept heures du soir, il en était encore inconsolable.

(pp.32-33)
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Mais dans les bras d'un églantier, sous des grappes de roses blanches et de l'autre côté du temps, il y avait depuis des années une très jeune femme brune qui serrait toujours sur son coeur fragile les roses rouges du colonel. elle entendait les cris du garde, et le souffle rauque du chien. Blême, tremblante, et pour jamais inconsolable, elle ne savait pas qu'elle était chez son fils.
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Le matin, vers six heures, nous emmenâmes Paul (*), encore mal éveillé, mais assez joyeux de l'aventure, et il marcha bravement entre nous.

En arrivant au Petit-Oeil, nous trouvâmes, pris au premier piège, un pinson.

Paul le dégagea aussitôt, le regarda un instant, et fondit en larmes, en criant d'une voix étranglée :
" Il est mort ! Il est mort !
- Mais bien sûr, dit Lili. Les pièges, ca les tue !
Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! Il faut le démourir ! ..."
Il essaya de souffler dans le bec de l'oiseau, puis le lança en l'air pour aider son essor... Mais le pauvre pinson retomba lourdement, comme s'il n'avait jamais eu d'ailes... Alors le petit Paul ramassa des pierres et se mit à nous les lancer dans un tel état de rage que je dus le prendre dans mes bras, et le rapporter à la maison.

(pp30-31)
(*) petit frère de Marcel, il n'a que quatre ans.
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Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants.
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Extrait du livre audio « La Gloire de mon père » de Marcel Pagnol. Parution numérique le 17 avril 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-gloire-de-mon-pere-souvenirs-denfance-i-9791035414238/
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