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Au Pays des Kangourous" est le troisième roman de
Gilles Paris. Publié en 2012, il reste dans la continuité de sa précédente "
Autobiographie d'une Courgette" et met en scène un petit garçon de 9 ans, Simon, qui raconte comment un matin, il a découvert son père recroquevillé dans le lave-vaisselle...
Intriguée, qui ne le serait pas avec une phrase d'accroche pareille, je suis entrée sans difficulté dans le roman. J'ai rapidement été charmée par la narration enfantine de Simon qui m'a d'ailleurs rappelé un certain petit Nicolas dont petite, j'avais adoré et dévoré les aventures... Je m'attendais à ce que cette narration proche de l'oral rehausse le comique des situations. Je m'attendais à rire. Je me suis fourvoyée.
Car rien, si ce n'est cette narration un peu naïve, ne permettait de comparer les deux univers ! Les choses ont tellement évolué depuis les années 60 ! le Petit Nicolas lui-même en serait baba ! Certes, Simon a toujours la fraîcheur et la naïveté d'un enfant, cette façon unique de raconter, avec ses mots à lui, la vie qui l'entoure mais c'est un gosse d'aujourd'hui, confronté à des difficultés tout autres que celles du petit héros de
Sempé et Goscinny ! Les parents de Nicolas jouissaient d'une stabilité qui rendaient leurs scènes de ménage amusantes. Les parents de Simon, eux, se déchirent. Leur relation bat de l'aile et leurs disputes ne sont pas drôles ! Est-ce pour cette raison que le père de Simon craque ? Ou est-ce plutôt à cause de cette mère démissionnaire, dévorée d'ambition, qui s'absente des mois entiers et délègue son rôle de mère à Paul qui doit alors gérer et concilier à la fois les contingences matérielles, l'éducation de son fils et son travail d'écrivain ? Pour le savoir, il faudra lire le roman !
Gilles Paris n'en donne l'explication que dans les dernières pages.
Si j'ai aimé le fond, les thèmes, difficiles, durs, presque tabous, que
Gilles Paris aborde dans son roman, j'ai fini, hélas, par me lasser de la forme ! Au fil des pages, la narration enfantine a fini par perdre de sa candeur. Je lui ai de loin préféré les passages (trop rares) où l'auteur abandonne Simon et s'exprime par la bouche d'un adulte. Ces moments-là sont à mon goût les plus forts, les plus émouvants. On prend alors pleinement conscience de la relation fusionnelle qui lie Simon et son Papa. On ne peut que se sentir en empathie avec ce père, notamment lors de la description sensible qu'il donne de la dépression, ce vilain mot qui fait si peur aux grands consommateurs d'antidépresseurs que nous sommes ! de façon émouvante et attendrissante,
Gilles Paris pose des mots sur les maux et tente de dédramatiser la dépression à coup d'humour et de sourires. Il laisse entendre que l'amour provenant d'une cellule familiale harmonieuse et soudée pourrait préserver de ce mal que certains perçoivent encore comme une sorte de caprice, de renoncement ou de laisser-aller.
Mais fallait-il pour autant que
Gilles Paris force le trait en inventant des personnages secondaires si singuliers , et finalement si artificiels ? Entre la grand-mère fantasque qui s'adonne à des séances de spiritisme, ses amies toutes plus délurées les unes que les autres et cette petite Lily dont on ne sait si l'existence est ou non réelle, l'auteur a fini par me perdre ! de même, certaines situations étaient si invraisemblables, si peu crédibles, que je me suis demandé si
Gilles Paris n'avait pas volontairement travesti une réalité trop sombre pour plaire à des lecteurs en manque de rêve et de romanesque !
Globalement, la lecture du roman de
Gilles Paris m'a laissé un sentiment mitigé. Sans vouloir dénigrer ni son travail ni son ouvrage (qui plaira certainement à d'autres lecteurs plus réceptifs), je n'ai pas compris pourquoi l'auteur a tenu à enrober son histoire d'autant de guimauve. Donner à voir la vérité par le prisme de l'enfant m'aurait suffi. Amplement. Une déception, toute personnelle, pour un roman dont la portée poétique n'a pas su m'émouvoir... Dommage !
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