AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 177 notes
5
18 avis
4
18 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
L'auteur nous plonge dans l'avant, le pendant et l'après G8 à Gênes, Italie, en juillet 2001.

C'est la période où Chirac est aux commandes en France, Berlusconi en Italie. Avec une précision parfois chirurgicale, Frédéric Paulin fait revivre ce sommet qui a vu s'affronter les manifestants, pour la plupart activistes d'extrême gauche dont les fameux black bloc, et les services de sécurité plus particulièrement les carabiniers, sans oublier les victimes collatérales dont les journalistes, les photographes de presse ...

Dans son récit on suit plus particulièrement un couple de jeunes activistes, des fonctionnaires proches du pouvoir, une journaliste et un photographe ainsi que quelques policiers et carabiniers. Beaucoup d'anciens fachistes ont intégré les rangs des carabiniers et de la politique italienne. le sommet s'annonce musclé. Tous les groupes se préparent à l'affrontement et veulent en découdre, chacun prêt à tout pour défendre sa grille de lecture du monde.

J'ai eu du mal à me passionner pour ce récit, long à démarrer, plus de la moitié du livre. J'ai aussi trouvé que les personnages manquaient de profondeur, n'étaient pas assez fouillés, ce qui fait que je ne me suis attachée à aucun.
Sinon, l'auteur a mené un bon travail de reconstitution pour faire surgir une autre vérité, différente de ce qu'il en était sorti à l'époque. Une extrême violence allant jusqu'à la mort d'un jeune manifestant tué par un carabinier, l'information biaisée, manipulée, la grande comédie politicienne et au final les espoirs perdus pour tous.
Commenter  J’apprécie          160
Impressionnée récemment par « La guerre est une ruse », je me suis réjouie de retrouver Paulin avec « La nuit tombée sur nos âmes » (déjà, beauté absolue du titre!). Dans ce texte, il continue à explorer l'histoire récente pour élaborer un récit très documenté et sans concession, qui s'attache à pénétrer les coulisses des grands événements pour en faire émerger les courants profonds, les vérités dissimulées et quelques lois universelles.
Cette fois-ci Paulin nous embarque en 2008, direction Gênes, durant les jours brûlants du G8. Et les dirigeants des 8 plus grandes puissances mondiales ne seront pas seuls sous le soleil de plomb de ce mois de juillet. Alter-mondialistes, militants d'extrême gauche et autres opposants à ce symbole de l'ordre capitaliste mondial ont fait le déplacement, et ils sont très nombreux à contester la marche du monde. le gouvernement italien, lui, est prêt à les recevoir. Avec les poings.
Ainsi Paulin nous guide avec la précision journalistique et l'art de la tension qui le caractérisent dans les coulisses de ce G8 qui aura marqué les esprits. Il nous fait pénétrer au coeur de ces journées, dans un crescendo de brutalités qui va aboutir à une véritable guérilla urbaine dans les rues de la capitale de la Ligurie, alors que les violences policières basculent dans la répression sanglante. On y parle néo-fascisme, black bloc, services secrets, abus de pouvoir. On frémit sous les coups de matraque qui s'abattent sur les manifestants et face au cynisme de ceux qui orchestrent ces abominations en coulisses. On est scandalisé par l'attitude des extrémistes de tous bords. Je suis ressortie de cette lecture complètement sonnée, parce que Paulin aime nous pousser dans la mêlée, au coeur des événements qu'il relate. Et ça cogne !
J'aurais aimé en apprendre davantage sur les motivations profondes des uns et des autres mais l'ensemble demeure très efficace et nous invite toujours à creuser la surface des évènements. Un récit qui interpelle, dès la dédicace!
Commenter  J’apprécie          142
Après sa trilogie maintes fois primée (voir ma chronique de Prémices de la chute), Frédéric Paulin frappe une nouvelle fois un grand coup dans son style caractéristique mêlant l'Histoire et les petites histoires, cherchant à dévoiler des vérités cachées ou falsifiées… ou tout le moins à nous faire réfléchir.

Ici l'évènement c'est le G8 à Gênes en juillet 2001, ses manifestations, ses affrontements, ses violences, ses coups bas politiques, ses mensonges… le tout vu par le prisme de quelques personnages forts : Wag et Nathalie, activistes ; mais aussi une journaliste et un photographe français, un sous fifre scribe de Chirac, et quelques pontes policières italiennes …

C'est évidemment très précis, factuel, mais pas que : le récit est vivant et passionnant grâce à ces personnages que l'on suit tour à tour, jour après jour dans cette cité devenue champ de batailles.

C'est aussi violent, dur, noir, ça fait mal comme un coup de poing… je suis sorti de cette lecture groggy comme rarement.

Au final, un livre encore une fois impressionnant, un travail journalistique exhaustif rendu vivant par le biais de personnages ambivalents… un choc, une énorme réussite !

Merci Agullo pour cette lecture !

Commenter  J’apprécie          130
Toutes celles et tous ceux qui ont lu la « trilogie Benlazar » de Frédéric Paulin composée de :
- La Guerre est une ruse
- Les Prémices de la chute
- La Fabrique de la terreur
Toutes et tous savent de quoi l'auteur est capable.
Il a cette faculté de passionner ses lecteurs et lectrices sur un sujet difficile ou, comme ici, un évènement presque isolé, passé à la trappe, gommé par un évènement sans précédent qui a secoué la terre entière.
Un sommet du G8, regroupant les dirigeants des grandes « forces » mondiales, dont le but est de s'accorder ou en tout cas d'essayer, sur des sujets de politique, d'économie ou de stratégie, n'est pas forcément un des sujets que l'on attend avec impatience et que l'on suit avec fébrilité.
Frédéric Paulin, lui, a décidé de nous relater celui de juillet 2001, du côté de militants anti-mondialistes, de black-block, de jeunes gens pour qui un tel sommet est à l'opposé de ce qu'ils attendent.
Il nous parle de violence policière, de répression sous un gouvernement (très très) à droite en Italie à cette époque. Une Italie dirigée par Berlusconi.
Le fascisme, avant ou après 1945, a les mains pleines de sang, aucune pureté n'est sienne.
Il nous raconte cette violence policière sur laquelle les politiciens ferment les yeux, parfois l'encouragent, et qui mène à la mort des gamins. (On se souviendra au passage que ceci n'est pas l'apanage de l'Italie et on ne peut penser qu'à Rémi ou à Steve en lisant certains passages).
Nous sommes donc à Gênes en juillet 2001 parmi les contestataires de ces gouvernements capitalistes. Des militants d'extrême-gauche, infiltrés de policiers et de membres des diverses agences de renseignements des pays représentés au G8, dont la France. Nat est une black-block, Wag une taupe de la DGSE et ils sont amants. Ils vont vivre 3 jours de violence, de chaos.
Comme pour sa trilogie, Frédéric Paulin a visiblement effectué un travail de recherche impressionnant. Et de la même façon, il nous happe dans cette histoire et tout ce qu'on ne sait pas ou ne comprend pas devient limpide.
Si on se souvient parfaitement de l'attentat qui a secoué le monde entier deux mois après, pour ma part, je n'avais aucun souvenir de ces évènements s'étant déroulés dans un pays voisin. Ce qu'on a pu vivre ensuite, surtout ces dernières années, fait qu'on n'est même pas étonné que de telles choses aient pu arriver, qu'on est presque habitués à ce que la police soit synonyme de violence, de répression, de menace plutôt que de protéger et servir…
Encore une fois, j'ai été plongée dans un roman de Frédéric Paulin, comme infiltrée, moi aussi.
Toujours la même qualité, toujours la même force, l'auteur ne faiblit pas et on en redemande.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
Commenter  J’apprécie          120
Gênes, 2001, sommet du G8. Et surtout ici contre sommet avec des centaines de milliers de manifestants venus de toute l'Europe pour faire entendre leur ras-le-bol du système. On croise des anarchistes, des communistes, des trotskistes… et tous convergent. Il y a Wag leader de la LCR et Nathalie black-bloc. Un duo de journalistes, des policiers, beaucoup de policiers. Des politiques. Un cocktail explosif et des violences policières à foison.

Le temps semble comme suspendu à la lecture de ce livre, la tension est palpable et on sent que la situation va dégénérer. La ville est calfeutrée, les habitants ont fui, les forces de l'ordre se préparent à taper sur tout ce qui bouge et les manifestants s'organisent. Une écriture efficace et percutante vraiment, mais j'avoue m'être ennuyée. Je n'ai pas accroché aux personnages et l'intrigue n'est pas exceptionnelle dans le sens où tout semble au ralenti, il ne se passe pas grand chose. Les personnages sont plats et fades et difficile de les reconnaître et de s'y retrouver surtout les politiques.

J'ai de loin préféré du même auteur sa trilogie sur le terrorisme islamiste.
Commenter  J’apprécie          110
Wag, est un doctorant sans perspective d'avenir, un gars de la LCR, éloigné de son parti depuis qu'il côtoie Nathalie, une anarchiste. Il est aussi sur une corde raide depuis qu'il est devenu indicateur pour deux agents de la DST. 

Les choses se compliquent encore davantage pour lui, lorsqu'il se retrouve à Gênes pour le sommet anticapitaliste de 2001. Car c'est une véritable poudrière qui l'attend, ainsi que tous les manifestants présents. 

Les politiciens italiens au pouvoir et la hiérarchie policière entendent bien que le chaos du conseil de l'Europe, tenu la même année à Göteborg, ne se reproduise pas à Gènes. Que tout doit être fait pour mater les « communisti », que rien ne peut être exclu pour ce faire, ni la provocation ni la violence la plus bestiale. 

Ce roman est percutant. Tout d'abord par son style, pas de grandes envolées lyriques mais des phrases courtes, uppercut de mots. On passe du point de vue des manifestants, à celui de policiers puis de politiques italiens ou de journalistes. Un maelström pour mieux comprendre le fil des évènements. 

Mais surtout, ce roman est très réaliste. Petit instant confession : j'ai participé à un tel sommet dans le cadre d'un stage au cours de mes études. J'ai retrouvé l'ambiance, les différents mouvements antagonistes dans leur méthodes d'actions mais aussi l'organisation, la vie d'un tel contre-sommet. Cela démontre le travail mené par l'auteur sur le sujet.

Ce roman raconte les tortures, les coups indignes, les entorses aux règles de droit d'un état démocratique. La situation de non-droit qui a régné durant ces quelques jours en Italie. « La nuit tombée sur nos âmes » révolte car il ne donne pas une vision idéalisée des uns ou des autres mais il montre comment, les actions d'hommes politiques et de policiers fascisants, a pu conduire à un tel massacre. 

Ce roman est un bon roman et c'est aussi un roman nécessaire. Deux bonnes raisons pour l'ajouter à votre bibliothèque.

À moins que ce ne soit déjà fait !
Lien : https://allylit.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          111
Service de presse.



Policiers, manifestants ou habitants, quelles que soient d'ailleurs les parties prenantes et quelles que soient les villes où cela s'est déroulé, il est difficile d'imaginer que l'on ait pu oublier les événements qui ont jalonné les contre-manifestations du G8. Pour ce qui me concerne, je garde toujours en mémoire les images du contre-G8 se déroulant à Genève où j'officiais déjà en tant que jeune policier. C'était le 2 juin 2003 et je revois encore clairement les quelques scènes qui ont marqué mon esprit que ce soit les commerces barricadés, ce fameux samedi soir où toutes les vitrines de la grande rue commerçante de la ville ont été brisées par un groupuscule de casseurs, la grande manifestation de dimanche rassemblant près de 30'000 participants et les débordements qui ont suivi, au terme de la journée avec son cortège de commerces saccagés, parfois pillés, ainsi que les confrontations avec le fameux black bloc. Je me souviens encore de l'adrénaline, mais également de l'appréhension qui m'habitait durant les différentes phases de ces longues journées, soirées et nuits chargées de tensions. Je me souviens aussi de la fatigue et du soulagement lorsque tout cela s'est terminé. Au mois de juillet 2001, Frédéric Paulin s'est rendu à Gênes pour participer au contre-sommet du G8 qui a viré à la tragédie. Vingt ans plus tard, lui non plus n'a rien oublié et reste marqué par des événements terribles qui se sont soldés notamment par la mort d'un manifestant, Carlo Giuliani, abattu par un carabinieri. Comme pour exorciser un fardeau qui pèse encore sur ses épaules, Frédéric Paulin a donc choisi d'intégrer son témoignage par le prisme d'un magistral roman coup de poing, La Nuit Tombée Sur Nos Ames, qui revient sur les événements jalonnant les trois jours d'une ville de Gênes prenant l'allure d'un camp retranché pour abriter les dirigeants d'un sommet conspué par des milliers de manifestants.

Nathalie Deroin et Chrétien Wagenstein, que tout le monde surnomme Wag, sont un couple de militants d'extrême gauche, coutumiers des manifestations tournant à la confrontation avec les forces de l'ordre que ce soit en France ou à l'étranger, comme à Göteborg à l'occasion du contre-sommet du G8. Désormais, c'est à Gênes qu'ils se rendent pour grossir les rangs des 500'000 manifestants qui disent non au nouvel ordre mondial des dirigeants du G8 se réunissant dans un centre-ville qui prend l'apparence d'une cité assiégée. Mais le grand raout des altermondialistes tourne court avec des confrontations d'une extrême violence entre des groupuscules de manifestants déchaînés et des forces de l'ordre débridées et dirigées par un pouvoir italien qui instaure une stratégie de la tension sans précédent. Qu'ils soient manifestants, journalistes ou flics infiltrés, tous vont observer, durant ces trois jours, cette fureur qui s'abat sur la ville, en atteignant son paroxysme avec la mort d'un jeune manifestant, tué d'une balle dans la tête par un policier, mais aussi avec de terribles exactions du côté de l'école Diaz et de la caserne Bolzaneto où le déploiement des forces de l'ordre va prendre, peu à peu, l'allure d'un règlement de compte sauvage, ponctué d'actes de tortures sadiques. Pris au coeur de cette tempête de violence effrénée que vont devenir Nath et Wag ?

Le talent de Frédéric Paulin, repose déjà sur l'originalité des sujets sensibles de notre histoire récente qu'il traite en évoquant notamment le terrorisme islamiste sur l'espace de trois décennies débutant avec La Guerre Est Une Ruse (Agullo 2018) abordant la guerre civile qui sévissait en Algérie durant les années 90, suivi des Prémices de la Chute (Agullo 2019) restituant le parcours de l'organisation terroriste Al-Quaïda pour s'achever avec La Fabrique de la Terreur (Agullo 2020) qui se concentrait sur la guerre en Syrie et l'embrigadement des jeunes dans l'armée de Daech. de trois décennies on passe à un laps de temps de trois jours avec La Nuit Tombée Sur Nos Ames qui dépeint avec une précision chirurgicale le déroulement du contre-sommet du G8 à Gênes avec cette tension permanente qui plane sur l'ensemble d'un récit restituant l'atmosphère dantesque régnant dans les rues surchauffées de la ville. Tout y est parfaitement restitué que ce soit l'ambiance au sein des grands cortèges défilant dans les artères de la cité, ou le fracas des échauffourées, nimbées de nuages de gaz lacrymogène, qui tournent parfois à la tragédie avec, en toile de fond cette musique tonitruante résonnant sur les façades des immeubles pour clamer la rage et la colère des manifestants. Avec le mot juste et la phrase précise qui caractérisent l'écriture de Frédéric Paulin, le lecteur ressent ainsi cette tension permanente planant sur l'ensemble d'une galerie de personnages ambivalents, parfois troublants à l'instar de Wag endossant le rôle de preux chevalier auprès de Nath, la rebelle anarchiste qui fait partie du black bloc, dont il est fou amoureux, mais qui sert d'indic auprès de deux agents infiltrés de la DST qui l'accompagnent durant son périple gênois en devenant ainsi, par la force des choses, témoins des exactions de leurs collègues italiens tout comme Génovéfa Gicquel, journaliste française pour le Journal du dimanche et d'Erwan, photographe baroudeur, free-lance. Afin de ne pas sombrer dans le pamphlet, mais de dénoncer tout de même les dérives, Frédéric Paulin nous invite à adopter le point de vue du côté du sommet du G8 et des forces de l'ordre avec Franco de Carli chargé de la sécurité à Gênes qui rêve d'un grand retour du fascisme en Italie, de Laurent Lamar, chargé de la communication auprès du président Chirac et du caporal chef Dario Calvini, membre des carabinieri qui, de son propre aveux, aurait pu frayer avec le black bloc s'il ne s'était pas engagé dans la police. Des individus troubles autour desquels Frédéric Paulin pose quelques explications quant à la mentalité , voire même la culture d'entreprise, qui régit l'ensemble des forces de police dont de nombreux dirigeants se réclament de partis d'extrême-droite en encourageant l'usage de la force, ceci de manière immodérée comme en témoigneront les exactions commises à l'école Diaz et à la caserne Bolzaneto. Altermondialistes pacifistes versus anarchistes violents, Frédéric Paulin dépeint également de manière brillante les différents courants qui émergent au sein des manifestants avec cette sensation de disparité irréconciliable qui se cristallise avec la présence du fameux black bloc dont l'auteur démystifie certains aspects organisationnels ce qui explique l'aspect incontrôlable de ce mouvement. Il en résulte un roman âpre et passionnant dont la densité, mais également la pertinence des différents points du vue nous entraînent ainsi dans l'intensité d'un récit chargé d'une émotion brut qui va bouleverser à jamais l'âme de ceux qui ont participé à ce contre-sommet du G8 à Gênes qui vire à la tragédie en s'achevant de manière abrupte en nous laissant bouche bée pour finalement nous demander ce qu'il est advenu de tous les protagonistes sur lesquels planent un grande incertitude comme si la nuit était tombée sur leurs âmes.

Intégrant la précision des faits historiques au gré d'une intrigue solide qui prend l'allure d'un roman choral, La Nuit Tombée Sur Nos Ames devient l'un des ouvrages majeurs de cette rentrée littéraire avec un sujet sensible qui a pu sombrer dans l'oubli alors que deux mois plus tard survenaient les événements du 11 septembre changeant définitivement la face du monde.


Frédéric Paulin : La Nuit Tombée Sur Nos Ames. Agullo 2021.

A lire en écoutant : Riot van de Arctic Monkeys. Album : Whatever People Say I Am, That's What I'm Not. Domino Records 2016.
Lien : https://monromannoiretbiense..
Commenter  J’apprécie          101
Le petit avis de Kris pour Collectif Polar
Militants d'extrême gauche français, Wag et Nathalie se rendent à Gênes en juin 2001. le G8 se tient dans la cité italienne et le mouvement altermondialiste entend bien contester cette incarnation de l'ordre mondial néolibéral. Mais la répression policière se déchaîne et entre les journalistes encombrants, les agents de la DST et les propres tiraillements des deux héros, l'histoire vacille.
Frédéric Paulin est un historien contemporain. Sous couvert de roman, il nous dévoile les coulisses de ce G8 qui laissa des cicatrices indélébiles. Après sa magnifique trilogie sur l'Algérie qui éclaire sur beaucoup de choses, ce nouvel opus ne dépare pas dans ces récits violents sur ce qui restera pour beaucoup une plaie qui ne guérira jamais.
Lien : https://collectifpolar.wordp..
Commenter  J’apprécie          90
Ouvrir un roman de Frédéric PAULIN, c'est s'approcher de la violence des hommes. Et avec son dernier roman, l'auteur nous plonge au coeur du maelstrom.

Il y a Wad, de son prénom Chrétien (il y a des parents bizarres tout de même….), thésard mais surtout trotskiste.

Lors d'une manif, il sauve Nathalie, elle plutôt toto, comprenez (si vous êtes néophyte comme moi) mouvance autonome.

Pour l'anecdote, j'en étais restée à la querelle Trotski-Staline et au meurtre du premier. Après, je n'ai plus suivi les divergences de doctrines. Je ferme la parenthèse.

Ensemble, ils vont grossir les rangs du contre-G8 du Gênes de juillet 2001. Ils rejoignent les Tute Bianche (les tuniques blanches), mouvement de résistance passive qui disparaitra à cette occasion. RIP.

Il y a Génovéfa, la journaliste du JDD qui décide de couvrir l'événement, en ayant assez de couvrir de faux événements, comme le dernier vol du Concorde.

Il y a Laurent Lamar, le communiquant de l'Elysée qui voue un culte à Jacques Chirac (et oui, à l'époque, c'était encore le pantagruélique président), et qui va se retrouver entre le marteau et l'enclume, comprenez entre la DST et la sécurité italienne et son retors Calvini.

Carli, chef du service d'ordre, et aimant l'ordre à la fasciste, fait déployer l'équivalent des forces spéciales dans la ville de peur des débordements.

L'action se déroule en juillet, sous un soleil torride qui échauffe les esprits.

Si j'ai eu un peu de mal avec les différents acronymes et factions gauchistes de la lutte contre la mondialisation, l'auteur a fini par m'entraîner au coeur de ces jours fatidiques qui, s'ils n'ont pas changés la face du monde, lui ont mis un sacré coup.

Mais à quels prix : des jeunes adultes brisés physiquement et mentalement.

Car si certains personnages disent éprouver du plaisir à casser les magasins de la Grande Consommation et autres banques, ce sont avant tout des enfants idéalistes qui ne méritaient pas de tomber face à des fascistes déchaînés avançant eux aussi en meute.

J'ai aimé l'ironie de l'auteur : Et tout ça se déroule sous un soleil magnifique, le bleu du ciel est cinégénique. Il fait si chaud, la mer doit être agréable. (p.22)

Le style est concis, les phrases s'enchainent vite, comme si il y avait une certaine urgence à raconter.

Pendant ma lecture me revenaient en mémoire les émeutes des gilets jaunes, le déchainement de violence de part et d'autre.

Comme si nous étions condamné à cette violence pour nous faire entendre.

Une citation :

On entend partout « La violence, c'est mal. ». Qui nous vend ce discours à ton avis ? Ben moi je vais te le dire : ce sont ces huit mecs barricadés dans la zone rouge en ce moment. Les huit mecs les plus violents du monde. (p.179)

L'image que je retiendrai :

Celle des coulées de sang sur les murs de l'école Diaz dans laquelle les manifestants ont été pris au piège à minuit.
Lien : https://alexmotamots.fr/la-n..
Commenter  J’apprécie          90
Frédéric Paulin poursuit son exploration des manipulations et des violences historiques. La brutalité des faits, de la répression policière, du contre-sommet du G8 à Gêne, en 2001, lui fournit alors une trame exemplaire. La nuit tombée sur nos âmes, animée d'une saine colère, montre l'enchaînement tragique et plonge le lecteur au coeur même d'une mouvance contestataire justement décrite.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (388) Voir plus




{* *}