AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 162 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Turin, un été d'avant-guerre. Ginia, 16 ans, orpheline qui vit seule avec son frère ouvrier de nuit, cherche à se distraire après ses heures à l'atelier de couture où elle travaille. Elle est fascinée par Amelia, 20 ans, qui prétend servir de modèle à des peintres. Elle va se retrouver dans ces studios d'artistes plus ou moins désargentés, et comme un papillon attiré par la flamme, céder à la tentation de s'offrir à Guido, un jeune peintre dont elle est tombée amoureuse. Malgré l'ombre portée par la maladie vénérienne d'Amélia, elle continue à fréquenter ce milieu, tout en sachant n'avoir été qu'un jeu pour Guido.

La première saison de la découverte du sexe, de la fascination trouble exercée par des jeunes adultes plus mûrs que l'héroïne, de l'amour qui n'ose pas dire son nom, de la nudité dont on a honte, de l'éveil des sens et de la culpabilité. Les hésitations, les doutes, les émotions à fleur de peau, et la sensation d'être trop jeune, de ne pas bien comprendre le jeu ni les manières blasées des aînés. Tout est dit simplement, en quelques notations et dialogues écrits dans la langue de tous les jours, mais lourds de sentiments contrastés et de fascination/répulsion devant le vertige de la vie adulte.
Lu en V.O.
Commenter  J’apprécie          150
C'est l'histoire du passage fugace de l'enfance à l'adolescence. L'histoire d'une jeune orpheline de dix-huit ans, vivant seule avec son frère, qui se débat avec le sentiment de liberté qui semble accompagner la vie d'adulte et qui lutte contre ses craintes adolescentes. Sa timidité, son innocence, son ingénuité et sa peur immense d'être seule.
Terrifiée par l'idée d'être laissée de côté, attirée par les attitudes posées de ses amis adultes, Ginia ferme les yeux sur ses craintes et se force à embrasser la vie de bohème d'un cercle d'artistes, au coeur des nuits romaines d'un été trop chaud.
Elle va suivre à corps perdu son amie Amelia dont elle jalouse l'assurance, pour succomber au charme ténébreux d'un peintre égoïste. Ginia trouve enfin ce qu'elle cherchait, un véritable bel été, chaud et léger, insouciant et intense, qui lui offre une vie d'ascenseurs émotionnels, des battements de coeurs, de cris et des larmes, la vie de liberté et d'émancipation dont rêvait la petite couturière orpheline…
Un bel été, une chaleur enivrante, une vie de bohème et une liberté vertigineuse vont faire basculer Ginia vers le désenchantement abrupte et concret de la vie d'adulte, car l'été ne dure jamais.
A la lueur du jour, les artistes apparaissent égoïstes et vaniteux, l'amour semble n'avoir jamais existé chez Guido et Ginia, petite couturière tout juste adulte, retourne préparer les pâtes de son frère en regrettant l'insouciance de ses seize ans, l'innocence de son enfance, les rêves d'avant l'été… jusqu'au prochain printemps.
Commenter  J’apprécie          140
Ce petit roman de Cesare Pavese est fantastique, je l'ai lu d'une traite et le relirai, pour goûter à nouveau sa poésie. le style est cristallin, les quatre personnages, deux garçons, deux filles, touchent le coeur. L'histoire se déroule avec comme toile de fond la montée du fascisme, peu évoquée, mais présente. Il y est question d'amitié, d'apprentissage de l'amour vu du côté filles, de l'entrée dans l'âge adulte, et de son rite initiatique obligé, la perte de la virginité. Il y est question d'art, de modèles, de la nuit et de ses fêtes, du regard des citadins modestes sur la campagne et les paysans, du travail, de la joie et de la peine, de l'attente et de l'été.
Un immense espoir gonfle ce livre, celui de la jeunesse devant la vie, non exempt déjà d'un peu de nostalgie : sera-t-elle conforme aux attentes ?
Commenter  J’apprécie          90
. Volume constitué de trois courts romans :« La bella estate »(1940) Chronique douce amère du passage à l'âge adulte .Giulia, jeune couturière de 17 ans, découvre grâce à une amie plus âgée qui pose nue pour des peintres , l'amitié, la sexualité ,l'amour . « Il diavolo sulle colline » (1948) Trois jeunes hommes , trois amis ,de milieu modeste ,font la rencontre de Poli ,fils d'un riche milanais . Par lui ils vont se frotter à un autre monde entre alcool ,drogue , femmes. L'histoire s'achève dans une villa dans les collines et un marivaudage tragique . Encore une fois il s'agit de la perte de l'innocence.« Tra donne sole » (1949) Clélia revient à Turin auréolée de sa réussite professionnelle dans la mode. Elle peut partager la vie des riches qui la faisait rêver dans son enfance pauvre. Elle en découvre la vacuité , la cruauté et ,parfois, le désespoir chez les plus fragiles. On pense à « La dolce vita » (moins l'humour).Point commun aux trois histoires , le mal-être des « transfuges de classe » (pour parler « moderne) , le tragique (la mort est toujours présente) .
Commenter  J’apprécie          70
Avant de l'avoir entre les mains, je me figurais que le Bel été, de Pavese, était un long récit fait de rocailles et de collines, sous le soleil radieux d'Italie. Ce n'est qu'après avoir reçu mon ouvrage — une superbe édition des années 1980, avec une typo aussi insolente que gracieuse — et après en avoir feuilleté les pages, que je me suis rendue compte de mon erreur : le Bel été est en réalité un recueil de trois textes.

Le premier, qui donne son titre à l'ouvrage, est un récit de jeunesse : celle de Ginia, 16 ans, qui vit seule avec son frère et travaille dans un atelier de couture, et Amelia, de quelques années son aînée, qui vit entre deux ateliers de peintre et un café... Les peintres, ce sont Guido et Rodrigues, autour desquelles gravitent les deux jeunes filles. Tous les quatre forment un même tableau fait de multiples clairs-obscurs tant les facettes de chacune de leurs personnalités s'accordent ou se défont au fil des jours. Tous se livrent à un étrange chassé-croisé — entretissé de désirs contraires ou inavoués, de silences ou de murmures.

C'est avec un immense regret que j'ai tourné la dernière page du Bel été, mais j'ai peut-être eu encore plus de mal à quitter le Diable sur les collines ! le narrateur, dont on ignore le prénom (est-ce Cesare ?) évoque son quotidien — ou devrais-je dire ses nuits — aux côtés de Pieretto et Oreste, étudiants comme lui. Leurs nuits sont faites d'errances et de paroles sans fin, à travers les rues de Turin. Un soir, ils décident de se rendre sur une colline avoisinante et font une étrange rencontre qui va — bien qu'ils l'ignorent encore — bouleverser leurs vies : celle de Poli. S'ensuit un court épisode (que je ne vais pas vous raconter ici, par respect pour l'intrigue) qui se solde par le départ du nouveau venu.
Le narrateur relate ensuite l'arrivée de l'été, au cours duquel ils se rendent tous trois à la campagne, chez les parents d'Oreste. Mais non loin de là, se trouve la colline du Greppo... qui n'est autre que la demeure de Poli.

Entre femmes seules est quant à lui le récit que Clélia fait de son retour à Turin, après avoir passé des années à Rome dans une maison de couture. Elle y est envoyée pour ouvrir un nouveau magasin et loge à l'hôtel. le soir de son arrivée, elle est témoin d'une scène de grande agitation, qui a lieu sur le même palier : dans une chambre voisine, la jeune Rosetta a essayé d'attenter à ses jours. Ce n'est qu'après avoir fait connaissance avec tout un groupe de la société turinoise qu'elle finit par se lier avec l'impétueuse Momina, l'amie intime de Rosetta. Entre désir d'indépendance exacerbé et désespérance farouche, les trois femmes s'interrogent à coeur ouvert, quitte à remuer certaines plaies. Mais parfois même l'amitié la plus solide ne suffit pas à combler la solitude — impérieuse et inflexible — qui s'empare de l'âme de certaines femmes.

La prose de Cesare Pavese est donc à la mesure de ses promesses et regorge de surprises. Dans chacun de ces récits, il prend le temps de monter décors et intrigues afin que ses personnages prennent peu à peu vie sous nos yeux. L'ensemble du recueil est un monde de passions — terrible — suscitant chez le lecteur un amour féroce et une douloureuse empathie. Les feux du soleil y enflamment corps et esprits, qui ne trouvent du repos qu'à l'ombre des collines.
Commenter  J’apprécie          30
J'avais été à moitié convaincue par Avant que le coq chante mais ces trois petits romans ou longues nouvelles me réconcilient avec Cesare Pavese. Il a une façon de camper ses personnages, solitaires et perdus, de les rendre sensibles et touchants d'une façon étonnante. Dans les petits gestes du quotidien plus que dans longs développements philosophiques. L'incapacité au bonheur comme une fatalité, quel que soit le milieu social.

J'ai aimé l'écriture, sobre, faite de petites phrases, même si très travaillées me semble-t-il ; la façon dont les phrases courtes s'enchaînent donne au final une sorte de rythme, presque scandé. Et de cette façon l'auteur évite le pathos que le sujet pourrait provoquer, et ne surcharge pas, cette retenue donne à mon sens de la force au récit. Comme une épure.

J'ai aimé aussi cette façon de ne pas tout dire, de suggérer, de laisser le lecteur donner ses propres interprétations, de laisser les possibles prendre forme. Tout en finesse, mais en donnant suffisamment de matière pour se faire sa propre version.
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (611) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}