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La thèse centrale de Pierre Péan, dans "Carnages" est que l'on a mal compris les " événéments" du Rwanda.

Non, il ne s'agissait pas d'un génocide des tutsis par les hutus, génocide planifié et exécuté au sens ou l'était la "solution finale" des nazis. Ce qui se serait passé serait beaucoup plus généralisé. Il y avait une diaspora tutsi, qui avait émigré dans les pays environnants, mais particulièrement en Ouganda. Celle-ci voulait rentrer au pays, mais comment faire quand les hutus sont au pouvoir ? En provoquant une crise. L'avion présidentiel ( dans lequel se trouvait aussi le président du Burundi ) est abattu. Les tutsis, armés entrent au Rwanda. L'armée Rwandaise riposte, mais est elle même composée d'hutus et de tutsis, elle se scinde donc, ou elle éclate.Des vagues de réfugiés prennent la fuite, déplacant d'autres populations sur leur passage. Les tueries sont vengées ce qui appelle d'autres tueries dans un cycle infernal. Rappelons que hutus et tutsis parlent la même langue, que les populations sont géographiquement imbriquées et fysiquement indistinctes. Bref, bientôt les hutus massacrent d'autres hutus croyant tuer des tutsis, et les tutsis tuent des tutsis croyant supprimer des hutus. C'est un massacre généralisé, une guerre civile tous azimuths.

Un guerre dont les tutsis, cependant, sortent vainqueurs.. Et dans ce cas, ce sont les vainqueurs qui ont écrit l'histoire.

Pourquoi a t-on laissé faire ? Pourquoi l'histoire retient elle que les hutus seuls ont perpetré un génocide planifié envers les tutsis ? Parce que la région est instable. Parce que mettre en question la vérité officielle pourrait remettre le feu aux poudres.Parce que les puissances qui parrainent l'Afrique ont tout interêt à préserver la paix, fût elle injuste. Et, peut-être aussi, parce qu'en Europe et aux USA la page Rwandaise a été tournée il y a longtemps ?

C'est loin, le Rwanda. Mais ce qui se passe en ce moment en Europe de l'Est ( Ukraine) , et ce qui s'est passé en Europe de l'Ouest dans les années 1930 me disent que la barbarie, le chaos, l'éffondrement n'ont pas été définitivement bannis de notre monde européen. Sachons nous en souvenir.
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Passionnantes analyses de Péan, à lire en se disant que "même les paranoïaques ont des ennemis"...

Paru en novembre 2010, le nouvel ouvrage de Pierre Péan poursuit et amplifie le travail effectué (et hautement controversé) dans "Noires fureurs, blancs menteurs" en 2005 à propos du génocide rwandais.

Une partie (relativement brève) est consacrée à se défendre des accusations de "négationnisme" dont Pierre Péan fait l'objet depuis 2005 : il répète, avec conviction, qu'il n'a bien entendu jamais rien nié, mais que traiter le génocide perpétré par les hutus en 1994 ne doit pas conduire à ignorer les massacres de masse organisés par les tutsis du FPR la même année, puis les nombreux massacres commis par le même FPR au Congo dans les années qui ont suivi...

Le véritable propos de Péan est toutefois de replacer les vingt dernières années de l'Afrique Centrale dans le contexte du réalignement stratégique orchestré par les États-Unis, avec l'aide du Royaume-Uni et d'Israel, autour du tandem Ouganda-Rwanda du FPR, avec l'adjonction par la suite de l'Éthiopie et de l'Érythrée, avec le double objectif de neutraliser le "dangereux" Soudan (en soutenant avec succès les profondes déstabilisations de Sud-Soudan et du Darfour) et de (re)mettre en coupe réglée les richesses minières du Congo dans l'après-Mobutu (en entérinant la conquête du Rwanda et du Kivu par le FPR).

Propos ambitieux, soutenu par de très nombreux documents et entretiens, dont certains sous couvert d'anonymat. Certaines parties sont terriblement convaincantes, d'autres un peu moins...

"D'emblée, mon enquête fut difficile, car, à notre époque - celle qui a débuté après la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989 -, qu'on dit à tort plus "transparente", les faits les plus importants sont escamotés : traduisant des stratégies plus ou moins avouables qu'il importe de cacher, ils relèvent bien souvent du domaine du clandestin, dans la mesure où ils sont l'oeuvre de Forces spéciales, d'agents de services secrets, d'États agissant pour le compte d'autres États, de mercenaires... Ces jeux de l'ombre sont, de surcroît, encore obscurcis par des agences spécialisées, publiques ou privées, qui produisent à jet continu de la désinformation, puisque la guerre est désormais continuée par des batailles de communication. Même quand ils ne sont pas emprisonnés dans un militantisme trop contraignant, les journalistes, coincés par les exigences de productivité et donc par le manque de temps, ont de plus en plus de mal à approcher la vérité."

À lire en essayant de "garder la tête froide", et en se disant que même les paranoïaques ont des ennemis...
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Belle leçon de journalisme où il démonte les grandes manipulations de nos “amis anglo-saxonsˮ en Afrique de l'est avec comme bilan des millions de morts au Rwanda et au Congo où s'affrontent les intérêts américains, anglais, chinois et israéliens. L'auteur montre comment certaines ONG et autres “humanitairesˮ ne sont que des faux-nez et des cache-sexe d'intérêt autrement plus puissant. Ces “idiots utilesˮ comme les avait baptisé en son temps ont l'indignation très sélective, avec l'aise de la presse bien pensante. A la fin, la France a été expulsée au profit des intérêts américains, anglais, chinois et israéliens. Mais nos adeptes de la repentance et des autres calembredaines de nos universitaires s'en réjouiront certainement ! On ne fait pas de relations internationales avec du “droit-de-l'hommismeˮ, n'en déplaise aux guignols Kouchnerisés. Bref, à lire, bien que désespérant. Seuls les intérêts et les rapports de force pilotent la géopolitique, quoiqu'en disent les belles âmes de l'humanitaire, gogos manipulés et consentants. On lira avec intérêt le site de Védrine qui sait de quoi il parle, il a eu les mains dans le cambouis, lui.
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Ce livre aide à comprendre ce qui se passe en Afrique depuis la seconde guerre mondiale et plus particulièrement en Afrique Centrale et au Rwanda. Il montre aussi combien il est difficile de faire un bon travail de journaliste lorsque des politiques de mésinformations sont mises en oeuvre par des gouvernements et divers groupes d'activistes.
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Un livre extraordinaire face auquel je demeure impuissante pour rédiger une critique ; cette dernière sera donc courte.
Carnages est bien sûr un livre à charge, qui propose une relecture complète d'un bon nombre de conflits africains, et en particulier du centre de l'Afrique, soulignant avec hargne les intérêts géopolitiques de certaines puissances et la totale absence de la notion de non-ingérence, tant de la part des pays occidentaux (Etats-Unis, France, Israël...) que des pays frontaliers du conflit, qui abritent tour à tour des rebelles ou lancent leurs propres troupes pour piller les ressources de leurs voisins.
A la lecture de certains chapitres, la noirceur, l'indifférence et le cynisme de certaines décisions aux conséquences dramatiques (et connues d'avance) pour les populations m'ont plongée dans une sorte de dégoût monumental pour les tractations que se permettent certaines nations au nom de...la sauvegarde d'une politique, l'ouverture commerciale d'un pays, la nécessité de ne pas voir émerger une puissance régionale à la religion prohibée...
Le cas du Soudan m'a particulièrement émue.

Bref, un livre profondément marquant, gênant, empli d'analyses fines mais dénonciatrices ; l'on regrette certains passages où l'auteur s'épanche sur son auto-défense ou sur une attaque en règle de ceux qui l'ont accusé de proférer des mensonges éhontés.
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Très compliqué de donner du crédit à un auteur qui parle d'un conflit au travers du regard d'une partie des protagonistes d'un seul camp et ce sans jamais avoir mis les pieds dans le pays concerné. Sources douteuses et très partisanes d'un petit monsieur qui passe une bonne partie de son livre à discréditer des personnes qui ont vécu le génocide rwandais de très près.
Pierre Péan ne faisant pas du journalisme, mais de la propagande...
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