2 étoiles pour l'histoire vraie qui y est racontée mais la lecture n'est pas agréable.
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Qui est cette Lydie que la presse a aussitôt qualifiée de Mata-Hari de la Résistance? Un agent double? Un agent triple?...Elle sait que pèse sur elle le lourd soupçon qu'Henry Frenay lui a exprimé le jour où elle est venue lui demander son appui dans la défense de René Hardy, quelques semaines après l'arrestation de ce dernier. Soupçon qu'il réexprime ces jours-ci à la presse.
Lydie aime les bijoux. Sur la photo de Samedi-Soir, blottie dans un manteau de renard bleu, elle arbore un double rang de perles autour du cou et de lourdes bagues. Seuls les souliers plats attestent que la voyageuse n'effectue pas un déplacement mondain. Pour sortir de la gare de Laroche-Migennes, elle a pris le bras du commissaire dans une attitude presque complice. Il faut que l'on sache: Lydie ne rentre pas à Paris en tant qu'accusée. Juste comme témoin. Au poste frontière franco-Suisse, le journaliste de France-Soir a pu l'interroger. Elle lui a répondu sèchement: Je rentre parce que j'en ai assez de cette campagne de presse mensongère. Je veux me justifier et défendre René Hardy. Bien des choses nous séparent, mais je témoignerai en sa faveur car je suis persuadée qu'il n'est pas coupable.
En réalité Lydie est prête à tout pour sauver sa propre peau.Y compris, on le verra, à charger son ancien amant...
J'étais tombée dans un goulag… […] la prière, la messe […], les Rogations, les Vêpres, le Salut […].
C'était ridicule, grotesque, déconcertant et sans objet ; une perte sèche de temps. Comment se pouvait-il qu'il y eût des gens, jeunes ou vieux, pour trouver le moindre intérêt à ce genre de représentation granguignolesque, à cette atmosphère lourde et malsaine, totalement artificielle, stéréotypée, figée, sans la moindre vie, sans la moindre parcelle de vérité ?
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/gregor-pean-la-seconde-vie-d-eva-braun-53160.html
Voilà le premier livre de Gregor Péan. Et pourtant cet auteur a déjà une dizaine de titres à son actif. Comment donc ? Jusqu'à présent, c'est effectivement sous le nom de Jean Gregor que Gregor Péan était connu en librairie. Au décès de son père, le journaliste et enquêteur Pierre Péan, et ayant écrit lui-même un roman intitulé « le dernier livre de Jean Gregor », ce dernier a estimé qu'il était temps de reprendre sa véritable identité. Parmi ses précédents titres, « Transports en commun », « L'ami De Bono », « Femme seule devant sa glace » ou « L'ombre en soi », Gregor Péan témoigne d'un fort talent littéraire. Dans ses histoires, les personnages simples viennent se cogner aux mutations de la société, les silences font parfois plus de bruit que les longs discours, l'écriture audacieuse et franche ne laisse pas indifférent. Avec son nouveau roman « La seconde vie d'Eva Braun », Gregor Pean confirme cette aisance à aborder des thématiques inattendues avec un style qui lui est propre. Comme une uchronie, l'auteur invente donc un autre destin à la maîtresse d'Hitler. Et si celle-ci n'était pas morte dans le bunker du Führer en avril 1945, et si elle avait été exfiltrée et emprisonnée en Union soviétique, où une interprète la questionnait selon les bons vouloirs de Staline. Que serait-elle devenue ? Aurait-elle pris conscience du monstre qu'était celui dont elle partagea la vie ? Sur cette question, Gregor Péan construit un roman fascinant et dérangeant, à l'image de cette photo colorisée qui habille la couverture du livre. Eva Braun n'était-elle qu'une gentille idiote, telle que la Grande histoire l'a toujours présentée ? Ouvrant son récit comme une farce et imposant une gravité au fil des chapitres, Gregor Péan interpelle le lecteur, au propre comme au figuré, nous invitant à réfléchir sur les notions d'humanité et de culpabilité. Dans cette seconde vie, face aux outrages que subit Eva Braun dans sa geôle stalinienne, la rendant fragile, il nous pousse à nous attacher à elle. Mais peut-on et doit-on avoir de la compassion pour la femme du monstre ? Ce roman est fort, violent, déroutant, formidablement écrit. C'est un coup de coeur. « La seconde vie d'Eva Braun » est publié chez Robert Laffont.
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