Ma dame d'ambre rare
Armada amarrée en rade de Madère
Arbre d'ébène
Méandre de marbre
D'année en année à même de me rendre
Mon amour mon nombre d'or
Beau ramoneur de ma brume
Beau maraudeur de ma nue
Noue en bordure de ma demeure
Un bandeau brodé d'aurore
A l'OuLiPo
Champ défait jusqu'à la ligne brève
J'ai désiré vingt-cinq flèches de plomb
Jusqu'au front borné de ma page chétive.
Je ne demande qu'au hasard cette fable en prose vague,
Vestige du charme déjà bien flou qui
Défit ce champ jusqu'à la ligne brève.
Pli ou Loi?
Oulipo
Lu ou Poli?
Oulipo
Li Po ou Lulli?
Oulipo
Oïl ou Oui?
Oulipo
Io ou Lou?
Oulipo
ô
Oulipo
Le réel n'est ni intelligent ni désert
ni stérile ni insipide
il est plein de relents de pipe éteinte,
de restes de rillettes, de literies reprisées,
de petites tiges de persil, de litres de treize degrés,
plein de peignes et d'épingles
plein de stèles de sel
plein de pépites et de teignes et de lentes
plein de pitres et de gredins
de reîtres et de drilles
de dentistes de sergents en détresse
de lingères de négriers
de tripiers d'épiciers de gens de lettres
de légistes intègres
plein de grêle et de grésil
plein de plis et de rides
de pensées et de regrets
de tendresse et de désir
Alors la forme se fait mémoire,
miroir offert à la toile,
tropisme, osmose, maelström, apostille,
territoire polarisé par le soleil et les étoiles,
sommeil et promesse,
espoir et parole.
Mon amour mon nombre d'or
Beau ramoneur de ma brume
Beau maraudeur de ma nue
Noue en bordure de ma demeure
un bandeau brodé d'aurore.
à la sauvette, à vau-l'eau, à tue-tête, à la queue leu leu, alea jacta est, au su et au vu, à la va que j'te suce.
Etc.
Tel que.
Jusqu'à ce que ça éclate, que ça casse, que ça saute,
Jusqu'à ce que cesse cette quête cauteleuse,
Jusqu'à ce que le squale esseulé avale ce vécu calqué,
que la lave têtue scelle ces éclats laqués,
Jusqu'à l'escale et l'écluse,
Jusqu'à la vallée suave,
Jusqu'à la vue.
Tout au bout du petit bois commence la planète immense
ses lacs ses océans ses steppes
ses collines ses plaines ses oasis
ses dunes de sable
ses palais ses musées ses îles ses esclaves
ses belles automobiles luisantes sous la pluie
ses salutistes en capelines blanches chantant des psaumes pendant la nuit de Noël
ses notables en chapeau melon tenant conseil au Tabac de la place Saint-Sulpice
ses capitaines à moustaches embaumant le patchouli et les lilas
ses champions de tennis s'enlaçant à l'issue du match
ses Indiens à calumet assis à côté du totem en bois de santal
ses alpinistes en haut du Popocatepetl
ses canoëistes enthousiastes descendant le Mississipi
ses Anabaptistes commentant la Bible en hochant malicieusement la tête
ses petites Balinaises dansant dans les plantations de cacao
ses philosophes à bonnet pointu discutant de la pensée de Condillac dans des salons de thé désuets
ses pin-ups en maillot de bain montant des éléphants dociles
ses Londoniens impassibles annonçant un petit chelem sans-atout
Mais ici le ciel est bleu
Oublions le poids du monde
un oiseau chante tout en haut de la maison
les chats et les chiens somnolent à côté de la cheminée où une immense bûche se consume lentement
On entend le tic-tac de la pendule
Qu'est-ce que c'est que ce casse-tête ?
Qu'est-ce que ça vaut, au juste, ce vécu éclaté ?
Ces classes et ces luttes,
ces sectes, ces castes, ces cultes et ces stèles,
ces cas, ces clauses, ces actes, ces calculs, ces statuts,
ces astuces vaseuses,
avec cette seule tassée veule et lasse
- étau ajusté à cette lutte calleuse,
à ce jeu sec -
ça use, ça cale, ça jute, ça évacue.
Vécu sale,
le calva avalé cul sec - « Salut ! ça va ? » -
la lavette à javel, la sauce et le sel.
Vécu esclave,
la suée, la savate, la cuvette, l'écuelle juteuse
t'as vu ça ?
Les squelettes casqués,
la lutte avec tes lacets, avec ta veste, avec ta clé.
Tu t'attelles ? T'es claqué ?
- « C'est à quel sujet ? » -
Qu'est-ce que t'as vu ?
Ce vécu lavasse et vassal, le stuc, la tutelle,
les caves, les taules,
la salle lavée au jet, les scellés, les valets...