Dans ce bref essai de 150 pages,
Isabelle Peretz, neuro-scientifique spécialisée en neuro-cognition de la musique, aborde l'apprentissage de la musique sous l'angle des spécificités cérébrales. Son discours s'articule autour des questions “qui ?”, “pourquoi ?” et “comment ?”.
Elle établit que la musique n'est pas un domaine réservé à quelques spécialistes talentueux car “tous les êtres humains naissent musiciens”, que la musique (écoutée ou jouée) est directement liée aux centres cérébraux du plaisir (sécrétion de dopamine), que la pratique musicale régulière et intense modifie les structures du cerveau, développe l'intelligence et la concentration, facilite les autres apprentissages et joue un rôle important dans les interactions sociales. Enfin, elle évoque les cas particuliers de l'oreille absolue ou de l'amusie congénitale - le tout étayé par des statistiques, des dessins et quelques schémas.
La lecture de cet essai qui, heureusement, se lit très vite, m'a laissée quelque peu perplexe quant à son intérêt… le propos est survolé, le ton souvent (trop) affirmatif sur des questions (comme par exemple celle de l'oreille absolue) qui font encore débat chez les neuro-scientifiques, et aucune des idées avancées ne m'a parue originale ou novatrice. Quant aux pistes envisagées pour l'apprentissage de la musique en lui-même, elles sont soit d'une consternante évidence, soit parfaitement absconses : “La règle d'or est d'examiner la faisabilité et l'efficacité, et de s'assurer de la répartition aléatoire (randomisation) dans les groupes à l'étude.”... Nous voilà bien avancés !
Je ne connais pas cette auteure qui fait, si l'on en croit la 4ème de couverture, autorité au Canada. Mais il est clair que son essai - à la validité, sur bien des points, par ailleurs discutable - ne m'a rien appris que je ne sache déjà, et que j'ai trouvé sur ce même sujet bien plus de matière à réflexion dans “Musicophilie, la musique, le cerveau et nous” d'Olivier Sacks, que j'ai lu il y a quelques années.
Un livre inutile, donc, au moins pour moi, et que je ne recommande pas.
[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]