Vieillir
Le buveur de café rit
Il est triste et mal rasé
Encore six ans de jeunesse
(C’est un homme sans maîtresse
C’est un buveur de café)
Sollicitude Incertitude
L’élégance des gens perdus
(Encore six mois de jeunesse)
O mes belles mains sans emploi
Ici, ailleurs, demain, partout
Encore six jours
Encore six heures
Je m’en vais
De qui parlez-vous
Voici le verre où il buvait.
Art poétique
Je fis ce masque pour mes frères
Avec l’or que j’avais volé
(Dieu des chanteurs, ami sévère)
À ma vieille sincérité.
Que leurs dédains m’ont réjoui !
- Toute ma vie agenouillée.
Un dieu s’y est épanoui
Comme une rivière emportée.
On peut revivre ! On peut se taire…
Ô éternité sans recours
Selon ta flamme solitaire
Ma lyre a dit ce mot d’amour.
Découverte de l’évidence
La vie est simple. Je dis
Que nous ignorons sa grâce,
Masque transparent, visage
Ridicule, tu souris.
Toi, frère des champs, merci :
La vie est à ton image.
Parle donc, pour être un sage.
Soyons plus forts que l’ennui.
J’enferme les vieilles Muses,
Car ces filles ont des ruses
Terribles et sans beauté.
Vite en cage ! – Moi, j’existe
Et je vois avec fierté
Qu’on ne saurait être triste
Aux jardins que j’ai plantés.
Lectomaton, Le passage des anges, d'Odilon Jean-Périer, Foire du livre de Bruxelles 2009, stand de la Communauté française