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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ecriture très intéressante. le lecteur découvre Muette, adolescente fugueuse.
On ne connait ni son âge exact, ni son prénom, ni les véritables raisons de cette fugue.
Au fil de la lecture, des indices semblent apparaître. On apprend à connaître cette jeune fille qui nous livre ses sentiments.
On suppose une violence psychologique depuis toujours, un manque évident de communication avec ses parents, peut être même une violence physique se cache-t-elle derrière cette fugue.
Le lecteur aura-t-il des réponses, des explications ? Comment se terminera cette fuite ?
Je ne dévoilerai rien ici, dans cet avis.
L'écriture d'Eric Pessan nous rend ce moment intime. On aimerait questionner cette jeune ado. Est-elle réellement victime ? Est-ce une rébellion justifiée ou un moment d'action instantanée après une dispute familiale ?
Bref, beaucoup de questions assaillent le lecteur. Beaucoup de remises en cause également en tant que parents, sur la communication avec les enfants, sur les ressentis, sur l'impact que peut avoir l'histoire familiale.
Un roman qui questionne.
Un roman qui parle des relations avec l'autre, avec l'humain.
Et quelques touches sur la relation à la nature, à la faune.
Finalement, à travers cette histoire, Muette nous en dit beaucoup...
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Muette refuse de parler ou parle pour ne rien confier...ou ses paroles dérangent, sont niées.

Un jour, elle a 17 ans, elle décide de quitter sa maison, de fuguer. C'est cette volonté de disparaître, de rester seule, qui nous est contée. Elle ne va se réfugier qu'à quelques kilomètres, dans la grange abandonnée qui est son refuge depuis l'enfance.

Entrecoupée des paroles maternelles brutales qui lui ont laissé des bleus au coeur plus qu'aucun coup n'aurait pu le faire ( " tu es folle", " arrête de mentir", " tu m'en fais voir depuis que tu es née"), la narration flotte au gré des pensées de Muette, comme la rivière où elle essaie de se laver de ses soucis. Des pensées souvent négatives mais aussi des trouées de bonheur de la petite enfance, serrée tendrement dans les bras de sa mère.

Le lecteur est prisonnier des non-dits, il suppose, se demande si Muette exagère, s'angoisse d'un secret terrible que Muette jusqu'au bout ne dévoilera pas, il se sent frustré, même si certains mots lui laissent entrevoir la blessure profonde, en plus du rejet d'une mère qui l'a eue trop jeune et d'un père taiseux et qui semble toujours en colère.

On se sent oppressé tout au long du livre, malgré la beauté de l'écriture , les descriptions poétiques de la nature, des animaux sauvages ( quelle belle image en particulier, ce chevreuil qui effleure Muette, couchée dans la grange...). Car on est en empathie avec la jeune fille, on comprend ses souffrances d'enfant mal aimée , harcelée de mots blessants, et on se demande quelle va être l'issue de cette fuite en avant, et surtout ce qui a entraîné ce désir de partir.

La fin est inattendue et reste ouverte. Les questions demeurent.

Un livre qui pour ma part m'a laissé une impression d'étouffement, au-delà du charme particulier qui s'en dégage.
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Muette, Muette ne l'est pas, mais on lui demande de l'être, en gros. On l'accuse de mentir et on lui demande de se taire lorsque sa parole dérange. Alors elle fugue. Une fuite à travers la campagne, les bois, pour se cacher dans la grange où elle aime se réfugier depuis l'enfance.
Elle observe la nature, s'y fond, se rappelle à quel point elle exècre l'être humain, elle ressasse les paroles maternelles toxiques, mais se souvient aussi de moments de douceur avec cette mère, lorsqu'elle était toute petite.
Fuit-elle pour faire souffrir ses parents, tester leur amour ? Est-elle aussi mal aimée qu'elle le pense ? Sa sensibilité d'adolescente est-elle particulièrement exacerbée, de manière démesurée : "Elle se demande si les gestes et les mots dont elle a pu souffrir ont été faits sans penser à mal eux aussi. Jamais elle n'a envisagé les choses dans ce sens. Toujours les autres étaient les salauds et elle la victime." (p. 157)
Bref, comment en est-elle arrivée là ? Un événement particulier a-t-il tout fait basculer ?
Je n'ai pas eu de réponse à toutes ces questions, d'où un léger sentiment de frustration à la fin de la lecture, et, paradoxalement, une satisfaction. Celle de ne pas être entraînée par l'auteur dans des rebondissements spectaculaires, glauques. On devine, on imagine. Malgré ce flou, les derniers mots sont particulièrement éloquents... quoique, finalement...

La jolie plume d'Eric Pessan et certains de ses propos m'ont rappelé Annie Ernaux et Inès Cagnati ('Génie la folle'). L'histoire est belle et aussi dérangeante que le ton, alternant douceur, douleur et rudesse. Malgré cela, j'ai eu beaucoup de mal à suivre le récit, à ne pas m'échapper du texte, que j'ai trouvé long et ennuyeux, comme le dit en substance Muette à propos des "films magnifiques".
--- Un moment intense et marquant : la façon dont Muette, enfant, aimait sa poupée.
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Muette quitte la maison, la maison où elle se sent si mal , si mal-aimée,entre son père qui ne parle pas ou seulement en criant quand il est en colère et sa mère toujours affairée, toujours en mouvement qui la houspille toute la journée ....
Muette s'en va , certes pas bien loin mais elle part .
Qu'est-il donc arrivé à Muette pour qu'elle craque ?Les phrases assassines de sa mère "tu es folle ma fille" "tais- toi" "mais parles donc "" elle nous rendra fous"
"arrête de mentir"...;
L'hypersensibilité de Muette face aux misères du monde, des migrants, des réfugiés, lui donne l'envie de fuir ce monde indifférent et de se retrouver dans sa tanière une vieille grange désaffectée . Là elle est bien , en pleine nature , elle renaît à la vie lui semble t 'il elle apprend à être elle-même , à se détacher de la Muette digne fille de sa mère !
Eric Pessan signe là un superbe ouvrage , plein de retenue mais ô combien percutant .Son choix de raconter Muette par le truchement d'un narrateur donne à son écriture une fluidité de ton et nous fait ressentir le sentiment de liberté "conditionnelle" de cette adolescente en mal de vivre . Bien sûr nous ne saurons pas le motif profond de cette fugue ( 'c'est grave ce que tu racontes, si tu l'as inventé cela peut faire très mal p 94) mais nous l'accompagnerons longtemps elle et tant d'autres une fois ce livre refermé
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Depuis sa naissance non désirée, Muette souffre du désamour de sa mère. Complètement désoeuvrée, elle fugue et s'installe dans une grange pas très éloignée. Durant le laps de temps passé hors de chez elle, on la suit depuis son départ jusqu'à son retour. Tout au long de cette lecture, on devine la souffrance d'une fillette de cinq ans, jusqu'à ses seize ans, la découverte de sa féminité jamais évoquée par sa mère et pour cause. Son quotidien n'est qu'une longue suite d'insultes, des propos cinglants qu'elle évoque durant son escapade. " Tu nous auras tout fait "- " Il n'y a que toi pour te fourrer dans des ennuis pareils "- " Arrête de mentir " - "Sors de ta chambre". " Ma pauvre fille, tu es complètement folle " Tel est le langage fleuri qui martèlent ses oreilles à longueur de journée.

Muette, elle ne l'est pas vraiment, mais à force d'être la cible de sa mère, elle se referme sur elle-même, enfonce ses écouteurs sur les oreilles pour ne pas entendre le chapelet d'insultes dont elle fait l'objet.

Une folle idée germe dans son esprit. Fuguer, tenter une brève disparition, histoire de créer une belle frayeur à ses parents, particulièrement sa mère qui, heureuse de retrouver sa fille saine et sauve, lui exprimera enfin son amour, une parenthèse enchantée dans la nature, à la découverte d'un monde qui la fascine. Les prairies, les animaux sauvages, les insectes, tout l'émeut par son extrême sensibilité.
Hélas, à son retour, tout ne se passe pas comme elle l'avait imaginé et force est de constater qu'elle restera une malédiction dans l'esprit tordu de sa mère.

Eric Pessan évoque avec justesse, le portrait d'une enfance dévastée par une mère perfide, emmurée dans un paradoxe étonnant dont Muette portera à tout jamais les stigmates. Une lecture déchirante, émouvante au possible, d'une adolescente en pleine évolution en pleine révolution.
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Muette fugue ; non pas pour aller retrouver un improbable amoureux, non pas pour parcourir le monde, mais pour se retrouver, loin d'un père qui ne parle, ne lui parle, jamais et d'une mère qui ne la regarde pas, tout en n'étant qu'à quelques kilomètres de chez elle, dans une grange abandonnée depuis longtemps. L'indifférence de la mère est insupportable dans l'épisode de la marche dans le sable si chaud qu'il brûlera la plante des pieds de Muette. Bien sûr, la mère accuse sa fille et la petite de 5 ans le pense vraiment « Et Muette se tait, elle croit sincèrement que tout est de sa faute, qu'elle s'est mal comportée, qu'elle a fichu en l'air la journée de sa mère et la sienne. ». Toujours à rabrouer Muette, fille non désirée, née alors que la mère est juste lycéenne ; « Je n'ai pas choisi, je n'en voulais pas de cette enfant » Ce bébé qui a « gâché » les rêves de la mère. Tout ce fiel retombe sur la petite fille qui écoute sans broncher ces phrases assassines.
Pourtant, il y a eu de l'amour entre elles lorsqu'elle était petite « Muette –petite et confiante- se blottit dans les bras tendus, au chaud….. Muette se relâche, se détend, jure à sa mère qu'elle l'aimera toujours et sa mère jure en retour qu'elle la protégera toute sa vie, »

Bien sûr, les gendarmes la retrouve et la ramène chez elle, mais sa fugue n'a rien changé « Elle va parler et Muette prie pour que cela ne soit ni un reproche ni une demande d'explication. En ce sens, elle est exaucée. Ma pauvre fille, dit la mère, tu es folle. »

Le monologue de Muette est entrecoupé des « gentilles phrases assassines» que certains ont eu la malchance d'écouter de la bouche d'un parent, d'un enseignant, d'un conjoint. Là, elles sortent de la bouche de ses parents et elles paraissent si justes : Arrête cette comédie. On t'aura prévenue, à croire que tu le fais exprès pour nous donner des soucis.
« Muette dépoussière ses pensées, elle y déniche des questions qu'elle n'a jamais formulées, des questions qui se sont heurtées aux regards fuyants et coléreux de son père, à l'empressement de sa mère, maman ? Plus tard maman s'il te plaît. Plus tard j'ai dit, ne traîne pas dans mes pattes.
Epargne-moi la honte. Moi, je t'ai tout donné, tu pourrais me respecter.
Elle n'a eu que ce qu'elle mérite….
Ce livre, presqu'un « hymne » à l'indifférence, fait peur. Toutes ces petites phrases alignées bout à bout ont détruit Muette plus sûrement que des coups.

Muette n'est qu'émotions devant le monde qu'elle découvre à travers les informations. Ces parents ne comprennent absolument pas. Les infos de la télévision ne sont, pour eux, qu'un bruit de fond qui ne désamorce pas leur indifférence, leur petite vie étriquée de ceux qui n'ont pas, qui ont peur de…. Vivre ??? . Si Muette ne parle pas, ce n'est pas par infirmité mais parce qu'elle se l'est imposé et pourtant : «Souvent, Muette parle. Les choses ne se réduisent pas à une grossière simplification, il ne faut pas croire. Manier les mots, Muette sait le faire ; ouvrir la bouche, arrondir les lèvres et tordre la langue pour articuler des phrases, elle y parvient si bien que beaucoup se leurrent et ne voient pas qu'au fond d'elle, elle est Muette

Ce livre est dur. Les monologues de Muette sont ponctués par les phrases quotidiennement et banalement assassines de sa mère et ses petites phrases font mal, très, très, mal. Oui, vraiment c'est ce que je retiens de ce livre.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Voici un roman bref et délicatement ouvragé qui installe son lecteur dans le psychisme d'une adolescente en crise. le récit est construit sur l'alternance entre la voix principale du narrateur et un autre voix qui laisse jaillir les remontrances que muette a subi pendant toute son enfance.
Un style alerte et proche de la nature sert une histoire tendue où on découvre petit à petit tous les souvenirs, plus ou moins traumatiques, de Muette. On est proche du trouble mental, on est proche de la maltraitance, on est très proche d'un vécu traumatique extrême pendant l'enfance de Muette...
L'écriture subtile distille un climat névrotique avec brio, cela peut être oppressant pour des lecteurs sensibles. Certaines scènes sont crues. Une expérience inédite dans les méandres d'un être en devenir.
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"La lame n'est jamais fatiguée de trancher."

Les paroles de la mère de Muette sont des lames, elles ne font que blesser, rabaisser. Et le père de Muette n'est d'aucun réconfort, bloc de silence qui rejette, et ne se fissure que pour émettre des colères homériques.

"Tu nous casses les oreilles."

Ça suffit, Muette s'en va.

"Tu vas nous rendre fous."

Loin du grouillement de la ville et de l'humanité, Muette fugue calmement, comme une mer d'huile au dessus d'une tempête sous-marine. Refugiée dans une grange proche de la maison parentale, elle s'absorbe dans le maelström de ses propres questions, une exaltation d'adolescente aux désirs grandissants, prisonnière de son retranchement, de cette digue érigée pour refouler la souffrance des lames de la mère et des silences du père, et de leur inlassable avilissement.

"Peau d'oignon, couche après couche, Muette atteindra-t-elle jamais son coeur muet ?"

Muette se rêve terrée, furtive et agile comme un animal, lapin ou chevreuil, sans pensées, sans cruauté, seulement habitée d'instincts.

Sur un fil, Eric Pessan rend avec justesse l'équilibre délicat de la volonté de fuite et du retranchement de Muette, de sa culpabilité et de ses désirs qui grandissent. Et lorsque Muette marche le long des voies de chemin de fer, une fenêtre s'ouvre sur un autre de ses romans, «Incident de personne», sur la voie du silence, du retranchement et de l'échappatoire.

Un récit sobre et impressionnant.
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Nous allons suivre la fugue de Muette, une jeune lycéenne qui n'en peut plus. Rejetée par ses parents depuis sa naissance non attendue (sa mère était en seconde), rabaissée continuellement, déconsidérée par sa famille, méprisée et humiliée elle parait transparente, et donc muette.

Elle décide de quitter sa maison et d'aller se réfugier à quelques kilomètres dans une grange délabrée où elle a l'habitude de se rendre.

Seule dans cet endroit, elle revient sur sa vie, sur les petites phrases qui l'ont parsemées. elle abhorre les être humains et espère trouver dans cette fugue le calme d'une vie en osmose avec la nature. Mais il n'est pas si facile de vivre en autarcie.

Muette est une enfant hypersensible, en pleine adolescence : est ce que ce mal de vivre est dû à son émotivité ou est ce que ses parents sont effectivement ces êtres abjectes qui l'enfoncent ?

Un livre dont j'ai aimé la construction : le monologue de la jeune fille ponctué par les phrases assassines de sa mère. Et même si j'y ai trouvé quelques petites longueurs, c'est un roman qui me restera en mémoire.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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L'une de mes belles surprises de cette fin août : l'art de la fugue à hauteur d'enfant.

Publié fin août 2013, le septième roman d'Eric Pessan réussit une bien étonnante prouesse, en s'installant pour quelques jours, avec crédibilité, grâce et poésie, dans la tête d'une adolescente mal-aimée fuguant en campagne.

D'un sujet qui ne m'aurait sans doute guère "naturellement" attiré, l'auteur, heureusement déjà intriguant et émouvant dans la mystérieuse balade en forêt, forgée au contact étroit des photographies du plasticien Mikaël Lafontan, qu'était "N", paru en 2012 aux Inaperçus, a su tirer une rare et magnifique incursion à hauteur d'enfant, alliant ainsi au coeur de son récit l'extraordinaire sens pratique, l'inventivité, la subtilité qui peut caractériser cette prime jeunesse, associée à un tout aussi stupéfiant aveuglement ou oubli de réalités.

Faire naître une poésie authentique et captivante de prémisses aussi inattendues, marier étroitement psychisme torturé, évidente simplicité de la vie et échappées bucoliques péri-urbaines : une belle réussite, et une lecture étonnamment nécessaire.
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