La reine de rien

Plus je lisais ce roman, plus je me faisais la réflexion que si le personnage principal était un homme plutôt qu'une femme, on assisterait à un ressac certain. En effet, alors que sa petite famille va bien, que son mari est un père exemplaire de son propre avis, une femme décide de batifoler avec un nouveau collègue, alors que celui-ci ne veut pas vraiment; la notion de consentement a-t-elle un sexe? Par la suite, elle va s'engager dans une relation avec un homme marié, toujours en se foutant des conséquences possibles. Et, lorsque le chat sort du sac, elle semble étonnée et désarçonnée; ben voyons! On parle ici d'une femme intelligente avec une belle carrière, qui l'intéresse. Qu'elle soit tannée de vie conjugale et parentale, je veux bien. Mais que ce soit de cette façon qu'elle s'en sorte m'a semblé à la fois peu crédible et pathétique.

Jamais je n'ai eu une seule once de sympathie pour le personnage de Catherine. J'ai trouvé que les personnages de Fred et Mathieu étaient de vraies caricatures. J'avais pourtant adoré “La déesse des mouches à feu” de la même autrice, notamment pour une certaine fougue dans l'écriture et un ton personnel accrocheur. Ces qualités y sont encore ici, encore faudrait-il qu'il y ait un propos à la hauteur.

Par le glaive ou le glas, Catherine, reine incontestée de l'univers, risque tôt ou tard de perdre la face de son lustre à force de jouer à la roulette russe. Contre les affres les obligations, elle se la fait paria et parie aveuglément, et sur la ligne de front, joue le magot de ses avoirs pour une question de connivence et d'évasion. Existentielle, de la quarantaine, une crise n'attend pas l'autre, et malgré les dédales les détours, les plumes de sa superbe s'en retrouvent éprouvées, Catherine sans son trône, devenue « La reine de rien » de Geneviève Pettersen, où « consciously uncoupling » n'est qu'une voie parmi d'autres, aucune d'elles n'offrant de garantie, loin de toute tragédie.

Cet roman assez court nous permet de retrouver l'héroïne de la déesse de la mouche à feu. Mariée, deux enfants, un mari dévoué, une carrière de journaliste qui décolle. Tout semble aller pour le mieux. Pourtant Catherine n'est pas satisfaite par cette vie. Elle ira donc au bout de ses désirs quitte à tout perdre.
J'ai trouvé la lecture de ce roman plus facile que la mouche, bourrée de langue orale pur québécois. Je trouve ce roman très moderne et dans l'air du temps. Quelle place aujourd'hui pour les femmes qui s'assument elles et leurs désirs, celles qui ne veulent plus s'enfermer dans ce rôle de mère ou d'épouse, celles qui au final agissent comme un homme mais qui se font jugées. Difficile encore aujourd'hui d'être la femme qu'on voudrait être avec toutes les injonctions et les contraintes que la société nous impose et que nous nous imposons nous-même.

Sujet : la fin du couple. Personnage principal : Catherine qui a maintenant 40 ans. J'ai détesté sa façon d parler des autres femmes. Elle est haissable également dans sa façon de parler de son mari. On a seulement un peu de sympathie pour elle vers la fin. Trop tard. La Catherine rebelle n'est pas du tout attachante. Pas pour moi