Johan et Pirlouit, tome 2 : Le maître de Roucybeuf

Ah! l'heureuse époque où l'on suivait les aventures de ses héros favoris de l'hebdomadaire Spirou chaque semaine... L'album ne venait qu'après, sous une couverture savamment colorée et judicieusement composée. Tenez: comme celle de cette deuxième aventure du page Johan Le maître de Roucybeuf.
Peyo, avec ce récit, conforte sa position dans la brillante équipe des dessinateurs qui font Spirou. le jeune page du roi prend de la hauteur et les lecteurs vont redemander de ces aventures.
Pour l'heure, on est en 1953 et Spirou se doit d'offrir le meilleur face à son concurrent Tintin. Et Peyo de visiter l' époque médiévale sous un jour plus humoristique qu'amène son trait rond... Dans l'album suivant, arrivera Pirlouit qui deviendra l'inséparable compagnon et faire-valoir de Johan. Plus tard, ce seront les Schtroumpfs dont le succès raréfiera les aventures de Johan et Pirlouit.

Amusant, sans plus.

Après la lecture de quelques Astérix, cette aventure de Johan semble bien fade et les dessins plutôt simplistes. N'empêche que l'histoire se tient, c'est une petite enquête qui ne manque pas de peps même si le dénouement est assez prévisible.

Comme ça se passe au Moyen-Age, j'ai quand même envie de continuer pour voir si les personnages s'étoffent un peu. J'ai déjà beaucoup aimé la soi-disant sorcière qui est en fait une guérisseuse comme souvent à cette époque là :-)

Et tient, c'est d'un drôle, l'aventure se termine par un banquet :-)

Pour les fans de Pirlouit, ce tome est peu emballant. Pourtant, on a une vraie BD de chevalerie, avec complots, traîtres, plans, rançons, culs-de basse-fosse, duels, etc. Peyo a bien potassé ses classiques. Personnellement, c'est un de ceux que je relis le plus souvent et avec un plaisir non dissimulé.

Peyo atteint pour ce deuxième opus des sommets, à mon avis, dans le scénario. Si on réfléchit bien, quand on arrive chez Rachel, la sorcière, aux alentours de la planche 18-19, on a un un récit qui a progressé à un rythme
d'enfer. Retour du chevalier, attaque dans l'auberge, un grand méchant et trois candidats possible à ce poste, un traître, un empoisonnement, une sorcière... Et des répliques qui font mouche.

Une mention toute particulière pour le casting. Garin, Boémond, Rachel, Hughes, Amaury ou Bertrand, voire les hommes de main, ils sont croqués en un rien de temps et avec quelques attitudes et répliques, Peyo les résume magnifiquement.

Le trait reste simple mais par rapport au premier tome, on a progressé de manière incroyable. Les visages, les mouvements... tout cela est rendu avec une force et une efficacité. Les décors laissent encore à désirer, toutefois.

A l'instar du premier tome, on a une étincelle, ce je-ne-sais-quoi qui fait que l'on accroche. Un souffle, une atmosphère, un héros...

Pourtant... ce tome reste désespérément sérieux. Un peu de comique de situation, quelques répliques (mais finalement fort peu), et c'est tout. Comme je l'ai dit, ce sérieux ne me déplaît pas. C'est juste différent. le comique de Pirlouit sera certes bienvenu, mais l'atmosphère s'en ressentira (ce n'est que mon point de vue). On a un grand album qui annonce les futurs chefs d'oeuvre de Peyo.

Le maître de Roucybeuf est le second album de la série originale de Johan. A mon avis, c'est loin d'être le meilleur – et pas seulement en raison de l'absence de Pirlouit dans ce volume. L'histoire me semble quelconque. Le chevalier Hugues, le fils aîné du baron de Roucybeuf, revenant au pays après 3 ans d'absence, apprend que son père a disparu mystérieusement. Dans cette affaire, son cousin Thibaud, son oncle Amauri et son frère cadet Bertrand figurent parmi les suspects. L'un d'entre eux est certainement un gredin sans scrupule, mais lequel ? Johan intervient et démasquera le coupable.
L'histoire est facilement compréhensible par les enfants; elle est simple et sympathique. Mais ça manque beaucoup de fantaisie et d'humour. Je préfère – et de loin – "La source des dieux" et surtout "La flûte à six schtroumps", par exemple.

Deuxième histoire de Johann sans Pirlouit... ce qui fait que l'humour est encore assez peu présent dans ce tome, même si Johann semble plus farceur en grandissant. L'intrigue s'étoffe également, avec plus de rebondissements, de suspense, de mystère.Une belle galerie de personnages, bien dessinés, au sens propre comme au figuré. Mais on attend quand même un peu plus et c'est sans doute cette même réflexion qui a poussé Peyo à adjoindre à son héros plein de bravoure un pendant opposé physiquement qui équilibrera sans doute le tout.