Cléopâtre, reine du Nil

Tout était à vendre à la cour d’Alexandrie la loyauté comme le reste. L’honnête homme était la perle rare. Mais Cléopâtre avait la passion des perles rares.

Il y avait d’autres armes que la force. D’autres armes dont son intuition de femme lui faisait pressentir l’efficacité.

Mieux que quiconque, elle savait la vanité de ces calomnies. Toutes ces manœuvres donnaient une piètre idée de la société patricienne. Où le poignard et le poison n’osaient encore intervenir, la médisance se donnait libre cours.

Elle se sent à la fois lasse et pleine de désirs secrets. Elle vient de s’évader d’un cauchemar pour naître à une réalité redoutable qui aiguise déjà sa faim de vivre.

Quelques instants plus tard, il se retrouvait dans un cabinet attenant à la grande salle d'où venaient des bruits de fêtes. Il se mettait en devoir de dénouer les liens du tapis, quand une voix lui fit dresser la tête :
- Que m'apportes-tu-là ?
Appolodore s'inclina. César, ce petit homme maigre et pâle, dont on ne savait s'il souriait ou grimaçait, était devant lui.
- Allons, presse-toi, dit César ! On m'attend.
La dernière courroie détachée, Appolodore déroula lentement, religieusement, la natte.
- Quelle est cette plaisanterie ? bougonna César.
Il considérait sans bienveillance la jeune femme menue qui se tenait debout devant lui dans sa tenue d'esclave et le regardait en souriant avec effronterie.
- Qui es-tu ? interrogeait César d'une voix irritée. Que me veux-tu à la fin ? Parle !
- Excuse cette supercherie, dit Cléopâtre. Mais il n'y avait pas d'autre moyen de parvenir jusqu'à toi. Mon frère Ptolémée fait rigoureusement surveiller tes approches.
- Cléopâtre ! Est-ce vraiment toi, Cléopâtre ? Dans cette tenue ! Dans cette natte ?

Les légions ! Vois ce que l’alcool et les filles en ont fait : un troupeau de porcs.

Il n’y a pas de mauvaises batailles. Il n’y a que de mauvais généraux.

Ne regrette rien. Chacun de tes doutes est une arme donnée à l’adversaire.

La vie était une coupe pleine d’un breuvage amer.