Jeanne est écrivaine et l'aînée d'une fratrie de trois filles. Sa mère, malade d'un cancer, est mourante. Jeanne n'arrive pas à concevoir sa mort et surtout les souffrances qu'elle endure. L'impuissance face à cette situation douloureuse et insoutenable, qui dure depuis 6 ans, l'a conduite à fuir en avant . La vision d'un documentaire sur Jack Preger, fermier Gallois devenu médecin humanitaire, sera un prétexte pour partir en Inde et chercher inconsciemment la force et le chemin vers le deuil futur d'une mère aimante et tant aimée. Ses deux plus jeunes soeurs engagées dans des missions humanitaires se relaient au chevet de leur mère afin de permettre à Jeanne de réaliser ce voyage salutaire.
Cet écrit est un moment autobiographique réel vécu par l'autrice. Il s'apparente à la fois à un journal intime évoquant les pensées personnelles de Jeanne sur la fin de vie de sa mère et à la fois à un journal de bord sur sa rencontre avec Jack.
L'écriture de
Jeanne Pham Tran est tout en délicatesse et tendresse. Malgré la gravité du propos je l'ai trouvé lumineuse. Les mots choisis sont adaptés et les phrases sont sublimes. C'est vraiment agréable de lire un texte aussi bien écrit.
Certains passages sur la fin de vie de sa mère sont criants de vérité. L'épreuve est partagée entre soeurs, ce qui rend le chagrin plus vivable. Cette entraide est très bien décrite et bouleversante. Toute la partie centrée sur la maladie et son inéluctable agonie est parfaitement retranscrite. Elle m'a beaucoup touché et m'a renvoyé à ma propre expérience personnelle. Pas de pathos ni de dramaturgie mais un texte d'une grande justesse.
“Avec mes soeurs, nous pouvions parler de ce sentiment qui nous déchirait : nous souhaitions et nous craignions en même temps la mort de notre mère.”
Malheureusement, les écrits concernant Jack Preger ne m'ont pas convaincu.
Ils portent sur une réflexion profonde de l'autrice, sur la quête de soi et d'un père. Cela aurait dû être percutant mais ça n'a pris. le texte reste subliment écrit mais le fond ne m'a pas intéressé. le personnage de cet homme bougon au grand coeur ne m'a pas interpellé, je me suis même ennuyée. Je reconnais que sa vie est étonnante mais elle ne m'inspire pas.
Au final mon avis compte peu, le plus important est que l'autrice ait trouvé le lien nécessaire à son apaisement. Je lui souhaite de tout coeur.
Un premier livre qui donne l'envie d'en attendre d'autres.