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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jeanne Pham Tran aime sa mère qui lutte depuis sept ans contre un cancer, et ses deux soeurs qui travaillent dans l'humanitaire. Elle est éditrice en banlieue parisienne, mais un jour, après avoir vu un reportage sur Jack Preger, elle décide de tout quitter pour aller à la rencontre de cet homme âgé.

Elle le voit comme un héros des temps modernes. A l'issue d'Oxford, il est devenu agriculteur, puis a repris après plusieurs années ses études, pour enfin devenir médecin de rue au Bangladesh puis à Calcutta. Cependant, même les grands hommes ont des fissures, comme pour lui la paternité. Jeanne Pham Tran va le suivre pour comprendre son engagement et se chercher elle-même.

Dans ce voyage entre l'Inde et l'Institut de cancérologie Gustave Roussy, elle va se construire, comme sa mère et comme Jack, à partir « de rage et de lumière ».

La médecine de rue est mise en valeur dans sa proximité avec l'éducation, l'hygiène et le lien social. L'accompagnement de fin de vie est présenté sans jugement des proches qui se relaient pour continuer à voir la beauté de la vie.

L'écriture, fluide, est parfaitement adaptée à ce cycle de questionnements et pousse à ralentir. En revanche, il est étonnant de qualifier cette oeuvre de premier roman dans le sens où il n'existe pas de côté fictionnel, mais qu'il s'agit plutôt d'une description et d'une analyse réussie du vécu de l'autrice de Paris à Calcutta.
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Jeanne nous raconte ici la tempête ayant succédé à l'annonce de la grave maladie de sa mère.
Voulant échapper à la souffrance de cette dernière, car il est insupportable de voir ceux qu'on aime souffrir, elle profite de son ébahissement envers Jack, un être incomparable, à la fois plein d'humanité et détestable, dont elle a fait la connaissance au cinéma, pour fuir en Inde où il pratique encore à 87 ans la médecine de rue. Un roman dont les deux histoires se croisent et se recoupent. La maladie, les chimiothérapies, les soeurs qui soutiennent et remplacent auprès d'une maman d'un côté et, de l'autre l'aide humanitaire, un homme difficilement atteignable se livrant par à coups, qui permet à la narratrice de prendre du recul face aux difficultés que vit sa famille. Un roman plutôt agréable à lire même si j'ai parfois eu du mal à comprendre les motivations de l'autrice de partir si loin lors des derniers instants de sa mère. Mais peut-être en avait-elle besoin pour survivre elle-même. de belles envolées poétiques et des héros humains et attachants.
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Jeanne découvre Jack dans un documentaire. Depuis des années, il dévoue sa vie au soin des plus démunis dans les rues de Calcutta. Tandis que sa mère s'éteint, elle n'a qu'une obsession : partir en Inde et le rencontrer. le vieux gallois, secret et irascible, va se confier et déployer petit à petit des pans inattendus de sa vie.
Entre Paris et Calcutta, un premier roman lumineux sur le deuil et la quête des possibles.
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De rage et de lumière
Jeanne Pham Tran
roman
Mercure de France, 2023, 204 p


C'est un roman étonnant, écrit avec retenue et une grande élégance. Une jeune femme, la narratrice, se rend à Calcutta pour interviewer un homme hors du commun -elle l'a découvert à travers un documentaire, le Docteur Jack - alors que sa mère se meurt à l'hôpital d'un cancer à 59 ans. Avant de partir, elle a comme demandé à sa psychologue l'autorisation de le faire, et sa psychologue lui a dit que ses soeurs prendraient le relais. Ses soeurs travaillent dans l'humanitaire, elle non, elle est dans l'édition. A-t-elle le coeur sec ? s'interroge-t-elle. Elle est dans la quête d'elle-même, elle que son père a quittée avec ses soeurs et sa mère. Que fuit-elle ?
A Calcutta, elle trouve celui qu'elle est venue voir, Jack Preger, un homme grincheux et entier, qui pratique la street medicine. C'est un Juif orthodoxe, venant d'un milieu de petits commerçants, qui a fait de brillantes études à Oxford, et s'est établi comme fermier au pays de Galles dans un endroit inhospitalier, battu des vents. Sa femme ne s'y est pas adaptée, et en est partie avec leur fils. Il a poursuivi son travail dans cette ferme trop grande et trop isolée, où le curé lui envoie d'anciens prisonniers pour l'aider et que Jack assiste dans leur réinsertion sociale ; il s'est rapproché d'une jeune femme venue y travailler, mais elle est partie elle aussi. Il a éprouvé une immense solitude, et dans son désarroi a reçu la visite du Paraclet -qui n'existe pas chez les Juifs- qui lui a enjoint de faire des études de médecine.
Il a fait ses premières armes de médecin au Bangladesh, reste marqué par tant de souffrance et de misère chez les réfugiés faméliques. En Inde, il se bat pour que l'hygiène soit partout, et que les enfants puissent aller à l'école. Ce qui frappe chez lui, c'est l'attention qu'il porte aux autres. Son regard est puissant. Il voit ce qu'on ne voit pas, ou ce qui ne se voit. Il agit sans se soucier du résultat, sans attendre de récompense, une philosophie, songe la narratrice, qui pourrait venir de la Bhagavad Gîtâ.Il n'est pas tendre avec l'institution religieuse, trop limitée, elle qui ne soigne pas et ne fait qu'accompagner les malades. Aussi est-il réservé à l'égard de mère Teresa à propos de qui on l'interroge au moment où se fait son dossier en vue d'une béatification.
Mais Jack ressent qu'il a raté sa vie, qu'il est un mauvais père, il a quatre enfants, mais c'est plus fort que lui, il doit soigner les plus humbles. Jack ne sait pas dire non plus aux gens qu'il les aime.
Grâce à cette rencontre, la narratrice vit de façon intense la relation avec sa mère. Elle découvre qu'elle est catholique. Elle sait l'amour qu'elle voue à la beauté et lui promet sur son lit de mort d'entourer sa vie de beauté. La narratrice reçoit et écoute ces leçons de vie. Elle se rend compte qu'elle veut écrire sur la part invisible de Jack. Celui-ci et sa mère deviennent ses héros, des saints presque, mais en tenant compte que tous deux ne sont que des hommes, avec leurs faiblesses.
le lecteur apprend aussi sur l'Inde, pays surpeuplé où la misère est énorme, où les gens se résignent à leur sort sans énervement, pas comme à Paris. Il circule avec la narratrice dans des dédales de rues bruyantes, dans des bidonvilles. IL s'étonne de ce marchand de fruits, et l'admire, qui fait don d'une banane à la narratrice.
C'est un beau roman, discret, qui nous fait descendre en nous-même et nous rend plus fort.
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« Prendre soin de la beauté. de quelle beauté parlait-elle ? Comment peut-on encore employer ce terme alors que nous sommes témoins des injustices, de la violence, de l'enlaidissement du monde ? Comment peut-elle penser à la beauté dans cet état de souffrance et d'épuisement ?
Avec quelle ardeur et quelle grâce elle se bat. Je me demande d'où lui viennent cette force d'âme, cette façon de rester si attentive aux autres, sans jamais céder au cynisme ni à la haine. Elle s'est armée de bonté comme d'autres s'arment de colère. Elle s'est élevée. de rage et de lumière »

Que c'est beau de lire les premières écritures, le premier roman d'une autrice.
Ce roman est un bouleversant hommage à sa mère, décédée d'un cancer, et un homme, le Docteur Jack Preger, qui a arpenté une partie de sa vie les rues des bidonvilles de Calcutta.

Ce roman est inspirant, l'autrice nous apporte un nouveau regard sur le monde, la pauvreté, la maladie, la famille et nos choix de vie.
J'ai adoré la partie sur Jack Preger : un personnage assez austère de prime abord mais qui, par ses choix de vie, a apporté énormément aux personnes les plus démunies. Au détriment de sa famille, de ses enfants, de ses relations amoureuses, il a décidé de donner son temps, son énergie et son savoir à toute une partie d'une population n'ayant même pas accès à l'eau courante ou à l'électricité.

Ce roman est touchant également avec les passages sur sa mère, ses dernières heures de combat, l'accompagnement que l'autrice a pu lui apporter. En parlant de sa mère, l'autrice nous livre un bouleversant témoignage d'amour.
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Pendant que ses deux soeurs sont à l'étranger pour travailler dans l'humanitaire, Jeanne accompagne sa mère, atteinte d'un cancer.
Un après-midi, elle entre au hasard dans une salle de cinéma et tombe sur un documentaire concernant un médecin arpentant les bidonvilles de Calcutta. C'est le déclic. Jeanne n'a plus qu'un objectif, rencontrer cet homme et écrire un livre sur sa vie.
Ses deux soeurs prennent le relais auprès de leur mère et Jeanne s'envole pour la mégalopole de Calcutta.
Si le médecin se montre bourru et réfractaire au premier abord, Jeanne finit par réussir à tisser un lien avec cet homme hors-du-commun.

Ce premier roman est une merveille d'écriture. Avec courage et détermination, elle va au bout de l'écrit comme au bout de sa quête. Tour-à-tour poétique, philosophique mais jamais lourd, le texte de l'autrice se dépose sur la page par petites touches, comme un peintre crée son oeuvre picturale.

Roman ou autofiction? Qu'importe! Seule l'autrice connaît la limite floue entre les faits et le récit qu'elle en ressort. Aventurière des temps modernes, elle nous embarque dans l'avion à ses côtés pour partir au bout du monde à la rencontre d'un homme qu'elle ne connaît pas et qui ne souhaite pas être connu. Il l'a prévenue: il ne veut ni livre ni documentaire à son effigie. Encore moins avoir quelqu'un à sa suite quand il déambule dans les venelles de Calcutta.

Jeanne ne sait pas vraiment ce qu'elle va y chercher mais elle nous donne des indices sur ce qu'elle a besoin de fuir: sa mère mourante. Non pas sa mère en tant que personne mais le fait qu'elle soit en train de mourir. le voyage va lui offrir un espace salutaire lui permettant le recul et l'acceptation.

Et comme une rencontre est à double sens, les deux protagonistes vont ressortir grandis. Ce livre interroge nos rapports aux autres, au monde, à la maladie, au deuil.
On dit souvent qu'il faut partir loin pour aller à sa propre rencontre. L'autrice a eu le courage de le faire. Et de l'écrire. Serais-je capable du même élan? J'aimerais le croire!

Un livre qui tombe à point nommé pour moi, et qui m'a fit un bien fou. Il est lumineux.



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Ce récit personnel revient sur comment l'autrice à découvert Jack Preger, un homme aussi discret que mystérieux.

Alors que la mère de Jeanne Pham Tran est malade, sa fille est prise d'une envie de partir à la rencontre de cet inconnu découvert lors d'un documentaire à la télévision. Elle souhaite connaître les motivations de cet homme à venir en aide aux autres et notamment aux plus souffrants. Jack Preger est ce qu'on pourrait considérer comme un humaniste qui dédie sa vie à soigner les nécessiteux en Inde.

Leur rencontre va changer la vision de l'autrice sur la maladie et le soin apporté aux malades. de la lecture, on comprend que ces deux personnes se sont apportées mutuellement et sans s'en rendre compte, cela a permis de changer les lignes directrices de leur vie.

Cette lecture montre l'importance que peut avoir une rencontre ou une personne dans notre vie à un instant donné. L'autrice est sortie de son cadre, inspirée par un inconnu, ce qui lui a permis d'aller à la rencontre de situations qu'elle n'avait pas osé aborder en tant normal en France. Ce voyage en Inde a été initiatique, aussi bien sur le plan intellectuel que personnel.
Lien : https://delivresendecouverte..
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