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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce n'est pas (ou si peu), un plaidoyer pro domo. Simplement une chronique émouvante, franche, sensible, un témoignage à quatre mains sur les 1145 jours de l'action d'Edouard Philippe en tant que Premier ministre, du 15 mai 2017 au 3 juillet 2020.

Car rien ne peut distinguer la plume de l'un ou de l'autre des auteurs qui signent ensemble, de la même façon qu'ils travaillent en symbiose depuis vingt ans. D'ailleurs, et c'est surprenant, ils s'expriment à la première personne du pluriel. Mais cette fois, il ne s'agit pas, comme précédemment d'un roman de politique fiction …

Mais c'est une magistrale leçon de droit constitutionnel, un hymne à la loyauté républicaine et aux institutions de la Vème République. Selon ces deux-là, bébés-Juppé, des archétypes d'honnêtes hommes : notre constitution est une merveille d'équilibre des pouvoirs. La Vème République est un régime parlementaire (et non un régime présidentiel) car le Président (PR) ne peut nommer Premier ministre (PM) qu'une personnalité qui obtiendra la confiance de l'Assemblée. Edouard Philippe, éminent juriste membre du Conseil d'Etat, nous le démontre de façon limpide.

Des réflexions sur le pouvoir et ses contraintes, la difficulté à concevoir, exprimer, communiquer une ligne politique. Tout remonte à Matignon, mais pour Edouard Philippe, ce n'est pas un enfer. Un lieu de travail intense, avec des collaborateurs totalement investis dans le service de l'Etat. Et il faut dire que les épreuves n'ont pas manqué à ces gouvernants : la crise sociale des gilets jaunes, l'incendie de Notre-Dame, l'émergence d'une pandémie inattendue … et surtout l'extraordinaire rejet des institutions représentatives par une horde de citoyens totalement perdus … tentés par les extrêmes et pétris d'exigences contradictoires.

« Petit à petit, il est exigé des élus qu'ils se consacrent totalement à leur mandat (est-ce un progrès de ne vivre que de ses mandats ?), de préférence bénévolement (car plus, ce serait trop), qu'ils sachent passer le main (et vite). En outre, il est préférable, pour limiter les conflit d'intérêt, qu'ils n'aient rien fait avant, qu'ils ne fassent rien pendant et qu'ils ne fassent rien après, sans jamais cesser de déplorer toutefois leur déconnexion croissante avec la vraie vie … »

L'ouvrage pointe ainsi les profondes contradictions de notre peuple, la difficulté à diriger un pays aussi sourcilleux sur la possibilité de s'exprimer sans toutefois proposer aucune solution de rechange … Sans acrimonie, sans regard pessimiste, mais avec lucidité, une réflexion sur la philosophie du pouvoir dans le contexte politique de la France d'aujourd'hui …

« Réussir des concours n'est évidemment pas un brevet de compétence pour la vie, mais il n'est pas certain que les rater soit une vertu cardinale » . Une citation pour réhabiliter notre haute fonction publique, et le dévouement sans limite de nos élites politiques au service public et à la grandeur de la France. Un livre plein de foi et d'espérance …

L'explication du titre : « A Matignon, on peint impressionniste ; à l'Elysée, on a besoin de lignes claires. » Ainsi comprend-on mieux les rôles respectifs, à travers les aléas climatiques, les révoltes sociales et les crises internationales, du Président et de son Premier ministre. Une leçon de transparence.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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J'attendais quelque chose de plus nerveux, de plus serré. Parfois ça ronronne. le registre policé et l'emploi du « nous » donnent une distanciation ; surtout pas trop de proximité.
Au début une sincérité étonnante : il avoue sa peur lors de sa nomination – sera-t-il à la hauteur ?
Un passage où j'ai déchanté : lorsque les auteurs semblent compatir avec François de Rugis, poussé à la démission en raison des dîners gastronomiques financés par des fonds publics (l'affaire du homard).
D'ailleurs j'ai identifié une seule prise de position critique : les auteurs fustigent les chaînes d'info en continu qui attisent de vaines polémiques. (Mais visiblement la position critique n'était pas l'objectif de P & B)
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Ceux qui se sont moqué de l'ex Premier ministre ont dit : « il gère son risque pénal ». En mars 2020, un collectif de 600 médecins et soignants a porté plainte contre le Premier ministre et contre Agnès Buzyn [ex ministre de la santé] pour «mensonge d'État». Cela n'est pas évoqué dans le livre. Les auteurs consacrent un chapitre à la crise sanitaire mais ils passent sous silence cet épisode.
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J'ai découvert l'ex Premier ministre sous un autre jour grâce à un autre titre, Des hommes qui lisent, où il se dévoile à travers ses lectures et à travers l'évocation de la lignée paternelle. Sorti en 2017, il semble à des années-lumière du présent compte rendu du passage à Matignon, paru quatre années plus tard.
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Les chapitres :
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L'arrivée à Matignon
La carrière politique pendant les vingt dernières années
Les grands changements du paysage politique de ces vingt dernières années
La constitution du gouvernement (2017, à mes yeux la partie la plus intéressante)
L'arbitrage Notre-Dame des Landes : pas d'aéroport
Eloge de la Constitution, un modèle d'équilibre
Le rôle de la défense / de l'armée
La crise des gilets jaunes (hélas, traité de manière superficielle)
Prendre la parole en tant qu'homme d'état
Les deux défis majeurs : la dette financière et l'action contre le changement climatique
La crise sanitaire (2020)
Le départ de Matignon
Glossaire : quelques noms, quelques portraits
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Extraits
[En 2000] « Les tours jumelles se dressaient vers le ciel de New York [ ] L'Allemagne avait, depuis dix ans retrouvé son histoire et sa géographie. L'Union européenne s'élargissait tranquillement et se préparait à la révolution de l'euro, sans qu'aucun contretemps significatif soit apparu. La Chine, après avoir récupéré le Hong Kong, s'était éveillée, mais restait loin derrière les Etats-Unis [ ]. Clinton achevait ses huit ans à la Maison Blanche dans une atmosphère de prospérité et de scandale. L'alerte écologique n'avait pas encore complètement sonné [ ] ». P149
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« Un jour, pendant la campagne de la primaire de droite et du centre en 2016, nous signalions à un patron de chaîne info qu'à nos yeux il n'y avait pas assez de partisans d'Alain Juppé invités sur les plateaux. Et nous nous sommes entendu répondre : ‘Oh, mais les juppéistes, ils parlent doucement, ils sont toujours nuancés, ça ne donne pas de bons débats'…. En fait, les meilleurs débats, ce sont des oppositions virulentes [ ] » p167
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[lors de la crise des gilets jaunes] « le président de la République annonce une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat des classes moyennes. [ ] 10 milliards d'euro sont posés sur la table. C'est énorme. A l'époque en tout cas, c'est énorme ». P 248
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Dans ce type de livre, les hommes politiques qui font le bilan de leur expérience se donnent généralement le beau rôle: ce sont eux qui tiennent le stylo. C'est bien entendu le cas ici.
Nous sommes toutefois gênés par quelques singularités. D'abord le parti-pris d'écrire ce livre à deux. Si bien que l'on ne rencontre que des "nous", ou que, si seulement l'un s'exprime, il en arrive à parler de lui à la troisième personne, ce qui se traduit par un style manquant de simplicité. On y trouve ainsi des : "Le premier ministre écoute", "le premier ministre attend", etc....
Par ailleurs, l'édile a tendance à écarter la validité, la pertinence, la légitimité, de toute critique ou suggestions au prétexte que toutes celles qu'il a entendues sont souvent contradictoires, ou exprimées maladroitement. Ce qui est bien entendu une grosse erreur.
L'objet d'une critique sur Babelio n'est pas d'entrer dans l'évaluation d'une politique, ou d'une argumentation polémique. Nous en resterons là.
Toutefois, un tel livre a un ton, une couleur, qui en disent beaucoup sur ses auteurs. Et, au fil des pages, l'on se demande si celui qui s'est vu confiée une fonction importante a véritablement l'âme d'un chef. Il y a, dans nos organisations, nos entreprises, de très bons "numéros 1", et d'excellents "numéros 2". Tous ceux-là ont des profils bien distincts, des qualités différentes, et chacun doit être à sa place. Et nous aurions tendance penser que ce livre répond, entre les lignes à la question: l'ambitieux auteur serait, sans aucun doute, un collaborateur sérieux et loyal, mais probablement pas un leader.
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