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EAN : 9782709668484
378 pages
J.-C. Lattès (07/04/2021)
3.83/5   129 notes
Résumé :
Du 15 mai 2017 au 3 juillet 2020, Édouard Philippe a été Premier ministre et Gilles Boyer son conseiller avant d’être élu député européen. Depuis vingt ans, ils ont partagé tous les combats et ont vécu ensemble ces 1145 jours à Matignon. Il en reste des images, des moments, des lieux, des rencontres, des décisions difficiles, des crises violentes et imprévues : en définitive, des impressions qui peuvent, parfois, laisser entrevoir quelques lignes claires. Édouard Ph... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime les livres politiques quand ils ne parlent pas que de politique. Et en la matière, le duo Philippe / Boyer excelle dans l'écriture à quatre mains, entamée par le polar avec Dans l'ombre, il y a dix ans. Nouvel opus publié il y a quelques jours, Impressions et lignes claires est un livre inclassable, à la fois essai et journal de bord, précis et distancié, sérieux et truffé de clins d'oeil malicieux.

Ne comptez pas sur moi pour une chronique politique du livre : ce serait casse-gueule, inintéressant et très présomptueux. Et susceptible de décrocher une polémique sur le jugement de l'ex-premier ministre qui n'est pas mon propos ici. Mais juste à la volée, vous livrer quelques impressions notées au fil de ma lecture.

D'abord dire combien l'incroyable et indéfectible amitié entre Gilles Boyer et Édouard Philippe transpire dans toutes ces pages. Sur les traces de Montaigne et La Boétie (avec qui ils partagent des attaches bordelaises…), ils nous rejouent « parce que c'était lui, parce que c'était moi », avec une sincérité qui en devient touchante. Non contente de bien se marier, leurs écritures se confondent et à bien des endroits, il n'est pas simple de savoir qui parle, du « stratège austère et en recul » ou du « bretteur badin ».

Relever ensuite le plaisir de trouver parsemées au fil du livre, les références littéraires des auteurs. Y a pas à dire, les livres politiques écrits par « des hommes qui lisent » ont quand même une autre tenue que certains best-sellers, écrits par d'autres mais néanmoins signés. Un régal donc de voir cités Auster, Rhinehart ou Ellory au détour d'une page…

Et enfin souligner, combien ces réflexions sur trois années de pouvoir rejoignent, en dehors de tout clivage politique, celles de ses nombreux prédécesseurs en ayant témoigné sans chercher à faire le panégyrique d'eux-mêmes : choisir à ce niveau de responsabilité c'est plus que jamais renoncer ; des limites de la société de la transparence et de la participation collective ; de la nécessaire verticalité de la décision ; de la force d'appui que donnent à un moment ou à un autre, la constitution et l'armée à une nation.

Dernier clin d'oeil : chassez le naturel, il revient aussitôt. Les coups de griffes mâtinés mais féroces de fin de livre sont délicieux. Surtout quand on imagine que le boxeur de la porte océane retient ses coups. Pour l'instant…
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Je lis très très rarement des ouvrages de femmes ou d'hommes dits politiques. En tout et pour tout, je crois que le nombre de ceux que j'ai lu tient sur les doigts d'une main: les mémoires de Pierre Mauroy, le regretté premier ministre et maire de ma ville de Lille, La paille et le Grain de François Mitterand, et, mais là c'est d'une toute autre dimension, Les Mémoires de guerre du Général de Gaulle.
Ça fait peu, et ce type de livre ne me tente pas vraiment; quand il m'arrive d'en feuilleter un dans une librairie, je me dis presque toujours que j'ai mieux à lire, la vie est trop courte.
Il se trouve qu'une personne de ma famille, qui de part les fonctions qu'elle a eu, est plus attirée par ce genre de lectures, m'a proposé de me prêter ce livre. Comme je suis poli, et puis, il faut l'avouer, les lecteurs assidus sont des gourmands qui ne savent pas résister à l'attrait d'une friandise qu'il ne connaissent pas, j'ai donc accepté.

Le livre est écrit à deux mains qui ne veulent se distinguer, l'ex-premier ministre Édouard Philippe, et son ami de longue date, Gilles Boyer, actuellement député européen, mais qui fut directeur du Cabinet d'Alain Juppé. C'est le troisième livre écrit ainsi par les deux hommes ( les deux autres si j'ai bien compris étaient des « polars » politiques), Philippe-Boyer étant en quelque sorte les Erckmann-Chatrian de la politique.

Un livre bien écrit, très clair et pédagogue quand il le faut.

Les chapitres successifs sont pour certains consacrés aux souvenirs marquants de l'itinéraire du premier ministre de 2017 à 2020, et les autres à des questions de fond.

Les épisodes marquants choisis par le tandem Philippe-Boyer: prise de fonction du premier ministre, abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes, crise des gilets jaunes, crise de la Covid, démission du premier ministre, sont exposés avec beaucoup de clarté, pas mal d'ironie et de piques parfois cruelles (ainsi pour Nicolas Hulot ou pour Gérard Collomb), mais aussi un souci appuyé de couper court aux rumeurs qui empoisonnent la vie politique, notamment sur sa démission.

J'ai trouvé plus intéressants les chapitres qui traitent de façon fort pédagogique de sujets plus généraux, tels celui consacré aux avantages ( grands selon les auteurs) et aux ( petits) inconvénients de la Constitution de la 5ème République, un très instructif dédié à la politique de Défense de la France et comment elle devrait évoluer, ou encore à cet incontournable qu'est la dette publique de notre pays, et comment y faire face (les épineux problèmes de la réforme des retraites et de son enlisement, de la réforme de l'assurance chômage etc….), et enfin j'ai beaucoup apprécié celui intitulé Les mots, qui fait le tour de cette question majeure de notre époque, ce poison de l'immédiateté, de la rumeur et de la désinformation, dans lequel le rôle des les chaînes TV d'infos en continu, des réseaux sociaux est analysé finement et épinglé à juste titre .

Il y a enfin un dernier chapitre que j'ai trouvé savoureux et qui m'a fait souvent sourire, chapitre intitulé Impressions, soleil couchant et constitué de petits billets, relatant des anecdotes, des moments plus intimes (l'activité sportive du premier ministre, les matchs de foot des ministres à 22h!) rendant hommage à beaucoup de femmes et des hommes de tous bords et de toutes fonctions (ainsi le billet émouvant dédié au maire de Trebes), dressant aussi le portrait critique parfois amusant et bienveillant, parfois impitoyable de tel ou tel homme politique (ainsi celui féroce de Philippe de Villiers).

Chaque titre de chapitre est le plus souvent celui d'un roman célèbre, Moderato cantabile, Les faux monnayeurs, Les raisins de la colère, …
On le sent, le tandem Philippe-Boyer a de la culture, de l'humour aussi, et de la résistance, de la résilience comme on dit de nos jours, car, qu'il est difficile de gouverner un pays comme le nôtre et à notre époque !
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J'attendais quelque chose de plus nerveux, de plus serré. Parfois ça ronronne. le registre policé et l'emploi du « nous » donnent une distanciation ; surtout pas trop de proximité.
Au début une sincérité étonnante : il avoue sa peur lors de sa nomination – sera-t-il à la hauteur ?
Un passage où j'ai déchanté : lorsque les auteurs semblent compatir avec François de Rugis, poussé à la démission en raison des dîners gastronomiques financés par des fonds publics (l'affaire du homard).
D'ailleurs j'ai identifié une seule prise de position critique : les auteurs fustigent les chaînes d'info en continu qui attisent de vaines polémiques. (Mais visiblement la position critique n'était pas l'objectif de P & B)
***
Ceux qui se sont moqué de l'ex Premier ministre ont dit : « il gère son risque pénal ». En mars 2020, un collectif de 600 médecins et soignants a porté plainte contre le Premier ministre et contre Agnès Buzyn [ex ministre de la santé] pour «mensonge d'État». Cela n'est pas évoqué dans le livre. Les auteurs consacrent un chapitre à la crise sanitaire mais ils passent sous silence cet épisode.
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J'ai découvert l'ex Premier ministre sous un autre jour grâce à un autre titre, Des hommes qui lisent, où il se dévoile à travers ses lectures et à travers l'évocation de la lignée paternelle. Sorti en 2017, il semble à des années-lumière du présent compte rendu du passage à Matignon, paru quatre années plus tard.
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Les chapitres :
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L'arrivée à Matignon
La carrière politique pendant les vingt dernières années
Les grands changements du paysage politique de ces vingt dernières années
La constitution du gouvernement (2017, à mes yeux la partie la plus intéressante)
L'arbitrage Notre-Dame des Landes : pas d'aéroport
Eloge de la Constitution, un modèle d'équilibre
Le rôle de la défense / de l'armée
La crise des gilets jaunes (hélas, traité de manière superficielle)
Prendre la parole en tant qu'homme d'état
Les deux défis majeurs : la dette financière et l'action contre le changement climatique
La crise sanitaire (2020)
Le départ de Matignon
Glossaire : quelques noms, quelques portraits
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Extraits
[En 2000] « Les tours jumelles se dressaient vers le ciel de New York [ ] L'Allemagne avait, depuis dix ans retrouvé son histoire et sa géographie. L'Union européenne s'élargissait tranquillement et se préparait à la révolution de l'euro, sans qu'aucun contretemps significatif soit apparu. La Chine, après avoir récupéré le Hong Kong, s'était éveillée, mais restait loin derrière les Etats-Unis [ ]. Clinton achevait ses huit ans à la Maison Blanche dans une atmosphère de prospérité et de scandale. L'alerte écologique n'avait pas encore complètement sonné [ ] ». P149
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« Un jour, pendant la campagne de la primaire de droite et du centre en 2016, nous signalions à un patron de chaîne info qu'à nos yeux il n'y avait pas assez de partisans d'Alain Juppé invités sur les plateaux. Et nous nous sommes entendu répondre : ‘Oh, mais les juppéistes, ils parlent doucement, ils sont toujours nuancés, ça ne donne pas de bons débats'…. En fait, les meilleurs débats, ce sont des oppositions virulentes [ ] » p167
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[lors de la crise des gilets jaunes] « le président de la République annonce une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat des classes moyennes. [ ] 10 milliards d'euro sont posés sur la table. C'est énorme. A l'époque en tout cas, c'est énorme ». P 248
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Ce n'est pas (ou si peu), un plaidoyer pro domo. Simplement une chronique émouvante, franche, sensible, un témoignage à quatre mains sur les 1145 jours de l'action d'Edouard Philippe en tant que Premier ministre, du 15 mai 2017 au 3 juillet 2020.

Car rien ne peut distinguer la plume de l'un ou de l'autre des auteurs qui signent ensemble, de la même façon qu'ils travaillent en symbiose depuis vingt ans. D'ailleurs, et c'est surprenant, ils s'expriment à la première personne du pluriel. Mais cette fois, il ne s'agit pas, comme précédemment d'un roman de politique fiction …

Mais c'est une magistrale leçon de droit constitutionnel, un hymne à la loyauté républicaine et aux institutions de la Vème République. Selon ces deux-là, bébés-Juppé, des archétypes d'honnêtes hommes : notre constitution est une merveille d'équilibre des pouvoirs. La Vème République est un régime parlementaire (et non un régime présidentiel) car le Président (PR) ne peut nommer Premier ministre (PM) qu'une personnalité qui obtiendra la confiance de l'Assemblée. Edouard Philippe, éminent juriste membre du Conseil d'Etat, nous le démontre de façon limpide.

Des réflexions sur le pouvoir et ses contraintes, la difficulté à concevoir, exprimer, communiquer une ligne politique. Tout remonte à Matignon, mais pour Edouard Philippe, ce n'est pas un enfer. Un lieu de travail intense, avec des collaborateurs totalement investis dans le service de l'Etat. Et il faut dire que les épreuves n'ont pas manqué à ces gouvernants : la crise sociale des gilets jaunes, l'incendie de Notre-Dame, l'émergence d'une pandémie inattendue … et surtout l'extraordinaire rejet des institutions représentatives par une horde de citoyens totalement perdus … tentés par les extrêmes et pétris d'exigences contradictoires.

« Petit à petit, il est exigé des élus qu'ils se consacrent totalement à leur mandat (est-ce un progrès de ne vivre que de ses mandats ?), de préférence bénévolement (car plus, ce serait trop), qu'ils sachent passer le main (et vite). En outre, il est préférable, pour limiter les conflit d'intérêt, qu'ils n'aient rien fait avant, qu'ils ne fassent rien pendant et qu'ils ne fassent rien après, sans jamais cesser de déplorer toutefois leur déconnexion croissante avec la vraie vie … »

L'ouvrage pointe ainsi les profondes contradictions de notre peuple, la difficulté à diriger un pays aussi sourcilleux sur la possibilité de s'exprimer sans toutefois proposer aucune solution de rechange … Sans acrimonie, sans regard pessimiste, mais avec lucidité, une réflexion sur la philosophie du pouvoir dans le contexte politique de la France d'aujourd'hui …

« Réussir des concours n'est évidemment pas un brevet de compétence pour la vie, mais il n'est pas certain que les rater soit une vertu cardinale » . Une citation pour réhabiliter notre haute fonction publique, et le dévouement sans limite de nos élites politiques au service public et à la grandeur de la France. Un livre plein de foi et d'espérance …

L'explication du titre : « A Matignon, on peint impressionniste ; à l'Elysée, on a besoin de lignes claires. » Ainsi comprend-on mieux les rôles respectifs, à travers les aléas climatiques, les révoltes sociales et les crises internationales, du Président et de son Premier ministre. Une leçon de transparence.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Aujourd'hui, j'ai terminé la lecture du livre Impressions et lignes claires d'Edouard Philippe et Gilles Boyer.

C'est pour moi un livre marquant. J'y retrouve les qualités qui m'ont plu chez Edouard Philippe lorsqu'il était Premier ministre : la clarté, la franchise, l'érudition et la rigueur notamment.

J'aime la simplicité avec laquelle il met en perspective les événements hors du commun qui ont marqué les trois premières années du mandat présidentiel d'Emmanuel Macron. Gilles Boyer et lui replacent ces événements dans un contexte plus large, en abordant en particulier des questions juridiques et constitutionnelles qui encadrent la prise de décision, et parfois la contraignent.

Plus que tout, c'est le sens de l'État qui affleure à chaque page, le dévouement complet aux responsabilités qu'implique le gouvernement d'un pays. Il y a un paradoxe chez Edouard Philippe qui assume pleinement une forme d'anti-modernité vis-à-vis de certaines pratiques médiatiques, et cette assomption en retour revêt une forme de fraîcheur tant elle détonne dans une sphère politique absorbée tout entière dans un rythme effréné, d'où le temps long et la pensée semblent pour ainsi dire exclus.

Bien entendu, il serait sans doute erroné de ne pas voir dans Impressions et lignes claires une forme de stratégie politique qui fend un peu l'armure du soldat Philippe et cède malgré tout aux sirènes contemporaines de la confession et du récit d'expérience. En étant cynique, on pourrait ainsi considérer que cet objet littéraire difficile à catégoriser est une forme de communication très maîtrisée qui trahit le fait que Gilles Boyer et Edouard Philippe ont retenu la leçon des rendez-vous manqués de leur mentor Alain Juppé, trop raide, vite cassant, voire hautain.

Cela dit, et sans que les auteurs y soient au fond pour quelque chose, le livre est peut-être avant tout inquiétant. Philippe et Boyer voient loin, bien au-delà d'eux-mêmes ou des postes qu'ils occupent, et ils évoquent sans fard et sans idéologie les défis que nous devrions tous avoir présents à l'esprit pour les années à venir. Ces défis sont nommés : la dette publique, la lutte contre le réchauffement climatique, la souveraineté nationale et la souveraineté européenne en matière de défense. Il reste maintenant aux deux compères à proposer une suite à ce livre original, qui exposera les moyens qu'ils se proposent de mettre en oeuvre pour relever ces défis imminents. Gageons que cela ne devrait pas tarder à venir.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Les Américains vouent un culte aux pères fondateurs et à un texte présenté comme la pierre angulaire de la Nation ; les Allemands respectent d'autant plus leur Loi fondamentale qu'ils lui doivent d'avoir enraciné la démocratie dans une terre laminée par le national-socialisme ; les Britanniques chérissent tant leurs règles éparses et leurs usages anciens qu'ils n'osent même pas les écrire.
De notre côté, en fait de Constitution, nous avons tout connu, tout testé, tout abandonné aussi. En un peu plus de deux siècles, la France a connu 15 textes différents prétendant chacun poser les bases durables d'un système institutionnel solide et évidemment supérieur à tous les autres. Il faut dire que nous avons l'habitude, que ne partagent pas nos voisins, d'apporter des réponses institutionnelles à des crises militaires, politiques, économiques ou sociales.
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C’est la cérémonie de passation de pouvoirs. (…)
On peut imaginer l’amertume de celui qui doit, quelques jours après avoir encaissé une rude défaite, accueillir son bourreau avec le sourire, comme un ultime supplice chinois. (…)
Quoi qu’il en soit, tandis que les Français regardent toujours ces moments avec intérêt, sont-ils conscients de vivre le miracle de la démocratie en action ? Par quel prodige un chef d’Etat, investi de pouvoirs très importants, les cède-t-il volontairement ? Nous nous y sommes habitués, mais à l’échelle de l’histoire, c’est une rareté et une singularité. Une exception dont nous souhaitons qu’elle dure, mais qui n’est jamais acquise. Nous serions tous, probablement, bien inspirés de ne pas l’oublier, et le récent exemple des Etats-Unis, navrant, a au moins le mérite de nous le rappeler.
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Si la classe politique n'est pas exempte de critiques, et nous avec, la stigmatisation systématique de l'action politique nous semble excessive. Elle va de pair avec la polarisation du débat public, et, il faut le dire, son affaissement.
Insensiblement nous en sommes venus à confondre la critique d'une décision et la mise en cause de la légitimité du décideur. Face à une décision qui déplaît, on remet désormais en cause la légitimité de celui qui l'a prise, autrement dit le fondement de la démocratie représentative. Le phénomène est d'autant plus dangereux qu'il n'est pas le fait des traditionnels critiques du système démocratique, il est devenu presque habituel y compris chez les élus eux-mêmes, qui n'hésitent plus, dans la majorité ou dans l'opposition, à remettre en cause la légitimité même de l'autre.
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Comme la question de la dette financière, l'urgence planétaire souffre d'un décalage frappant entre la théorie et la pratique, selon le prisme au travers duquel on les observe : le prisme du citoyen observateur ou le prisme du décideur, qu'il soit local ou national. Les premiers, dont nous faisons partie, peinent à comprendre pourquoi les dirigeants du monde entier ne parviennent pas à se mettre d'accord sur des solutions ambitieuses. Les seconds, dont nous faisons aussi partie, doivent, tous les jours, faire des choix qui les placent face à des contradictions temporelles majeures.
Arbitrer entre ces légitimités, entre le souhaitable et le possible, entre l'urgent et l'essentiel, entre le symbolique et l'efficace, entre le nécessaire et l'acceptable est une des questions centrales de l'acte de gouverner.
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Ah, les lapsus. (…)
De Bérégovoy qui voulait « baiser l’impôt sur les sociétés », à François Fillon et son « gaz de shit », en passant par les « empreintes génitales » de Brice Hortefeux, le légendaire « gode électoral » de Claude Guéant, la « fellation quasi nulle » de Rachida Dati, ou plus anciennement, Robert-André Vivien qui, dans l’hémicycle, enjoignit un ministre de « durcir son sexe », un Jean-Marie Le Pen partisan de la « pine de mort » (…)
Et il faut admettre que le présent quinquennat n’en a pas été exempt, et que nous n’avons pas donné notre part aux chiens. Depuis Bruno Le Maire qui rebaptise en plein débat parlementaire le ministre de l’Intérieur « Christophe » Colomb, jusqu’à Agnes Buzyn qui salue les députés d’un sonore « mesdames et messieurs les retraités », personne n’est à l’abri.
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