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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'aime les livres politiques quand ils ne parlent pas que de politique. Et en la matière, le duo Philippe / Boyer excelle dans l'écriture à quatre mains, entamée par le polar avec Dans l'ombre, il y a dix ans. Nouvel opus publié il y a quelques jours, Impressions et lignes claires est un livre inclassable, à la fois essai et journal de bord, précis et distancié, sérieux et truffé de clins d'oeil malicieux.

Ne comptez pas sur moi pour une chronique politique du livre : ce serait casse-gueule, inintéressant et très présomptueux. Et susceptible de décrocher une polémique sur le jugement de l'ex-premier ministre qui n'est pas mon propos ici. Mais juste à la volée, vous livrer quelques impressions notées au fil de ma lecture.

D'abord dire combien l'incroyable et indéfectible amitié entre Gilles Boyer et Édouard Philippe transpire dans toutes ces pages. Sur les traces de Montaigne et La Boétie (avec qui ils partagent des attaches bordelaises…), ils nous rejouent « parce que c'était lui, parce que c'était moi », avec une sincérité qui en devient touchante. Non contente de bien se marier, leurs écritures se confondent et à bien des endroits, il n'est pas simple de savoir qui parle, du « stratège austère et en recul » ou du « bretteur badin ».

Relever ensuite le plaisir de trouver parsemées au fil du livre, les références littéraires des auteurs. Y a pas à dire, les livres politiques écrits par « des hommes qui lisent » ont quand même une autre tenue que certains best-sellers, écrits par d'autres mais néanmoins signés. Un régal donc de voir cités Auster, Rhinehart ou Ellory au détour d'une page…

Et enfin souligner, combien ces réflexions sur trois années de pouvoir rejoignent, en dehors de tout clivage politique, celles de ses nombreux prédécesseurs en ayant témoigné sans chercher à faire le panégyrique d'eux-mêmes : choisir à ce niveau de responsabilité c'est plus que jamais renoncer ; des limites de la société de la transparence et de la participation collective ; de la nécessaire verticalité de la décision ; de la force d'appui que donnent à un moment ou à un autre, la constitution et l'armée à une nation.

Dernier clin d'oeil : chassez le naturel, il revient aussitôt. Les coups de griffes mâtinés mais féroces de fin de livre sont délicieux. Surtout quand on imagine que le boxeur de la porte océane retient ses coups. Pour l'instant…
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Je lis très très rarement des ouvrages de femmes ou d'hommes dits politiques. En tout et pour tout, je crois que le nombre de ceux que j'ai lu tient sur les doigts d'une main: les mémoires de Pierre Mauroy, le regretté premier ministre et maire de ma ville de Lille, La paille et le Grain de François Mitterand, et, mais là c'est d'une toute autre dimension, Les Mémoires de guerre du Général de Gaulle.
Ça fait peu, et ce type de livre ne me tente pas vraiment; quand il m'arrive d'en feuilleter un dans une librairie, je me dis presque toujours que j'ai mieux à lire, la vie est trop courte.
Il se trouve qu'une personne de ma famille, qui de part les fonctions qu'elle a eu, est plus attirée par ce genre de lectures, m'a proposé de me prêter ce livre. Comme je suis poli, et puis, il faut l'avouer, les lecteurs assidus sont des gourmands qui ne savent pas résister à l'attrait d'une friandise qu'il ne connaissent pas, j'ai donc accepté.

Le livre est écrit à deux mains qui ne veulent se distinguer, l'ex-premier ministre Édouard Philippe, et son ami de longue date, Gilles Boyer, actuellement député européen, mais qui fut directeur du Cabinet d'Alain Juppé. C'est le troisième livre écrit ainsi par les deux hommes ( les deux autres si j'ai bien compris étaient des « polars » politiques), Philippe-Boyer étant en quelque sorte les Erckmann-Chatrian de la politique.

Un livre bien écrit, très clair et pédagogue quand il le faut.

Les chapitres successifs sont pour certains consacrés aux souvenirs marquants de l'itinéraire du premier ministre de 2017 à 2020, et les autres à des questions de fond.

Les épisodes marquants choisis par le tandem Philippe-Boyer: prise de fonction du premier ministre, abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes, crise des gilets jaunes, crise de la Covid, démission du premier ministre, sont exposés avec beaucoup de clarté, pas mal d'ironie et de piques parfois cruelles (ainsi pour Nicolas Hulot ou pour Gérard Collomb), mais aussi un souci appuyé de couper court aux rumeurs qui empoisonnent la vie politique, notamment sur sa démission.

J'ai trouvé plus intéressants les chapitres qui traitent de façon fort pédagogique de sujets plus généraux, tels celui consacré aux avantages ( grands selon les auteurs) et aux ( petits) inconvénients de la Constitution de la 5ème République, un très instructif dédié à la politique de Défense de la France et comment elle devrait évoluer, ou encore à cet incontournable qu'est la dette publique de notre pays, et comment y faire face (les épineux problèmes de la réforme des retraites et de son enlisement, de la réforme de l'assurance chômage etc….), et enfin j'ai beaucoup apprécié celui intitulé Les mots, qui fait le tour de cette question majeure de notre époque, ce poison de l'immédiateté, de la rumeur et de la désinformation, dans lequel le rôle des les chaînes TV d'infos en continu, des réseaux sociaux est analysé finement et épinglé à juste titre .

Il y a enfin un dernier chapitre que j'ai trouvé savoureux et qui m'a fait souvent sourire, chapitre intitulé Impressions, soleil couchant et constitué de petits billets, relatant des anecdotes, des moments plus intimes (l'activité sportive du premier ministre, les matchs de foot des ministres à 22h!) rendant hommage à beaucoup de femmes et des hommes de tous bords et de toutes fonctions (ainsi le billet émouvant dédié au maire de Trebes), dressant aussi le portrait critique parfois amusant et bienveillant, parfois impitoyable de tel ou tel homme politique (ainsi celui féroce de Philippe de Villiers).

Chaque titre de chapitre est le plus souvent celui d'un roman célèbre, Moderato cantabile, Les faux monnayeurs, Les raisins de la colère, …
On le sent, le tandem Philippe-Boyer a de la culture, de l'humour aussi, et de la résistance, de la résilience comme on dit de nos jours, car, qu'il est difficile de gouverner un pays comme le nôtre et à notre époque !
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Il n'est pas nécessaire d'être en complet accord avec la pensée d'un auteur pour trouver son ouvrage bon, voire très bon. Car le livre de ces deux plumes que sont Edouard Philippe et Gilles Boyer est réellement très instructif et surtout dans la première partie, explique au lecteur lambda (que je suis )les rouages et les coulisses de l'exercice du pouvoir au plus au niveau , en particulier les rôles respectifs assignés au Président de la République et au Premier Ministre. J'ai découvert aussi le fameux “quatuor “formé par le Président , le secrétaire général de l'Elysée , le Premier Ministre et son directeur de cabinet , ce quatuor étant le centre décisionnel de l'Etat français.
Dans une deuxième partie les deux écrivains nous relatent par le menu les péripéties de tous ordres qu'ils ont vécu durant trois ans dans » l'enfer de Matignon”. Pêle-mêle: Les gilets jaunes pour lesquels ils ne semblent pas éprouver beaucoup d'empathie,( les premiers avec Jacline).Notre-Dame des Landes en égratignant au passage Philippe de Villiers .( n'oubliez tout de même pas qu'il est le génial créateur du Puy du Fou sacré meilleur parc d'attraction au monde!), la Syrie, La Défense et son budget en taclant au passage un autre De Villiers ( décidément.!) etc, etc
L'attachement de Monsieur Philippe pour sa ville du Havre est émouvant et sa capacité de travail et de résistance aux épreuves forcent l'admiration.
Cependant on a l'impression que tous ces grands serviteurs de l'Etat évoluent en vase clos entre les ministères du Faubourg St Germain , le Palais du Luxembourg, le Palais Bourbon et l'Elysée. Rien ou très peu sur le monde industriel et agricole ,rien sur la vie quotidienne des français , leurs inquiétudes et, à part la dette et le climat (certes importants),ils ne semblent voir aucun autre enjeu de taille. Curieux non pour des gens si bien informés!
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Edouard Philippe et Gilles Boyer, son conseiller à Matignon, livrent leur expérience des trois années du premier gouvernement Macron, mais pas seulement.
Avertissement liminaire, 'Impressions et lignes claires' n'est pas un "ouvrage programmatique". Il ne s'agit pas non plus de mémoires, et encore moins de se justifier, ou si peu, ni de régler des comptes, même si certains politiques reçoivent un coup de griffe au passage.
On lira l'ouvrage pour les quelques anecdotes qu'il contient, ou pour le résumé historique du gouvernement Philippe, mais aussi, plus austère mais plus profond, pour le tableau qu'il dresse de la France et des défis auxquels elle est confrontée (dérèglement climatique comme les autres pays, mais aussi en ce qui la concerne, endettement considérable et croissant). On peut aussi, bien-sûr, lire 'Impressions et lignes claires' pour approfondir l'opinion qu'on a d'Edouard Philippe, de ses ambitions et de ses aptitudes.
Mais l'ouvrage m'est apparu être avant-tout une sorte de "défense et illustration" de ceux qui nous gouvernent (difficulté de l'exercice du pouvoir après de longues années de préparation riches en aléas ; difficulté notamment de la prise de décision face des argumentaires fondés mais opposés ou lorsqu'il est impossible de disposer d'informations complètes). Qui a eu à exercer des responsabilités, même modestes, ne peut que ressentir beaucoup d'empathie avec les auteurs.
La tonalité du livre est constructive, respectueuse de la diversité des opinions mais sévère pour ceux qui peuvent "parfois participer avec enthousiasme au concours Lépine de la défense publique, contribuer avec jubilation à la générosité avec l'argent des autres, ou apporter une pierre décisive au yakafaukon."
Bien évidemment, chacun appréciera en fonction de ses opinions mais j'ai trouvé intérêt à la lecture de l'ouvrage du fait de la variété des éclairages qu'il donne mais aussi des nombreux sujets de réflexion qu'il contient. Dommage néanmoins que les remèdes aux problèmes français ne soient pas plus approfondis, Edouard Philippe jugeant probablement que le moment n'en est pas venu.
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Ce livre est une sorte de journal de bord rédigé à la première personne du pluriel. Il y a des souvenirs, des impressions, pas trop de justifications et, semble-t-il, aucune rancoeur. Etonnante habitude, désormais, qu'ont nos hommes politiques de publier, juste après la fin de leurs fonctions officielles (voire même pendant ! cf. Bruno le Maire), des mémoires, des récits, des journaux de bord sur la manière dont ils ont traversé la période. C'est souvent l'occasion de s'autocongratuler, de se justifier et/ou de se réchauffer le coeur lors de grandes tournées de dédicace en se disant que finalement ils n'étaient pas si mal aimés que cela... Edouard Philippe et Gilles Boyer n'y coupent pas. A croire qu'ils ont, eux aussi, cédé aux sirènes de l'immédiateté, eux qui sont pourtant si prompts à en dénoncer dans leur livre, les méfaits lorsqu'il s'agit de commenter leur action politique...

Malgré cette remarque, je dois avouer que j'ai encore été embarquée par le duo. Nous revivons avec eux la première approche par Emmanuel Macron, l'incertitude, la nomination, les angoisses liées à la prise de fonction, la composition du gouvernement. Tout ceci est absolument passionnant. Edouard Philippe et Gilles Boyer nous exposent ensuite leurs théories sur la manière de gouverner (par opposition à celle de présider), leur analyse sur notre régime politique, sur la dette financière et la dette climatique. Ils parlent évidemment de la crise des gilets jaunes ou encore de l'incendie de Notre Dame, de l'angoisse qui saisit Edouard Philippe alors qu'il décide d'envoyer des pompiers sauver la cathédrale. Ces deux hommes politiques qui exercent les plus hautes fonctions dans le pays, paraissent terriblement normaux et humains, et c'est cela qui les rend si sympathiques. On est fasciné par la relation quasi-fusionnelle qui existe entre ces deux hommes au point d'utiliser le "nous". On a envie de rigoler avec eux, de gouverner avec eux, et même de faire du latin avec leurs enfants (dans l'une des notes de bas de page, ils mettent leurs enfants au défi de traduire certaines expressions latines). J'imagine donc que le pari est réussi pour eux. Il ne reste plus qu'à attendre le récit qu'Emmanuel Macron publiera sur son mandat, livre qui sortira probablement dans les six ou sept prochaines années...
Lien : https://riennesopposealalect..
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Si je n'ai pas d'avis tranché sur les politiques menées et préconisées par Édouard Philippe, je dévore chacun de ses bouquins avec gourmandise.
Bien que les parties relatives à lavant et à l'après Matignon m'ont semblé bien fades et parsemées de convenances obligées, j'ai également lu ce livre avec beaucoup de plaisir.
Découvrir les coulisses de Matignon avec les plumes de Gilles Boyer et d'Édouard Philippe, c'est partir à la découverte de ce monde mystérieux et fantasme avec des hôtes à l'esprit fin, humble, drôle et nuancé.
Mention particulière pour le chapitre qui met en lumière la contradiction supposée entre les deux urgences à traiter dans les meilleurs délais pour la bonne survie de notre société, selon Édouard Philippe : l'urgence environnementale et l'urgence budgetaire.
En bref, ce livre n'est ni un manuel de gouvernance politique, ni le journal de bord d'un ministre qui a eu à faire face aux crises financières, sanitaires, terroristes… il s'agit plutôt des impressions et des pensées d'un homme devenue Premier ministre.
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