Connu comme le nain Piéral, acteur dans Les Visiteurs du soir, L'Éternel Retour,
Lola Montès, le Capitan….Pierre Germain Bernard Aleyrangues découvre son nanisme enfant dans le regard méprisant des autres, et le monde du théâtre pendant l'Occupation. Débutant en fanfare dans Les Visiteurs du soir de Carné, puis dans L'Éternel Retour de Delannoy, il nous livre dans
Vu d'en bas ses nombreux souvenirs, intéressants à plus d'un titre.
Le lecteur découvre de quelle manière étaient perçues les personnes de petite taille (Pieral mesure 1,23m) dans l'entre-deux-guerres, le dégoût qu'il ressent parfois pour sa personne (il se qualifie de « monstre »), et surtout le milieu du cinéma et du théâtre dans la France occupée.
Mais les mémoires de Pieral ont une particularité. Plus prolixe en ce qui concerne ses penchants sexuels et ses virées nocturnes que pour évoquer sa filmographie et ses collaborations au théâtre et au music-hall, l'acteur dévoile dans son récit un tableau sans tabou du Gay Paris, et des soirées débridées du Who's who de la capitale. Bisexuel, toujours étonné de l'intérêt que peuvent lui porter les femmes, et surtout les hommes, grand fêtard, fréquentant les milieux transformistes (il interprète
Mae West sur scène), ne dédaignant ni les bordels ni les parties fines, Pierral tient plus de Tyrion Lannister que de Joséphine, l'ange gardien. Certaines scènes, dont celles vécues lors de la Libération de Paris, nous rappellent Rue des Maléfices de
Jacques Yonnet.
Vu d'en bas est donc un livre de souvenirs qui dénote dans le milieu du 7ème Art. Ecrit par un homme public qui ne cache pas ses inclinations, Pieral s'étonnera jusqu'à la fin de sa vie d'avoir pu côtoyer des personnalités comme
Cocteau ou
Maria Felix, d'avoir échappé aux rôles de nains de cirque (il garde d'affreux souvenirs de son passage chez Bouglione dans Blanche-neige et les sept nains), de ne pas avoir été ostracisé, mais d'avoir plutôt suscité passions et amour auprès des deux sexes.