AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,47

sur 33 notes
5
3 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Exclu des systèmes traditionnels qui régissent notre société, mais différent des clochards alcooliques qu'il côtoie au quotidien, le narrateur de « Station Rome » évolue entre deux mondes. S'il est devenu complètement étranger au premier, il refuse néanmoins d'appartenir au second, préservant une certaine dignité ainsi qu'un esprit lucide et particulièrement acéré. Lui, le « paria », le « parasite » a choisi de purger sa peine dans les rues de Paris, dans le métro, mendiant quelques euros à des passants trop pressés. Il a décidé d'endurer le froid et la faim pour se punir d'un crime trop lourd à porter, convaincu que la rédemption viendra par la souffrance…

Construit sous la forme d'un journal intime, le lecteur suit le quotidien de cet ancien pianiste talentueux, tombé en disgrâce, sur une période d'un mois, en plein hiver. Il assiste, impuissant, à la lutte enragée de ceux qui n'ont rien. Une lutte pour survivre, pour protéger leurs maigres biens, leur territoire. Un combat quotidien et sans fin pour se nourrir, pour ne pas mourir de froid. Et tous les jours, devoir affronter l'indifférence, le dégoût où la pitié des passants. N'être plus rien aux yeux du monde… Mais le narrateur s'en moque, c'est sa punition après tout pour avoir fait du mal à Ariane, cette violoncelliste prometteuse dont il était épris. Une obsession qui prend corps au fil des pages, jusqu'à pousser l'ancien musicien vers la folie…

Vincent Pieri surprend avec ce premier roman parfaitement maîtrisé et abouti, dominé par une tension croissante, implacable. Deux univers s'y côtoient, celui de la rue avec sa solitude, sa misère crasse et sa dureté, et celui de la musique, avec ses concerts, ses répétitions et sa beauté enivrante, obsédante. Un art capable de rendre fou les plus sensibles, les plus exaltés. L'on navigue sans cesse entre présent et réminiscences d'un passé douloureux, impossible à oublier. La forme du journal intime rend le texte plus vivant, plus intense. le lecteur devient témoin, voyeur, d'une vie qui n'est pas la sienne. Il est rendu complice de cette descente aux enfers, de cette autodestruction volontaire, ce qui rend le texte d'autant plus fort et bouleversant. Les mots sonnent justes, malgré leur violence et la colère qu'ils renferment. Les réflexions du narrateur sur les SDF sont percutantes, effrayantes de réalisme et de dureté. J'ai vraiment eu un gros coup de coeur pour ce récit percutant et bien mené, qui prend le lecteur en otage pour lui ouvrir les yeux sur un monde qu'il traverse sans le voir. Il est évident qu'après un roman comme celui-ci je ne regarderai plus les sans-abris du même oeil…
Commenter  J’apprécie          90
C'est l'histoire d'un pianiste, brillant élève du conservatoire de la rue de Rome à Paris, ( avant que celui-ci ne soit déplacé à la Villette) qui a tout quitté par désespoir amoureux pour une violoncelliste immensément douée mais très spéciale.
Il vit désormais en clochard dans la station de métro toute proche. Il essaie avant tout d'éviter les foyers, de se maintenir propre et de se montrer bien élevé lorsqu'il est obligé de faire la manche. Son seul plaisir est d'écrire son journal dans des petits carnets qu'il cache ensuite soigneusement pour qu'ils ne soient pas volés. Son destin est lié à celui d'une très jeune femme qu'il remarque dans cette station de métro et qui devient son élève car elle se révèle une violoncelliste hors pair. Il se met à la guetter tous les jours. Lui rappelle-t-elle son passé? Il lui semble la voir partout.
Peu à peu il se met à changer. La fin est alors ... (non , mieux vaut ne pas le dire!)


J'ai beaucoup aimé. Lu d'une traite en un après-midi de dimanche ensoleillé mais l'ambiance de ce roman est nocturne et ténébreuse et m'a beaucoup impressionnée d'autant plus que le style sans reproches de ce journal intime rend crédible l'opposition constante entre la réalité sordide dans laquelle s'est enfermé le personnage et le rappel constant de ses dons et de ses souvenirs musicaux. C'est sa force, son mystère, sa folie ... mais qui est-il vraiment et quel est son nom? Entre la gloire des podiums, l'ensorcellement amoureux, le vacarme du métro et la musique silencieuse de sa mémoire, est-il encore quelqu'un ou n'est-il déjà plus personne?
Commenter  J’apprécie          60
D'un pianiste déchu, Vincent Pieri fait un SDF torturé, pris entre la nécessité quotidienne de vivre et les tourments d'une vie d'avant ou rêvée. Tout tourne autour de la station de métro Rome, dans un roman souterrain. Et musical. Rachmaninov en premier lieu. Il y a dans ce roman comme la séquence d'un concerto, et puis la musique est omniprésente. Dans le personnage d'Ariane, mais aussi du héros, Pieri dit en musique la difficulté de devenir un artiste. le corpus rigide de la musique classique - une partition à respecter - constitue le cadre idéal pour poser cette réflexion. Entre celui qui a failli et se trouve à la rue et celle qui s'est envolée au-delà de la musique sans être capable d'en ressentir le moindre écho, l'accomplissement de l'artiste semble une quête un peu vaine.
Commenter  J’apprécie          50


Lecteurs (76) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3671 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}