L'auteur, Pincherlé, est à l'origine d'une fausse information sur
Vivaldi qui a la vie longue. Auteur d'une thèse sur
Vivaldi, on aurait pu supposer plus de rigueur. On sait que
Vivaldi est mort dans la solitude, la maladie et la misère à Vienne. Ses funérailles - très simples - ont été célébrées à la cathédrale St Etienne de Vienne en présence de 6 "kuttenbuben", vieux mot allemand qu'on pourrait traduire à peu près par "type en froc" (employés de la cathédrale, sans doute porteurs du cercueil), mais que Pinchele a traduit par "enfants de choeur" (p. 27). Un auteur anglais, Alan Kendal, a retraduit cela par enfant choriste (choirboys), ce qui fait avancer la légende. Il se fait qu'à l'époque, Haydn chantait dans les choeurs de la cathédrale. Et voilà qu'un autre auteur,
H. C. Robbins Landon, ajoute que la présence de Haydn comme chanteur aux obsèques est presque certaine (almost certain). On passe à un auteur allemand, Frank Husl, qui supprime les mots "presque", suivi par Christin Heintmann (Haydn Lexicon, 2010, p. 823). Or il suffit de consulter les archives de la cathédrale qui détaille les dépenses de chaque enterrement, avec le nombre de musiciens. A la date des funérailles de
Vivaldi, le 28 juillet, le registre est formel: pas de musique, contrairement à d'autres funérailles. J'en ai parlé dans mes cours, mais je ne suis pas le seul à avoir démenti cette légende. Tout cela est connu depuis un moment, et pourtant, j'ai encore entendu hier à la radio que Haydn avait chanté aux funérailles de
Vivaldi. Les légendes ont la vie longue.
On prétend aussi qu'il ne disait plus la messe, ce qui est démenti par
Goldoni qui en a attesté. ll disait la messe en privé, portait la soutane, lisait son bréviaire, etc.
Autre légende: son amitié pour sa cantatrice préférée, Anna Giro (Giraud), source de toutes les insinuations qui auraient certainement trouvé un écho dans une ville comme Venise où tout se savait, s'il y avait eu quelque chose à en dire.
Par contre, je n'ai trouvé absolument aucun biographe qui parle des origines mystérieuses, probablement juives, de
Vivaldi, dont le père portait le nom de Rossi, patronyme attribué en Italie et en Corse aux juifs convertis. Les deux grands-pères de
Vivaldi étaient tailleurs, et j'ai toute une série d'autres indices dans ce sens. Si quelqu'un a des renseignements, je suis preneur.
J'ai eu un peu de difficulté à référencer ce livre car j'ai la traduction en anglais de 1962 et je n'ai pu mentionner l'original français de 1948 que je n'ai pas, faute de trouver l'éditeur.