Pas facile d'être la "fille de", condamnée sa vie durant à exister dans l'ombre d'un père envahissant. Demandez à Claude Chirac, à
Julie Depardieu, à
Marine le Pen !
Pas facile non plus de pleurer sur son sort. Que diable ! Mazarine a, pendant toute son enfance, vécu aux crochets du contribuable, dans les "ors de la République", sous la coupe vigilante des policiers de l'Élysée qui devaient tout à la fois protéger le secret de son existence et éviter qu'à travers elle on porte atteinte au Chef de l'Etat.
Et pourtant l'écrivain
Mazarine Pingeot, déjà auteure d'une petite dizaine de romans (elle se plaint non sans raison que ceux où elle évoque son père se vendent mieux que les autres) parvient à nous rendre sympathique le mal-être de la Fille de ...
Car la vie de la fille adultérine d'un chef de l'État n'est pas facile. Lorsqu'elle clame que son papa était président dans la cour de la maternelle, on l'accuse de mentir. Lorsqu'on découvre son auguste filiation, on murmure dans son dos. En société, comment se situer ? Son silence passe pour de du mépris, ses paroles pour de la vantardise.
Mazarine - au prénom si peu discret - ne cherche pas la lumière. Elle s'énerve des sollicitations idiotes que les médias ne cessent de lui adresser et se moque de ses prestations peu glorieuses sur les plateaux télé ou aux meetings du candidat Hollande. Elle suit la campagne du futur président, le second pésident socialiste de la Cinquième République, au même prénom et à la même gestuelle que son père. Elle nous fait revivre la campagne chaotique, l'irrépressible envie de se débarrasser de
Sarkozy et de ses tics horripilants, l'absence inquiétante de projet politique à lui opposer.
On peut être la fille du président ; on peut être une femme normale, avec des enfants, un chien, des poubelles à descendre et la peau sèche. (Faussement) ingénue, ne dit-elle pas d'elle-même que ceux qui la rencontrent pour la première fois la trouve "finalement plutôt sympathique" ?