Certains ont peur de moi, mon secret les repousse, ils ne le connaissent pas, ont seulement quelques doutes, mais un secret se voit , il a un visage triste, une moue fermée, un regard éteint. Un secret porte le noir, émet des ondes radioactives, sans doute parce qu'on ne l'approche pas, même si on en brûle.
"Mais je déteste le secret. Surtout celui des autres."
La mort de papa, nous nous y attendions tous....
Je le voyais tous les jours malade, mais à aucun moment je ne me suis véritablement dit qu'il allait mourir. Ce sursis pouvait durer éternellement; je le voyais souffrir, et se désespérer de souffrir, devenant irritable, plus lointain. La maladie lui était une humiliation. Il n'a jamais réussi à l'accepter. Pour la première fois, il affrontait plus fort que lui.
"Aimer, paraît-il, c'est aussi accepter les faiblesses de l'autre."
Le rythme des jours peut aussi se mesurer aux allées et venues d'un homme qu'on aime.
L'enfance peut devenir parfois une vilaine maladie quand elle continue d'être un sortilège.
La mémoire, ce sont les livres qui l'ont. Il (mon père) collectionnait les éditions anciennes ou originales pour y sentir la présence des premiers lecteurs, des premières émotions, des premières lectures - peut-être même le toucher de l'auteur. Il me suffit d'y voir la marque de papa, de sentir sous la caresse du papier ce qu'il avait pu éprouver, en son temps.
Je n'ai jamais pensé pouvoir lui reprocher quoi que ce soit. Aimer, paraît-il, c'est aussi accepter les faiblesses de l'autre. Je ne me suis jamais octroyé le droit de reconnaître des faiblesses à mon père.
Sa seule faute en vérité est de n'être plus là.
Nous ne nous mélangeions pas avec la réalité il avait recrée cette bulle idéale,
dans laquelle ma mère, se lovait sauvage et farouche, jalouse de son privilège et de ses renoncements.
La réalité aurait pu me plaire. Mais tant que j'occultais celle de mon père, elle me demeurerait hermétique, voire hostile. Quelle réalité possible lorsqu'on ne connaît pas ses racines, lorsqu'on les nie, lorsqu'on fait tellement bloc avec son père dans le regard des autres et de soi-même qu'on ne peut revenir en deçà d'un lien spolié par les autres ?
Tout de même, cette haine, il est vraiment dommage qu'elle tombe pile sur celui que moi, j'aime.