Livre dense, utile, rapide à lire, érudit et pourtant accessible.
Je m'attendais à un essai sur les données scientifiques nous indiquant que les désastres de l'humanité ont invariablement altéré l'environnement. En vérité, ce petit livre traite de la manière dont les sociétés vivent la notion de catastrophe, et la catastrophe elle-même.
Le livre est physiquement dense, et je salue ce choix éditorial pour une collection qui parle des conséquences des activités anthropiques sur l'environnement. Lire, oui ; gâcher le papier, non. L'auteur sait rendre son propos accessible en utilisant un vocabulaire adapté. Cependant, j'ai été un peu déçue par la (nécessaire ?) énumération de catastrophes qui découpe les derniers chapitres, un peu trop classique à mon goût.
Sur le fond, cet ouvrage est utile, intéressant, voire indispensable si l'on considère le nombre de catastrophes "oubliées" de nos sociétés. J'ai également apprécié la réflexion sur la notion de rupture amené par la catastrophe dans une société (est-ce cela qui définit l'Anthropocène ? Y sommes nous vraiment ?). Si la place accordée à l'industrialisation n'a pas été une surprise, la réflexion sur la temporalité de la catastrophe et la difficulté de trouver un responsable est cruciale. Qui est coupable lorsqu'une usine empoisonne des milliers de personnes en Inde ? le nouveau PDG ? L'ancien, qui a décidé l'abandon du site ? L'ouvrier qui n'a pas respecté les protocoles de sécurité par manque de formation ? La question que pose
Alfonso Pinto est structurelle.
En bref, j'ai beaucoup apprécié cet ouvrage, qui n'est cependant pas à lire un jour de grande déprime, et qui nous amène à nous poser de nombreuses questions sur le progrès des sociétés industrielles. Je recommande à quiconque s'intéresse aux conséquences de l'industrialisation massive du monde depuis le XIXe siècle, à l'environnement, à l'imaginaire collectif, ou encore à toute personne curieuse d'en apprendre plus sur les grandes catastrophes de notre histoire.