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Il est difficile de parler de ce recueil sans évoquer le contexte dans lequel il a été écrit...Publié à titre posthume en 1965, deux ans après le suicide de Sylvia Plath, il est sa dernière oeuvre poétique, et le reflet profond de sa détresse intérieure, de sa folie transcendée par son génie créateur , de l'appel ultime de la mort.

Mais j'aimerais me détacher de tout ce qui a fait d'elle une légende, la femme écrasée sous le joug masculin ( son mari, poète lui aussi, vient de la quitter au moment où elle écrit les poèmes d" Ariel"), figure du féminisme, la femme bipolaire, écrasée par ses troubles psychiques et qui s'en libère par l'écriture jusqu'au surmenage.

Si l'on ne regarde que les mots, le texte pur, que voit-on ?

Pour moi, ce qui est frappant, c'est la puissance , la brutalité même, des images, leur nouveauté saisissante: " Si le sang jaillit, c'est la poésie
Rien ne peut l'arrêter"
ou " Je suis cette demeure hantée par un cri.
La nuit ça claque des ailes
Et part toutes griffes dehors, chercher de quoi aimer."

Mais il n'y a pas que la violence du désespoir dans ce recueil, l'humour, la tendresse sont bien présents aussi.

Humour et même auto-dérision , je pense en particulier à cette coupure au pouce dont elle parle ainsi: " D'un coup tran-
Ché mon pouce, coupé pour un oignon.
L'extrémité presque arrachée
Retenue par comme un chapeau."

Tendresse pour ses deux enfants. J'aime beaucoup le poème " Chant du matin" dont voici quelques vers évocateurs:

" Toute la nuit ton souffle de papillon
Vibre au milieu des roses toutes roses.Je m'éveille et j'écoute:
Un océan lointain roule dans mon oreille"

L'ironie sur soi-même n'est pas loin car elle écrit ensuite :
" Un seul cri et je saute hors du lit, trébuche , bovine et florale
Dans ma chemise de nuit victorienne"

Cependant, " l'eau noire" de la mort, elle n'y résistera pas:
" Et je
Suis la flèche,

La rosée suicidaire accordée
Comme un seul qui se lance et qui fonce
Sur cet oeil

Rouge, le chaudron de l'aurore"...

Entrez dans l'univers singulier, hanté de Sylvia Plath, ne vous laissez pas détourner par l'aspect angoissant, déprimant peut-être de ses images, et vous découvrirez des textes foisonnant d'originalité et de force , un monde intérieur certes tourmenté mais tellement riche et unique !
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Ariel est le symbole d'un ange surdoué fauché en plein vol.
A l'instar d'un James Dean, Sylvie Plath fut une étoile filante talentueuse que le destin brisa.
Toute sa courte vie, elle sembla hésiter entre deux vies, celle qu'elle vivait et l'existence qu'elle aurait souhaité.
Cruel dilemme inscrit en des mots sensibles, à fleur de peau et parfois en hurlements poétiques comme un cri au secours.
Sa prose portant toujours le sceau d'une ambivalence, d'un paradoxe irrésolu dans son
moi profond.
Ses vers au relent intimiste, nous entraînent dans la vie perdue de l'auteur, alternant quelques éclairs de joie, mais retombant vite dans la mélancolie, la souffrance ou la colère, comme une urgence intérieure ayant un besoin immédiat d'être exhalée sur le papier.
Regrets, incompréhension d'elle-même, insatisfaction face au réel, sont les chemins poétiques qui la guideront. Cependant, malgré l'adversité, elle montra un incroyable labeur d'écriture seule ou en binôme avec son mari le poète Ted Hughes.
Où faut-il chercher son mal-être ?
Fut Elle vraiment cette image que les féministes mirent sur un piédestal iconique ?
C'est sûrement en lisant ses poèmes que vous trouverez la réponse à ces interrogations ?
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De son expérience tragique, Sylvia Plath crée une poésie dont l'esthétique provoque en chacun de nous des bouleversements profonds qui vont chercher ce que l'on cache. Ses poèmes sont une fenêtre sur le monde intérieur, sa douleur et sa folie et nous autorisent à être nous-même fous, souffrants, coléreux et passionnés. Les images y sont magnifiques, pleine de vie et même d'humour, la mort est là pour fournir les demi-tons de noir et les contrastes « Toi… douillet comme un bourgeon et content comme un hareng dans de la marinade … sautillant comme un haricot mexicain ». Traversé par les thèmes du suicide, de la perte du père, de la mort, Ariel est plus facile à comprendre quand on connaît la vie de Sylvia Plath. Sa poésie s'enracine dans son vécu intime, notamment dans l'expérience de la perte de son père qui meurt lorsqu'elle a 8 ans. Douée et bipolaire, Sylvia alterne l'allégresse et la profonde détresse tout ceci en écrivant sans cesse de la poésie. Après une tentative de suicide à 20 ans, elle obtient une bourse d'études pour une prestigieuse université en Angleterre. Elle y rencontrera Ted Hugues dont la poésie est déjà reconnue. Après leur séparation, elle se suicide, elle a 30 ans et deux enfants. Ce recueil est écrit durant l'année qui précède son suicide. Il retrace sa passion amoureuse pour Ted « amour, amour voici venue ma saison » et la détresse prémonitoire qui la conduira à la mort « je n'ai que trente ans … Voici la mort numéro Trois. Quelle blague d'anéantir chaque décade ». On y retrouve aussi l'image obsédante des camps de concentration « Un train, un train qui m'entraîne comme un juif. Un juif à Dachau, Auschwitz, Belsen » et de l'horreur de la guerre de 40 qui l'interroge sur les origines allemandes de son père « Tu n'es pas Dieu mais une swastika si noire qu'elle étouffe le ciel ». Tout est puissant chez cette belle femme blonde souriante et suicidaire.
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On peut voir une certaine ressemblance entre la poésie de Sylvia Plath et celle de Nelly Sachs : la perfection de l'écriture, la profondeur des émotions et l'obsession pour la mort. “Mourir est un art, comme tout le reste. Je m'y révèle exceptionnellement douée.” Mais Sylvia Plath diffère de Nelly Sachs par sa modernité, son audace, sa liberté. Son écriture est aérienne, lumineuse ; il y a des vers pleins de joie et de tendresse, sur ses enfants, et même sur ses abeilles. Il y a de l'humour parfois, dans sa poésie.
Mais ce recueil est aussi celui qui contient les derniers poèmes écrits avant son suicide : certains d'entre eux tellement sombres, tellement désespérés. Et pourtant ils recèlent tout de même une lueur, une douceur qui nous évoquent de façon déchirante sa personnalité délicate et ardente. C'était un génie prodigieux.

La traduction de Valérie Rouzeau est remarquable, sa présentation et ses notes sont bienvenues.
LC thématique de novembre 2021 : ''Faites de la place pour Noël”
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L'ambivalence des poèmes de Plath fout autant le seum que des papillons dans le bide, j'ai à la fois envie de prendre un bain et de sortir la tête par la fenêtre en criant «LA VIE» tout haut et tout fort.

On y retrouve les thèmes qui ont contribué à déglinguer l'autrice de la Cloche de détresse ; le suicide (et le suicide raté), les cicatrices émotionnelles et physiques, la perte du père lorsqu'on est enfant, les séances d'électrochocs, la maternité, son amour pour Shakespeare,…

Je saurais pas comment vous expliquer qu'une des choses les plus frappantes chez Sylvia Plath pour moi, c'est sa façon de réunir, de mettre le doigt sur ce qui nous rassemble dans la douleur alors même qu'elle est prête à sourire et nous le coller sur le coin de la gueule deux trois poèmes plus tard.

L'ambivalence Plath ou l'amour inconditionnel pour cette poétesse aux mots obsédants, j'arrive jamais à en sortir indemne minou et je trouve ça très balèze si tu veux tout savoir !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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ARIEL de SYLVIA PLATH
Recueil d'une quarantaine de poésies.
Bien que le nom Ariel évoque un ange ou un archange voire une déesse, ce sont des poèmes à connotation plutôt sombre dans lesquels la mort, la souffrance sont omniprésents. Je ne l'ai pas lus dans le texte c'est donc une traduction avec les pertes que l'on imagine, une lecture assez difficile, il n'y a pas de rythme, c'est assez chaotique, seule la présentation donne l'impression de poésie. A lire en anglais pour avoir une meilleure idée.
ARIEL
« Stasis dans l'obscur
Suit le bleu déversement sans substance
De pics et de lointains.
Lionne de Dieu,
Quel absolu dans notre croissance
Pivot de talons et de genoux! - le sillon
Se fend et va, jumeau
De l'arc brun de la nuque
Que je ne puis saisir.
Oeil nègre, les mûres
Jettent de sombres
Crochets.-
Des bouchées de sang noir et doux,
Des ombres.
Autre chose
M'entraîne dans l'espace-
Cuisses et chevelure;
De mes talons jaillissent des étincelles.
Blanche
Godiva je m'écorche -
- Mains mortes, mortes rigueurs.
Et maintenant je suis
Écume de froment et puis éclats de mer.
Le cri de l'enfant
Se fond dans le mur. Et moi
Je suis la flèche,
La rosée suicidaire qui
Une avec la course,
Ce chaudron du matin. »
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Je survis pour un temps,
J'organise ma matinée.
Voilà mes doigts, voilà mon enfant.
Les nuages sont pâles comme une robe de mariée.

Comme une impression, ces quelques vers de "Petite fugue" me semblent résumer à eux seuls la poésie de Sylvia Plath, grande figure de la poésie contemporaine américaine, disparue prématurément en 1963.

Extraits d'Ariel, recueil publié à titre posthume en 1965, ils contiennent en eux, comme en germes, une poésie inquiète, douloureuse mais aussi très éprise de liberté, de reconnaissance, de féminisme, de douceur, comme une poésie de la séparation mais aussi de l'attachement, comme un lien indissociable entre passé et présent.

Aborder l'oeuvre poétique de Sylvia Plath requiert peut-être un préalable, celui de connaître un peu de ce qu'a été sa vie, tant la part autobiographique (on pense ici à la présence de son père et à celle de son époux, le célèbre poète anglais Ted Hughes) dans ses écrits y est constante.

Écriture de l'intime, de l'espoir et de la douleur, écriture prise sur l'instant, l'oeuvre de Sylvia Plath mérite une vraie considération.


Ma lecture d'Ariel provient de sa première traduction faite en français par Laure Vernière, parue en 1978 aux Éditions des femmes-Antoinette Fouque.
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Recueil de poèmes horrifiques de celle qui écrit avec ses tripes, avec ses ovaires, avec les entrailles d'une femme, qui a donné naissance à la vie, deux fois, à la mort, une fois. Elle qui a échappé à la mort une ou deux fois mais qui ne s'est pas raté la troisième fois.
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Avec Sylvia Plath, je vais de découverte en découverte. Touchée pas son histoire, j'ai eu envie de m'y plonger et de découvrir l'ensemble de son oeuvre. D'une nature curieuse je souhaite approfondir ma connaissance de cette auteure en me plongeant dans un genre que je ne maitrise que très peu : la Poésie.

La poésie est à mes yeux, un genre d'une très grande richesse, mais également d'une très grande complexité. La tournure des phrases, comme l'utilisation de chaque métaphore, hyperbole ou autre figure de style est contrôlée à la virgule près. Comme dans le livre me direz vous, mais dans un poème on doit en quelques mots, parvenir à toucher, émouvoir ou tout simplement interpeller le lecteur. Ce qui en fait un genre qui mérite beaucoup plus d'attention qu'un roman dit plus conventionnel.

Avec « Ariel » on se plonge dans un recueil de poésies extrêmement intense et intime. Publié après son suicide, elle nous livre des poèmes d'une grande fragilité. La détresse est présente dans cette lecture et elle nous émeut. On ressent également une force qui se dégage de chacune de ses poésies. Car cette poésie nous est livrée comme un journal intime qui nous permettrait de découvrir cette vie tourmentée. A travers la beauté de la nature, on pourrait imaginer un avenir radieux s'en dégager. Mais l'auteure nous dresse un portrait glaçant sur sa vie, son passé et son maque de futur.

C'est avec énormément de plaisir que je découvre ce recueil, ses poésies et toute une part de sa vie.
Des poèmes en prose qui permettent de mieux appréhender la fin de sa vie et son mal être omniprésent. Elle sera nous parler de son père, de ses enfants, de son mari et de son quotidien avec un recul qui est frappant. Comme détachée de sa propre vie, on recherche la chaleur qui aurait du s'en dégager et qui reste absente. Et dans chaque mots pourtant innocent on ressent le poids que la vie semble peser sur ses épaules.

Ce recueil est composé de magnifiques textes d'une grande tristesse, mais qui seront apporter un moment de joie en vous. Car dans cette mélancolie, c'est également une beauté singulière qui saute aux yeux et nous livre cette poésie. Un très grand plaisir à lire et à découvrir. Une plume simple mais qui reflète la profondeur du mal qui la ronge. On est touchée et on ne peut que vouloir continuer de découvrir chaque ligne, chaque mot.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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De Sylvia Plath, j'ai lu en lecture commune avec Bellonzo « La cloche de détresse ». Ce livre, au titre très juste, m'avait donné envie de poursuivre avec cette auteure.
Avant de commencer ce recueil de poèmes, je savais donc que Sylvia Plath s'est suicidée à l'âge de 30 ans et qu'Ariel est un recueil publié à titre posthume.

Je lis très peu de recueils de poèmes et de plus je sais très mal en parler.
Que dire de celui-ci, si ce n'est qu'à presque toutes les pages, la détresse de Sylvia Plath est prégnante, presque obsédante.

Il y a des moments de pure tendresse pour ses enfants et des moments de désespoir, parfois même dans la même strophe.

Quels sont les sujets abordés par ces poèmes ?

D'abord la maternité avec par exemple le premier poème « chant du matin » sur la venue au monde d'un de ses enfants : on sent les jeunes parents ébahis et émerveillés par l'arrivée de ce nouveau-né : « Les voyelles lumineuses s'élèvent comme des ballons « .

Comme dans la « cloche de détresse » Sylvia Plath manie l'ironie et surtout l'autodérision. Par exemple, toujours dans le premier poème, elle écrit :
« un seul cri et je saute hors du lit, trébuche, bovine et florale
Dans ma chemise de nuit victorienne.
Tu ouvres une bouche aussi nette qu'une gueule de chat. »

Parmi les autres thèmes revenant souvent : l'holocauste, sa haine pour son père et pour sa mère, l'hôpital et la mort.

La postface est aussi captivante que le recueil en lui-même, puisqu'elle éclaire d'une façon intéressante pour la néophyte que je suis, l'état d'esprit de Sylvia Plath au moment où elle écrit les mots : J'ai appris (ou réappris si je l'avais oublié) que son père est mort quand elle avait une dizaine d'années et que c'était un nazi, cela fait ressortir d'une façon tout autre le poème « Dame Lazare » dont voici le début :

Ça y est, je l'ai encore fait.
Tous les dix ans, c'est réglé,
Je réussis –

Comme un miracle ambulant, ma peau devient
Aussi lumineuse qu'un abat-jour nazi,
Mon pied droit

Un presse-papier,
Mon visage un délicat
Mouchoir juif.

Et cela continue ainsi …

Des mots d'une grande force … et d'un désespoir que rien ne peut combler ….
A lire par petites touches pour ne pas se laisser envahir par tant de détresse…
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