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EAN : 9780385400909
Doubleday (02/01/1990)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

" In this book, the author brings us the voices of women doctors, dissidents, party workers, journalists and factory workers, who talk about their lives.
It emerges that women continue to suffer a variety of injustices, and there is backwardness in sex education and women's health facilities. "

Source : Alibris, UK.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

+++++++ FEMMES SOVIÉTIQUES : SUR LA CORDE RAIDE +++++++

À croire que j'ai un faible pour les femmes soviétiques, puisqu'il s'agit de mon deuxième ouvrage sur ce sujet bien déterminé, après "Les femmes dans la révolution russe" de l'historien Jean-Jacques Marie, lu et commenté il y a un an, le 29 mars 2018. Et ils me restent : de Michael Pearson "Inessa : Lenin's Mistress" (Inessa Armand, la maîtresse de Lénine) ; d'Anna Krylova "Soviet Women in Combat" ; de Luba Vinogradova "Les tireuses d'élite de l'Armée rouge" et de Barbara Alpern Engel "Five Sisters : Women Against the Tsar" (5 soeurs, des femmes contre le tsar).

C'est en lisant, il y a un mois, "Ma découverte de l'Amérique" du grand poète russe, Vladimir Maïakovski, que je suis tombé sur Francine du Plessix Gray, qui vient de mourir, le 13 janvier dernier à l'âge de 88 ans, et dont l'origine est des plus intéressantes : née en 1930 à Varsovie comme la fille du vicomte Bertrand Jochaud du Plessix, diplomate et attaché commercial à l'ambassade de France, qui comme volontaire des FFL - Forces françaises libres - de Charles de Gaulle fut abattu en 1940 au-dessus de Gibraltar, et de Tatiana Iacovleva (1906-1991), qui, dans les années 1920, a eu une liaison avec le génial Maïakovski.

Si j'avais encore des doutes, le chroniqueur du "New York Times Book Review", m'a totalement convaincu par son commentaire de cet ouvrage : "A terrific book" ou un livre superbe, "probablement le plus sensible et intelligent écrit sur ce sujet à ce jour". Ce qui, venant du prestigieux magazine littéraire lancé en 1896, n'est évidemment pas rien !

L'auteure a poursuivi une carrière exemplaire, tant académique (City College de New York, universités de Yale et Princeton) et journalistique (entre autres pour le magazine français "Réussir").
En 1957, elle s'est mariée avec le peintre d'art abstrait, Cleve Gray, né Ginsberg en 1918, et décédé en 2004, en faisant du patinage sur glace... à l'âge de 86 ans.
Le couple a connu une vie commune de 47 ans et a eu 2 fils.

Notre Francine commence par se féliciter de la perestroïka et glasnost de Mikhaïl Gorbatchev, entre 1985 et 1991, ce qui a permis un retour à la valeur traditionnellement la plus appréciée en Russie : le "uyutnost". Un mot difficilement traduisible, mais qui se rapproche de profond sentiment de bien-être (en Anglais "coziness" et en Allemand "Gemütlichkeit").

Mais en tournant la page, nous découvrons comment était pénible la vie de la femme soviétique suite à la carence des autorités en matière de politique des naissances, avec le résultat que les contraceptifs étaient introuvables et que le nombre d'avortements comptait parmi les plus élevés du monde. Il est vrai que les avortements clandestins rapportaient gros et que les salaires du corps médical étaient scandaleusement bas. Quoique pour un traitement de faveur à l'hôpital, il y avait les parfums français, les foulards Hermès et les chocolats belges.

Dans un chapitre, notre auteure s'arrête sur l'ouvrage de son amie, Natalia Baranskaïa (1908-2004) "Une semaine comme une autre et quelques récits" de 1969, qui a l'air particulièrement intéressant dans la mesure où il trace un portrait de la vie de tous les jours d'une femme moscovite dans les années 1930. C'est une lutte quotidienne et sans pitié contre le temps : 2 heures dans les transports publics pour aller au boulot et rentrer + 8 heures de boulot + 2 heures pour faire les courses (à câuse des pénuries alimentaires et des longues files d'attente), 1 heure pour préparer les repas et 1 heure pour garder l'appartement plus ou moins propre et peut-être qu'il reste encore quelques travaux imprévus pour les gosses (lavage, repassage, petite couture) qui ne peuvent attendre le week-end. Cela les soirs où il n'y a pas de réunions obligaroires du Parti communiste. Et l'auguste époux dans tout cela ? Sans vouloir généraliser... il préfère son journal aux tâches ménagères et domestiques.
Francine du Plessix Gray note, en passant, à propos des appartements bondés (occupés par trop de personnes) qu'ils sont à l'origine de 30 % des divorces.

Mais grâce à certaines dames, l'URSS a été à la pointe du progrès pour la condition de la femme. Il y a eu Vera Figner (1852-1942), qui a organisé la première grande manifestation pour l'obtention du droit de vote des femmes, rassemblant 40.000 citoyennes sous les tons de la "Marseillaise" à Petrograd en 1917 et cette ancienne prisonnière (20 ans de taule pour l'attentat contre le tsar Alexandre II en 1880) a été une des 10 femmes à être élue à l'assemblée constituante de novembre 1917. Elle a écrit une autobiographie disponible en Français : "Mémoires d'une révolutionnaire".

Une autre élue a été la légendaire Alexandra Kollontaï (1872-1952), l'unique femme nommée ministre dans le premier gouvernement bolchevique de l'histoire. Comme Commissaire du peuple à l'Assistance publique, à partir du 11 novembre 1917, elle a joué un rôle crucial pour l'obtention de divers droits de femmes, notamment en matière de divorce, d'avortement, de rémunérations, etc. L'actuel ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a inauguré un siècle plus tard une plaque commémorative à son domicile moscovite, en mars 2017.

La valeur de ce livre réside à mon avis dans la description par Francine du Plessix Gray de la divergence entre la théorie et la pratique de la situation de la femme soviétique. Entre leurs droits et statut juridique d'une part et la réalité de la vie d'autre part. L'URSS a été le premier pays au monde à inscrire l'émancipation de la femme dans la constitution et à prévoir un salaire égal pour hommes et femmes, seulement les nominations ne suivaient pas. Ainsi, si à la fin des années 1980, 77 % des médecins étaient des femmes, 52 % des responsables des hôpitaux étaient des hommes. La situation pour les ingénieurs dans l'industrie était même pire : si 70 % des ingénieurs étaient des femmes, uniquement 6 % devenaient chefs d'entreprise.

C'est en épluchant la littérature russe connue et peu connue et grâce à ses nombreux entretiens avec des femmes au cours d'un long voyage à travers le territoire soviétique, de Moscou à Tbilissi en Géorgie, en Ouzbėkistan... que l'auteure a pu formuler ses conclusions qui valent absolument la peine d'être lues, si l'on veut se faire une idée concrète de la vie quotidienne de la femme soviétique.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
" Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas. "

Anton Tchekhov

(page 88).
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