face B du 33 tours du groupe ROSTA déclamant des poèmes de Maïakovsky (en 1977)
J'aime
cette terre
on peut
oublier
où et quand
on prit du ventre
et un triple menton
Mais
la terre
avec laquelle on a su
ce que c'est que la faim
on ne peut
jamais
l'oublier
Il nous faut arracher la joie aux jours qui filent.
J'ai tendu mon âme comme un câble au-dessus de l'abîme
et jonglant avec les mots, je m'y suis balancé.
Avant, je pensais
que les livres se faisaient comme ça :
un poète arrivait,
desserrait légèrement les lèvres,
et de suite le benêt inspiré se mettait à chanter.
Et ça y était !
En fait,
avant que le chant vous vienne,
il faut longtemps déambuler, couvrir ses pieds d'ampoules en
allées et venues,
tandis que dans la vase du cœur doucement barbote
la sotte sardine de l'imagination.
Pendant qu'on fait bouillir, en grinçant de la rime
une sorte de brouet d'amours et de rossignols,
la rue se tord, privée de langue :
elle n'a rien pour crier ni parler.
Tu comprends, évidemment, que sans toi un homme cultivé est incapable de vivre. Mais si cet homme a un minuscule petit espoir de te revoir, il sera très, très gai. Je serais heureux de t'offrir un jouet dix fois plus gros, pourvu qu'ensuite tu souries.
J'ai cinq de tes petits bouts de papier, je les aime terriblement, un seul me chagrine, le dernier, qui ne porte que "Vollossik, merci", alors que les autres ont une suite, et ce sont ceux-là mes préférés.
Tantôt, il se glace
dans l'éclat de laque de lune,
tantôt il gémit,
éclaboussé
de blessures d'écume.
Je regarde,
je regarde...
et toujours semblable,
cher
et proche m'est l'océan.
À jamais,
mon oreille gardera
ton fracas.
Te verser
dans mes yeux
sera toujours une joie.
Par la grandeur,
l'énergie,
le sang,
le souffle,
Tu es le frère aîné
de ma révolution.
*Parfois on a le sentiment puissant que certains poèmes ont été écrits pour nous, c'est le cas avec celui-ci. Merci mh.
Les poètes sont chers aux femmes,
avec ça j'ai de l'astuce,
et pour peu qu'elles prêtent l'oreille
je leur conte des merveilles.
Je ne mords pas à l'ordure,
à l'appât de basses fredaines.
Eternel blessé d'amour
c'est à peine si je me trahi.
Alors de nouveau
sombre et abattu,
je prendrai mon cœur,
le baignerai de larmes
et l'emporterai
comme un chien
dans sa niche
emporte
sa patte écrasée par un train.
Écoutez !
Puisqu'on allume les étoiles,
c'est qu'elles sont à
quelqu'un nécessaires?
C'est que quelqu'un désire
qu'elles soient?
C'est que quelqu'un dit perles
ces crachats?
Et, forçant la bourrasque à midi des poussières,
il fonce jusqu'à Dieu,
craint d'arriver trop tard, pleure,
baise sa main noueuse, implore
il lui faut une étoile!
jure qu'il ne peut supporter
son martyre sans étoiles.
Ensuite,
il promène son angoisse,
il fait semblant d'être calme.
Il dit à quelqu'un :
" Maintenant, tu vas mieux,
n'est-ce pas? T'as plus peur ? Dis ? "
Écoutez !
Puisqu'on allume les étoiles,
c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ?
c'est qu'il est indispensable,
que tous les soirs
au-dessus des toits
se mette à luire seule au moins
une étoile?
Je sais que tu as déjà usé son amour.
Je devine l'ennui à de nombreux symptômes.
Viens te rajeunir dans mon âme.
Fais connaître au coeur la fête du corps