Projet C

Pourquoi ce livre?
J'ai lu le roman Projet C dans un contexte professionnel, afin de prendre position, à titre de bibliothécaire, sur la pertinence d'offrir en milieu scolaire les livres de la collection Tabou, publiée aux Éditions de Mortagne. Cette collection présente des docufictions sur des sujets peu abordés autrement dans la littérature jeunesse (dans ce cas-ci, l'augmentation mammaire), et s'adresse autant aux adolescents qu'aux parents et intervenants. J'ai choisi ce titre en particulier parce que la page couverture a piqué ma curiosité, tout comme le titre, « Projet C », qui renvoie, on l'apprend en lisant le livre, au bonnet C dont rêve Maeva, une adolescente complexée par la petite taille de ses seins.

Un premier aspect qui m'a plu
J'ai particulièrement apprécié la façon habile dont l'auteure a su intégrer à l'histoire une grande quantité d'information clinique sur la chirurgie esthétique, et particulièrement les augmentations mammaires. On en apprend beaucoup sur le sujet, sans décrocher de l'intrigue ni sentir qu'on essaie de nous passer de l'information. Toutes les complications possibles y sont exposées, statistiques québécoises à l'appui, le tout dans le but, bien entendu, de dissuader les adolescentes de passer sous le bistouri pour plaire à la gente masculine. de plus, des ressources d'aide sont proposées à la fin du livre.

Un second aspect qui m'a plu
J'ai été touchée par la vulnérabilité de Maeva et l'énorme mal-être qu'elle vit sans jamais se confier à ses proches. Détruite dès l'enfance dans son estime personnelle par un père qui ne cesse de lui répéter qu'elle n'est pas jolie, l'entrée dans l'adolescence vient lui porter le coup fatal à mesure qu'elle constate au fil des ans que sa poitrine ne se développe pas comme celles de ses amies et qu'elle ne ressemblera jamais aux filles de ses magazines. Ce manque de confiance en elle l'amène à s'exclure d'elle-même de bien des activités qui lui font pourtant envie.

Un aspect qui m'a moins plu
En cours de lecture, je me suis souvent sentie fâchée par l'attitude de Maeva, qui refuse totalement d'entendre les compliments de son entourage et s'entête à se rabaisser, mais surtout, à foncer vers cette opération sans égard aux risques encourus. « Ma mère et ma meilleure amie me parlent des complications de l'opération. Mais je me fiche de ce qu'elles racontent. Aucun risque n'est assez grand pour me dissuader d'aller jusqu'au bout de mon projet C. » Mais, on le comprend, c'est justement ce comportement typique des filles convaincues d'être laides que tente de dénoncer l'auteure, et elle y arrive à merveille.

Un avis très personnelle sur ce livre, qui m'a touché et déranger mais qui m'a aussi permise de changer ma façon de voir cette opération qui est de plus en plus banalisée.
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