Une mort qui en vaut la peine

Il n'avait jamais rencontré un seul type jouant de la musique pour gagner sa vie qui, triste ou dépravé, ne soit pas un paumé quelconque, comme ceux qui peignaient des tableaux ou écrivaient des livres ou couraient les chemins pour débiter sur une scène les répliques du dernier mélodrame à la mode. Pour lui, seuls les plus malheureux avaient de réelles dispositions pour les activités artistiques.

Maintenant, il y avait des mitrailleuses qui tiraient trois cents balles à la minute, du gaz moutarde qui transformait vos poumons en mousse rose, et des généraux qui pensaient que la perte de quelques milliers d'hommes seulement pour gagner un mètre ou deux était synonyme de grande victoire.

Il avait lu des articles sur les recherches menées dans certaines régions du monde afin de découvrir un hypothétique chaînon manquant ; mais putain, m’sieurs dames, il était là et il tenait un bar à Meade, dans l’Ohio !

"Bien, conclut-il après le décompte des voix. Je crois que j'ai l'homme qu'il nous faut.
- Et de qui s'agit-il donc ? S'enquit d'un ton méfiant Bus Davenport, le directeur de l'école.
Après toutes ces années passées au contact des enfants, il avait du mal à accorder sa confiance à quiconque avait pu en être un par le passé.

Je vous en donne solennellement ma parole d'inspecteur des installations sanitaires.

Sugar avait de nombreux défauts, mais il n'avait jamais couché avec une gonzesse dont le mari était toujours vivant. C'était la seule régle à laquelle il ne contrevenait jamais. Même la mauviette la plus lâche pouvait devenir carrément féroce en se découvrant cocue, et il y avait trop de poulettes libres dans la nature pour courir le risque de se faire brûler la cervelle par un homme pris d'un accès de jalousie.

Si tu pars battu, autant abandonner. Et pis on aura bien le temps de voir tout en noir quand on sera morts.

Les livres étaient sa grande passion et elle ne pourrait jamais envisager sérieusement une relation avec quelqu'un qui ne lisait jamais, et encore moins l'épouser.

"Je peux te poser une question ? demanda-t-il.
- Ouais, quoi ?
- Si une de ces putes dont tu parles vaut deux ou trois dollars, combien coûte un bon jambon, à ton avis ?
- Oh, à peu près pareil, je pense. Y doit pas y avoir une grosse différence entre une pute et un jambon.
- Bon, dans ce cas, on pourrait en acheter combien avec l'argent qu'on a ?
- Oh, je sais pas. Une centaine, peut-être.
- Mazette ! s'exclama Cob. Ça fait beaucoup.
- Ouais, y faudrait un jour ou deux pour toutes les baiser.
- Non, je veux dire : ça fait beaucoup de jambons, hein ?
- Putain oui, t'as raison ! convint Chimney en éclatant de rire. Merde, si tu devais bouffer tous ces jambons, tu te transformerais sans doute toi-même en cochon.
- Oh, ça m'irait bien, dit Cob. Ils ne font rien d'autre que rester vautrés toute la journée dans la boue avec quelqu'un qui leur apporte du fourrage et de la pâtée. Bigre, qu'est-ce qu'on pourrait bien vouloir de plus, dans la vie ?"

Tandis qu’il était assis, seul, auprès de la dépouille dans la pénombre transpercée par la lueur tremblotante d’une bougie, Pearl remarqua que le bout de sa langue pointait entre ses lèvres. Alors qu’il se penchait au-dessus d’elle pour la remettre en place, il nota un imperceptible mouvement. Mon Dieu ! songea-t-il, le cœur s’emballant soudain, se pourrait-il qu’elle soit encore vivante ? « Seigneur Jésus », commença-t-il à psalmodier juste avant qu’un ver solitaire, pas plus large que l’annulaire et pas plus épais que quelques feuilles de papier, ne s’avance de plusieurs centimètres hors de la bouche de sa femme.