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Citations sur Lire est le propre de l'homme (88)

"Je n'aime pas les lecteurs qui se situent du bon côté d manche [...].
Mais je me sens proche de ceux qui se sont perdus dans la lecture comme dans une forêt hantée. "
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Jadis, nous avions, même les plus modestes d'entre nous, des tirelires. Ce mot, une prétendue onomatopée évoquant le bruit des pièces de monnaie s'entrechoquant, ne recélait-il pas plutôt une invitation à économiser dans le but d'acheter un livre ? Tirer de là de quoi lire, et tirer le plus grand profit de sa lecture ?
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Nous, êtres humains, avons cessé d'être des êtres de langage. Nous sommes devenus des êtres de force de vente et de pouvoir d'achat. Ce qui nous est inutile, voire nuisible, nous est présenté comme indispensable. Ce qui nous est vital, la splendeur de la nature, la vie de l'esprit, le temps de vivre, la curiosité intellectuelle, l'amitié avec quelques grands hommes et femmes du passé, nous est présenté comme vain, trop coûteux, non rentable, irréaliste.
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Les enfants et les adolescents vivent aujourd'hui dans un monde bouleversé, envahi d'images et de sons, d'informations aussi vite commentées qu'oubliées, d'injonctions publicitaires, de violences et de crises, un monde régi par l'instant, l'argent et la vitesse. Et certains sont beaucoup plus vulnérables que d'autres. Plus encore qu'à l'époque où je suis arrivée en France, la lecture, par le silence, la lenteur et la solitude qu'elle impose, vertus exactement inverses à celles du bruit, de la vitesse et des sept cent soixante-dix amis sur Facebook, donne les conditions nécessaires à l'élaboration d'une pensée critique, émancipée de toutes les pressions que les individus subissent.
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On ne sait jamais comment les choses adviennent. Il s'agit de les rendre possibles, il s'agit d'ouvrir des portes, de dégrillager des fenêtres. De briser la glace, ou les verrous, ou les habitudes de paresse.
Geneviève Brisac
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- Madame, pourquoi t'écris ?
Je ne sais pas pourquoi j'écris, et les enfants ne savent pas pourquoi ils lisent. Mais la rencontre produit du sens. L'ambition la plus grande serait d'imaginer qu'un livre peut changer le cours d'une vie.
Nathalie Kuperman
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Je crois que je n'aime pas beaucoup que la lecture soit cette Vertu publique dont on peut tirer de la gloriole et des profits orthographiques ou sociaux, ni ce mausolée muet dans lequel on précipite de force et comme au hasard des collégiens rétifs et qui n'y comprennent rien. Je crois que je voudrais toujours qu'elle soit un vice privé, un chemin de traverse, une échappée belle et que chacun lise pour soi, contre le monde. Je crois même que nous devrions avoir pour ambition politique d'inviter autour de nous au repli, au retrait du monde, à désobéissance aux canons, à la solitude et à l'égoïsme enfantin de la lecture.
Il me semble que rien ne prépare mieux à tenir tête (à la meute, à la peur, à l'autorité, à l'existence même) que l'expérience solitaire de la liberté, et franchement, quel meilleur champ d'exercice, plus vaste, plus divers, plus sauvage, plus scandaleusement personnel que la lecture ?
Marie Desplechin
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Les enfants et les adolescents vivent aujourd'hui dans un monde bouleversé, envahi d'images et de sons, d'informations aussi vite commentées qu'oubliées, d'injonctions publicitaires, de violences et de crises, un monde régi par l'instant, l'argent et la vitesse. Et certains sont beaucoup plus vulnérables que d'autres. Plus encore qu'à l'époque où je suis arrivée en France, la lecture, par le silence, la lenteur et la solitude qu'elle impose, vertus exactement inverses à celles du bruit, de la vitesse et des sept cent soixante-six amis sur Facebook, donne les conditions nécessaires à l'élaboration d'une pensée critique, émancipée de toutes les pressions que les individus subissent.
Je pense souvent à tous ceux récemment arrivés en France, je vais souvent à leur rencontre, je mesure la chance qui a été la mienne d'avoir connu ce pays à une époque où l'école républicaine pouvait encore assumer sa mission. Je suis souvent en colère quand je constate l'abandon de tant d'enfants à leur infortune.
Je rêve de salles de classe où les enfants auraient la tête penchée sur un livre, arrachés au boucan de leur cité, de leur famille, de la télé, de leurs jeux, de la pression des prédateurs de toutes sortes, ceux qui font de l'argent la seule valeur et peuvent rendre fous ceux qui n'en ont pas. Je rêve qu'il soit donné à tous les enfants le bonheur de lire, de découvrir ce plaisir d'être apaisé au point de s'endormir en tenant encore un livre à la main.
Il faut donner des livres aux enfants pour leur faire prendre conscience de tout ce qui les contraint, pour alléger leurs souffrances, pour les faire rire, pour les faire rêver, pour les aider à penser, pour les rendre libres.
Leur donner des livres comme il m'en a été donné. Pour les délivrer.
Brigitte Smadja
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C'est en France que j'ai découvert les bibliothèques, ces lieux merveilleux où l'on donnait gratuitement des livres, où l'on parlait d'une voix feutrée, où, le plus souvent, on se taisait, où la concentration était palpable. Lire des romans, des livres d'histoire, des dictionnaires m'ouvrait un champ de possibles, m'offrait la promesse que mon destin n'était pas déjà scellé. Je prenais un livre et j'entrais en communion avec quelqu'un qui n'était pas moi et me délivrait un instant de mon identité.
Lire, c'était et c'est toujours, simultanément, un mouvement d'ouverture et un mouvement de retrait. Pendant le temps de ma lecture, je me retirais du monde, de ses stéréotypes, et j'accueillais des imaginaires singuliers, si différents du mien et parfois si proches. Quand je trouvais un roman qui m'emportait, j'aimais lire lentement, plus lentement encore sur les dernières pages, pour que ça dure encore un petit peu, pour différer le moment où je devrais fermer le livre. J'éprouvais le sentiment délicieux de ma liberté. J'étais à la fois, par ces vies fictives, loin de moi et rendue à moi-même, un moi indépendant des contingences familiales, culturelles, religieuses, politiques.
Brigitte Smadja
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Elle m'emmena de nouveau dans les rayonnages. Me montrant Jack London, Stevenson, Verne, Kästner et beaucoup d'autres que j'ai oubliés. Elle me montra des couvertures et m'expliqua, quand je fronçais le nez, que l'on ne pouvait pas forcément juger du contenu à partir de l'image. Que l'auteur, c'était le plus important. Et qu'il fallait être curieux. Que ce n'était pas grave d'être déçu. Qu'on avait souvent de très bonnes surprises.
Je la regardais, méfiant : je ne veux pas être déçu. Parce que, quand j'aime, je suis avec mes héros. Je suis dans mon lit de trappeur, dans ma cabane faite de gros rondins de bois brut, j'entends hurler le vent. Mais je suis au chaud, protégé par le talent de mes amis discrets et passionnants, les auteurs.
Plus d'un demi-siècle plus tard, rien n'a changé. D'autres amis se sont ajoutés à cette première liste. Toujours aussi discrets, toujours aussi passionnants. Je n'ai plus peur. Je sais qu'une inépuisable chaîne d'ami(es) m'attend.

Arthur Hubschmied - directeur éditorial et cofondateur de l'Ecole des Loisirs.
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