Les Deux Pigeons

Les deux pigeons ou la chronique ordinaire d'un jeune couple au début du XXIe siècle, durant 10 années. Ni plus ni moins. Pas d'événements dramatiques à signaler mais la captation des affres du quotidien avec des questions existentielles : faut-il se méfier des aliments industrialisés ? Faire un enfant tout de suite, attendre ou adopter ? Finir sa thèse sur Guy Mollet ou abandonner ? Une existence en duo que les bien prénommés Théodore et Dorothée, complémentaires comme il n'est pas permis, mènent avec appétit d'abord, puis un certain désenchantement. Quelque chose comme l'air du temps, un peu à la manière du film de Jacques Becker daté de 1947, Antoine et Antoinette, petite merveille cinématographique qui était plutôt du côté de l'optimisme, mais c'était une autre époque, celle d'une France en reconstruction. le livre d'Alexandre Postel est un roman, soit, mais sans doute beaucoup y reconnaitront-ils des préoccupations générationnelles. Chaque chapitre semble vouloir aborder un thème spécifique : le mariage, l'alimentation, les animaux de compagnie, le (non)désir d'enfant, etc. de là à dire que l'on a parfois l'impression de lire un manuel de sociologie, il n'y a pas loin. S'il est vrai que le style de l'auteur est plutôt plaisant et que l'on apprécie son humour et son ironie plus cinglante qu'il n'y parait, le roman ne se départit que peu d'un rythme routinier, de manière charmante, certes, mais qui ne laisse qu'une place étroite aux surprises de la fiction.

Théodore et Dorothée forment un couple parisien. Lui titulaire d'un diplôme en informatique est webmaster à mi-temps et elle est professeur d'histoire-géographie et poursuit sa thèse. On les suit sur dix années : de leur aménagement aux questionnements qu'ils vont traverser Quel matelas acheter, se marier ou pas, avoir ou non des enfants, quelle alimentation adopter : autant de préoccupations en phase avec celle d'un couple. Entourés de quelques amis qui suivent des chemins différents, ils tergiversent, hésitent, se rangent d'un coté puis finalement reviennent à leur anciennes habitudes. Piqués par l'envie de gagner plus et donc de vivre mieux, ou celle louable de protéger la planète, comme celui de donner du sens à leurs vies, Théodore et Dorothée tentent de répondre face à ce que la société véhicule et impose.

J'ai pensé à un documentaire avec une certaine distance en lisant cette chronique d'un couple assez ordinaire teintée d'humour ironique et de tendresse. Peut-être parce que j'ai eu du mal à m'imaginer réellement Théodore et Dorothée comme s'il leur manquait quelque chose. Mais il s'agit d'une lecture agréable.

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C'est au cours d'une émission de radio sur France Culture que j'ai entendu l'auteur parler de ce livre. Pour être honnête, je n'avais jamais entendu parler de lui, même s'il a eu le Goncourt du Premier roman avec son ouvrage précédent. Lors de cette émission donc, je l'ai trouvé très pertinent. Il expliquait qu'il avait voulu écrire un livre sur l'amour au quotidien dans le couple, sans passer par la rencontre qui en tant que telle est un évènement romantique. Raconter simplement le quotidien d'une histoire, sur 10 ans, dans tout ce qu'elle a de routinier et pourtant de différent chaque jour. J'ai trouvé la démarche intéressante et suis partie emprunter le livre à la bibliothèque, une semaine avant que cela ne soit plus considéré comme un bien de première nécessité, histoire de renforcer la polémique.

Ce livre commence sur la phrase suivante :

« Ils restaient toujours évasifs quant aux circonstances de leur rencontre ; interrogés sur ce point, ils échangeaient un regard et parlaient d'autre chose. »



Théodore et Dorothée (anagramme l'un de l'autre) sont en couple depuis deux ans et l'auteur ne cherche pas à nous faire part de la féerie des débuts. Ils sont jeunes, ont 25 ans environ, et décident d'emménager ensemble à Paris, avec leurs faibles revenus. Ils ont la vie devant eux et plein d'espoir. On va donc suivre, pendant 10 ans, leur recherche d'appartement, les évolutions – ou non – de leur carrière, leur rapport avec leurs amis, à la sexualité, à l'alimentation, aux loisirs etc.

C'est un roman assez étrange car fondamentalement, on lit un livre où il ne se passe pas grand-chose. C'est vraiment la routine du couple comme on peut la connaître, avec le quotidien à gérer, les joies et les déceptions, les rituels et les virages à 180 degrés. Pourtant, on voit bien que chacun évolue. L'auteur nous fait part de leurs interrogations respectives, cachées au fond de leur tête : « Fait-on assez l'amour ? », « Quels sont nos projets de futur ? », « Que se passe-t-il pour moi si sa carrière à lui (ou à elle) décolle ? », et toutes ces questions intimes qui sont liées à la vie de n'importe quel couple. Avec une information notoire : l'un et l'autre ont envie de rester ensemble, de s'inscrire dans une aventure longue durée, en dépit des tourments et des doutes qu'ils peuvent par moment connaître. On assiste donc aux moments de certitude amoureuse comme aux questionnements profonds, le tout agissant par vagues, plus ou moins fortes, mais avec toujours au final des retrouvailles et la réaffirmation de vouloir vivre et construire ce quotidien ensemble.

Est-ce un « bon » livre ? Ma foi, c'est une réponse difficile à donner. C'est un ouvrage intéressant, presque sociologique sur ces petites choses qui font un couple, et en même temps, force est de reconnaître que cela est d'une certaine platitude, qui n'est pas pour moi liée aux personnages mais plutôt au ton du récit. Mais peut-être que c'est ça qui était recherché : une vie finalement assez plate en surface, mais animée en profondeur chez les protagonistes ? Je n'en sais rien. Toujours est-il que j'ai apprécié l'idée de départ, mais que j'aurais voulu suivre les personnages sur 20 ou 30 ans, et non pas sur les 10 premières années de leur histoire.



Jo la Frite
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C'est une redite moderne de la fable De La Fontaine, mais ici les deux pigeons sont bien humains, et ne s'aiment pas toujours d'amour tendre. L'auteur aborde beaucoup des aspects du couple, ou plus précisément d'un couple qui n'a pas d'horizon précis sur leur vie, une ambition professionnelle floue, pas d'envie d'enfant, une sorte de néant d'avenir. Ce pourrait être intéressant, ce pourrait être drôle, mais en définitive assez plat; trop de thèmes abordés, on n'apprend pas grand chose et j'ai eu du mal à m'attacher à ce couple un peu boiteux.

Théodore et Dorothée sont amoureux... et se posent mille questions. Après tout, c'est quoi être un bon couple? Un couple épanoui? Un couple réussi? Plus que les grands moments, ce sont tous les petits instants du quotidien que Postel passe au crible, faisant de nous la petite souris qui observe du coin de la pièce!