Il s'appelle Asher Lev et son nom deviendra célèbre un jour. C'est du moins ce qu'affirment tous ceux qui l'ont vu à l'oeuvre. Dès son plus jeune âge, Asher Lev fait preuve d'un véritable don pour le dessin. A seulement six ans, il exprime déjà avec une incroyable justesse sa perception des choses et montre une véritable curiosité pour tout ce qui touche à la création et à la compréhension du monde. Mais son père, juif hassidique très respecté, voit d'un mauvais oeil ce passe-temps qui détourne son fils de l'apprentissage de la Torah…
Dès lors, le jeune garçon se retrouve tiraillé entre son besoin irrépressible de dessiner et l'envie de plaire à ses parents. Fort heureusement, le Rèbbe, qui n'est autre que le dirigeant de la communauté hassidique, voit dans ce don un cadeau de Dieu et non du diable et décide de confier le jeune garçon aux soins et à l'apprentissage de Jacob Kahn, un artiste réputé pour son talent et son franc-parler, tandis que les parents d'
Asher se trouvent en Europe, essayant de mettre en place des yeshiva, afin de rassembler la communauté juive éparpillée depuis la Shoah. le vrai défi pour
Asher sera alors de parvenir à exprimer toute sa créativité, sans pour autant se détourner de ses origines, mais jusqu'à quel point cela est-il possible ?
Dans ce roman initiatique profondément touchant, qui se déroule à Brooklyn dans les années 40-60,
Chaïm Potok nous raconte l'ascension d'un jeune garçon pour devenir un peintre reconnu et estimé. Héritier d'un passé marqué par les drames, Asher Lev a baigné depuis son plus jeune âge dans les histoires de son peuple, hanté par l'image d'un grand-père au regard de braise parti sur les routes pour racheter les fautes du passé. Il a appris à respecter et honorer ceux qui ont marqué l'Histoire de leur nom. Mais le poids de la religion et des traditions se révèle être un héritage trop lourd à porter et un frein dans l'expression de sa créativité. Difficile alors de se libérer de ce poids sans blesser ceux qu'il aime…
Chaïm Potok décrit avec une incroyable justesse les enjeux et les doutes qui pèsent sur les épaules de son personnage. Si la première partie du roman peut sembler parfois difficile d'accès pour les non-initiés aux us et coutumes des juifs orthodoxes (heureusement, un petit lexique peut être consulté à la fin du livre pour nous éclairer sur les termes spécifiques !), la seconde quant à elle, qui commence sur l'apprentissage d'
Asher auprès de son maître, se révèle véritablement passionnante ! On s'ouvre avec lui à un monde qui ne lui est pas familier et qui lui offre de nouvelles perspectives et de nouveaux moyens de création, aiguisant ses sens à une nouvelle forme d'art.
Partagé entre l'exaltation de la découverte et la mauvaise conscience engendrée par son éducation, Asher Lev va devoir faire preuve d'une volonté infaillible pour trouver sa voie. Difficile de ne pas être ému par le combat de ce jeune garçon pour défendre son don et ses convictions.
Chaïm Potok nous offre un roman magnifique et néanmoins complexe sur la création, la liberté d'expression et sur le poids du passé et de la tradition. Et si vous avez aimé, jetez-vous sur la suite : «
le don d'Asher Lev ».