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Jean Bloch-Michel (Traducteur)
EAN : 9782264040848
384 pages
Calmann-Lévy (02/12/2004)
4.33/5   271 notes
Résumé :
Avec "L’Élu", Chaïm Potok a écrit un des plus beaux romans de ces dernières années. Il faut lire une centaine de pages pour entrer dans la magie de cette petite communauté juive new-yorkaise où hassidiques et sionistes vivent ensemble et se détestent.

À l’occasion d’un match de base-ball, deux adolescents exceptionnels des deux communautés vont devenir amis et surmonter les obstacles.

Tout y est : la tendresse du père, l’amitié plus for... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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" On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes."
(proverbe juif)

Mais parfois les ailes poussent dans la douleur, comme on va le découvrir dans ce beau livre de Chaïm Potok.
Potok écarte le rideau sur un monde dont je suis presque complètement ignorante - celui de la communauté juive new-yorkaise des années 40. le monde qui sort, en apparence, de la même matrice, mais qui démontre bien que même le judaïsme n'est pas un monolithe.
Qui sont les "élus" ? Les orthodoxes coiffés de papillotes qui attendent toujours la venue de leur messie, ou les sionistes avec leur désir d'émancipation ? Ou sont-ce leurs enfants : leurs fils qui essayent de trouver leur propre chemin, tout en s'efforçant de respecter leurs familles et leurs traditions ? Et c'est un chemin épineux et plein de déceptions, même si au bout, les ailes vont se déployer...

Cette histoire d'amitié de deux garçons a quelque chose de presque shakespearien.
Danny est le fils brillant d'un tzaddik, un grand chef spirituel hassidique. Il grandit en silence, destiné, lui aussi, à devenir tzaddik. Son père ne lui adresse la parole uniquement lors des études du Talmud. Reuven vit à Brooklyn dans une famille bien plus modérée. Son père enseigne dans une yeshiva et rêve d'un futur Etat d'Israël. Chacun va montrer à l'autre comment fonctionne son monde, mais c'est surtout Danny qui va découvrir des pensées et des livres qui lui donneront envie d'étudier la psychologie, et le mèneront à la rébellion contre son père.
J'ai d'abord l'impression de lire un livre sur un conflit entre deux conceptions de judaïsme, puis sur le conflit des deux pères à travers leurs fils, mais finalement c'est surtout du conflit entre la raison et le coeur dont je vais me souvenir.
Je changeais sans cesse d'attitude envers les protagonistes, tous admirables et excellents dans leur raisonnement; je n'étais pas d'accord, je ne comprenais pas certaines choses, mais j'ai fini la lecture avec un sentiment que, malgré tout, j'ai peut-être saisi une part de leurs vérités.
L'histoire se passe au moment où la guerre se finit, et les camps de concentration de l'autre côté de l'Atlantique livrent leur témoignage d'horreur. Au moment où le nouvel Etat d'Israël voit le jour...

Le livre de Potok permet de comprendre comment certaines choses qui paraissent importantes ici et maintenant (comme un match de baseball) peuvent avec le temps devenir dérisoires. Que les choses qui nous sont naturelles ne sont pas forcément évidentes, et quelle tragédie peut devenir leur perte. C'est une histoire sur les incroyables efforts, volonté, dévouement, amour et amitié à toute épreuve. Mais aussi sur la sagesse humaine, et comme c'est dur, voire impossible, de ne pas juger les autres et essayer de les comprendre.
On voit les deux côtés de ce qu'est capable l'obstination: fonder des états, mais aussi détruire délibérément les rapports humains et les amitiés, faire preuve des grandes prouesses d'esprit, mais perdre irrémédiablement la santé, penser au salut du monde entier, et, en même temps, blesser ses proches.

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Quand les Juifs en Amérique ont appris ce qui se passait pendant l'holocauste en Europe, ils finissaient chaque discours par ces mots, à peu près : "Que le nom d'Hitler soit damné et oublié à jamais; que sa mémoire soit effacée de la surface de la terre..." Qu'en est-il aujourd'hui ? Et même, serait-il sage d'oublier ?
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Danny est le fils du tzaddik, un rabbin hassidique réputé. Fermé au monde moderne mais ouvert aux souffrances du peuple juif. Son père l'élève dans le silence, ne lui parle que pour l'étude du Talmud. Danny est brillant, il a soif d'apprendre et les bibliothèques de New York lui ouvrent les bras. Mais toutes les lectures ne lui sont pas permises. Son destin est de prendre la place de son père.

Reuven appartient à une autre communauté de Juifs, plus modérée. L'étude du Talmud prend aussi beaucoup de place dans sa vie, mais ne l'enferme pas. D'autres chemins s'ouvrent à lui, s'il le désire. Son père est ouvert à la discussion, il l'écoute, répond à ses questions.

C'est ainsi que nous suivons les pas de ces deux adolescents, dans ce New York, durant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Leurs chemins se croisent lors d'un match de base-ball. Une amitié extraordinaire et inébranlable va naître entre ces deux garçons que tout semblait séparer. Une amitié parfois lourde à porter. Devenir le confident, l'élu, est une tâche ardue dans ces communautés sur lesquelles pèse le poids de la tradition, de l'interdit.

Ce roman m'a beaucoup appris sur ces communautés juives de New York, ébranlées par les évènements de la Seconde Guerre mondiale. L'une favorable à la reconstruction d'un foyer national juif en Palestine, l'autre voulant rester dans son sectarisme, attendant la venue du messie, préférant continuer à pleurer en silence et à supporter le poids de toutes les souffrances de son peuple, sur ses seules épaules.

Un roman bouleversant qui nous ouvre les portes sur un univers étonnant et mystérieux. Une histoire d'amitié, mais aussi de transmission, d'amour filial, de sentiments étouffés mais très puissants. Des adolescents en quête d'identité, faisant la part des choses entre ce qui leur est propre, ce qu'ils peuvent apprendre par eux-mêmes, et ce qui leur a été transmis. Des adultes qui tentent de s'adapter aux secousses du monde moderne qui ébranlent les traditions.
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Premier roman de Chaïm Potok (1929-2002), « L'Élu » est un magnifique roman sur l'amitié dans l'univers du monde Hassidique et des autres communautés juives de New-York.

Situé à New-York durant la fin de la Seconde Guerre mondiale, le roman de Potok raconte l'amitié qui naît après un incident sur le terrain de baseball entre deux adolescents juifs mais appartenant à deux communautés différentes, Reuven, fils d'un enseignant juif modéré et Danny héritier d'une dynastie de rabbin orthodoxe. Malgré les diversités, Danny et Reuven se lient d'une amitié intense et durable.
À travers ses deux personnages Chaïm Potok expose deux sortes de fidélités à la tradition, deux façons différentes de vivre et démontre que malgré le fossé l'amitié est possible même si les deux personnages ont des traditions et des modes de vie différant.
Le roman parle aussi de l'éducation et de la transmission. du conflit de génération, des attentes que les pères peuvent avoir sur leurs enfants, des jeunes qui ont du mal à forger leur propre avenir au sein de ces communautés.

Ce roman magnifique comme toute l'oeuvre Chaïm Potok offre au lecteur un goût du monde juif, le mysticisme de la religion, la spiritualité de sa philosophie, le charme de la Torah et du Yiddish. On ne pourra que regretter le peu de roman de Potok traduit en français.
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A travers l'amitié de deux adolescents et les relations qu'ils ont avec leur père, Chaïm Potok nous fait découvrir deux communautés juives new-yorkaises, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et c'est très intéressant, attachant, plein de finesse.

Il y a quand même quelque chose qui m'a mis un peu mal à l'aise: dans les débats entre sionistes et anti-sionistes juifs la présence des Arabes sur la terre où sera établi l'Etat hébreu est complètement occultée, ils en parlent comme si c'était une terre sans peuple, ou comme si l'existence des Palestiniens n'était pas une donnée à prendre en compte. Bon, au moins ça fait réfléchir et ça donne envie d'en lire plus sur le sujet.
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Rares sont les romans qui laissent le coeur et l'esprit dans un tel état !

Ce roman nourrit le lecteur de culture, d'intelligence, de générosité. C'est une pure merveille.

Deux jeunes gens se rencontrent à l'occasion d'un match de base-ball (on lit ce passage comme s'il se vivait devant nos yeux), l'un est issu d'une famille juive hassidique, il est fils de tzaddik (plus qu'un rabbin, un chef spirituel) et l'autre, qui a perdu sa mère, vit avec son père dans la tradition juive mais il est plus ouvert à la modernité, plus tolérant et il sera un fervent adepte du sionisme. L'élu est le fils du tzaddik qui doit lui succéder un jour, mais voilà, ses lectures vont l'emmener sur un tout autre chemin…

J'ai pris un grand plaisir à assister à des batailles d'interprétations du Talmud, j'ai appris un tas de choses sur l'histoire des Juifs, sur leur religion, sur la création de l'Etat Juif, sur la différence entre les hassidiques et les sionistes… mais pas seulement… ce roman est aussi une réflexion intelligente et sensible sur le sens de la vie, sur l'amitié, sur l'amour paternel et filial, sur l'éducation.

Chaïm Potok a la qualité rare de savoir raconter des histoires, même si ces histoires sont très éloignées de notre quotidien. On entre dans un monde inconnu (la communauté juive de New-York pendant la seconde guerre mondiale jusqu'à la création de l'Etat d'Israël) avec une facilité déconcertante. Je n'avais aucune envie de quitter ce livre, c'est pourquoi j'ai pris le temps de le savourer, j'en ai même ralenti la lecture.

Et cerise sur le gâteau : des dernières pages du livre se dégage une telle émotion que j'en ai versé des larmes.
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Il n’en dit pas davantage et recommença à parler de la destruction du judaïsme européen. Savions-nous, demanda-t-il, que le 17 décembre 1942, M. Eden s’était levé à la Chambre des Communes et avait exposé en détail le plan nazi, déjà en pleine application, de massacre de toute la population juive d’Europe ? Savions-nous que ce M. Eden, tout en menaçant les nazis de représailles, n’avait pas dit un mot des mesures pratiques qu’il convenait de prendre pour sauver le plus de Juifs possible de ce qu’il savait devoir être leur destin inévitable ? Il y a avait eu des réunions publiques en Angleterre, des protestations, des pétitions, des lettres – tout le mécanisme de l’expression démocratique avait été mis en mouvement pour obliger le public anglais à se rendre compte de la nécessité qu’il y avait de prendre des mesures – et rien n’avait été fait. Tout le monde éprouvait de la sympathie, mais personne n’en éprouvait suffisamment. Les Anglais laissèrent entrer quelques Juifs, puis fermèrent la porte. L’Amérique non plus ne s’était pas souciée suffisamment d’eux. Personne ne s’en était suffisamment soucié. Le monde avait fermé ses portes, et six millions de Juifs avaient été massacrés.
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C’est une langue épatante. Le Yiddish lui ressemble beaucoup. À l’origine, le yiddish était du moyen allemand. Quand les Juifs sont allés en Pologne, ils ont emmené cette langue avec eux.
- Tu veux dire au XIIIè siècle, quand la Pologne a encouragé les Juifs à venir ?
- Exact. Tu sais cela aussi.
- Je ne savais pas que le yiddish était de l’allemand.
- Mon père ne le sait pas non plus. Du moins, je ne crois pas qu’il le sache. Il croit que le yiddish est une langue presque sainte. Mais en réalité, c’est du moyen allemand.
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Un homme doit donner un sens à sa vie. C’est un dur travail de donner un sens à sa vie. Une vie qui a eu un sens mérite le repos. Je veux mériter le repos qui me sera donné quand je ne serai plus ici.
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le Baal Shem Tov - plus tard, ses adeptes raccourcirent son nom et l'appellèrent le Besht - croyait qu'il n'existait pas de pécheur qui ne puisse être purifié par l'amour et la compréhension. Il pensait aussi - et c'est par là qu'il s'exposait à la fureur des savants rabbins - que l'étude du Talmud n'était pas très importante, qu'il était inutile de fixer des heures précises à la prière, et qu'on pouvait adorer Dieu simplement, dans la sincérité de son cœur, par le moyen de la joie, du chant et des danses. En d'autres termes, Reuven, il s'opposait à toutes les formes machinales de la religion. Dans ce qu'il enseignait, il n'y avait rien de nouveau. On le trouve dans la Bible, le Talmud et la Kabbale. Mais il donnait à tout cela une force toute particulière, à un moment où les hommes étaient assoiffés d'un enseignement justement de cette sorte.
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Je le regardais fixement et je me sentis glisser lentement sur ma table. M. Weinberg était notre professer d’anglais. C’était un petit homme chauve, qui n’avait aucun sens de l’humour, et dont la devise était : « Ne crois à rien que tu ne l’aies entendu toi-même, et ne crois qu’à la moitié de ce que tu vois. » Si M. Weinberg avait dit que le président Roosevelt était mort…
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Video de Chaïm Potok (2) Voir plusAjouter une vidéo

Chaim Potok : L'Arche de Noah
Attablé au café "Le Rostand" Olivier BARROT presente "L'Arche de Noah".Banc Titre de la couverture du livre de Chaim POTOK, publié par L'école des Loisirs, collection Médium.
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