Je rentre de voyage. J'arrive d'Afghanistan, du sable plein les pages. J'ai la gorge sèche et j'ai chaud.
Je suis fatigué, mais heureux de poser mon sac et d'en être revenu, même si je laisse derrière moi, accrochés sur la dernière page de mon livre, les souvenirs d'hommes et de femmes déchiquetés par l'Histoire d'un pays qui cherche encore la lumière.
J'ai couru, tête baissée pour ne pas être repéré, rasé les murs pour ne pas être une cible. J'en ai chié dans mon froc de cette peur qui colle à la peau à sentir partout la présence de cet ennemi impitoyable et invisible, qui attends son heure, tapis dans les ombres de la ville, pour faire rendre sang.
J'ai vu des hommes s'exploser, des femmes pleurer, des enfants tuer en eux cette jeunesse qu'ils ne pouvait laisser fleurir.
J'ai perçu la gangrène de la corruption se généraliser et se répandre jusque dans les veines des villages les plus reculés, observé les forces internationales « libératrices » s'enfermer dans des camps bunkérisés, attendant le départ , en s'apprêtant à laisser derrière elles un pays vide d'avenir et d'espérance.
J'ai senti l'odeur des chairs brûlée, le goût acre du sang dans ma bouche, j'ai respiré cet air saturé de mort.
Tout ca, je l'ai vécu à cause d'eux.
De ces flics des stups venus de France enquêter sur un trafic qui trouve ses ramifications dans nos banlieues en effervescence.
Je n'aurai sans doute pas du les suivre, mais je l'ai fait. Au fil des pages , je ne les ai pas quitté un instant des yeux, en particulier ce Gabin qui semblait en être le chef.
Je me doutais bien qu'ils allaient se retrouver englués dans le capharnaüm local et leur enquête se heurter à la cruelle réalité du terrain. Et çà n'a pas loupé, bien sûr!
Peut être Gabin devait il s'en douter lui aussi. Mais pas au point de penser que parti courir après des trafiquants de drogues et se retrouverait à pister des djihadistes, et qu'au final la menace ne concernerait pas seulement une jeunesse française désoeuvrée à la recherche de paradis hallucinés, mais bien la sécurité d'un pays tout entier.
Non plus qu'il devrait composer avec les factions, les chefs de guerres, les politiques au service de leur propre compte. Encore moins qu'il verrait tomber autour de lui certains de ses amis ou proches collaborateurs dans ce pays qui inspire la violence et expire les morts.
Tout çà, ils l'ont vécu à cause lui.
Ce Pouchairet est aussi dangereux une plume à la main qu'un djihadistes avec une kalachnikov dans les pognes. Ce type vous dégoupille un roman qui vous en met plein les mirettes !
Puisant dans son passé d'ancien flic ayant servi dans ces contrées du bout monde ,son bouquin est criant d'authenticité.
Pas de temps mort ( c'est d'ailleurs bien l'une des seules choses qui n'arrive pas à crever dans cette aventure), du rythme, une tension qui monte au fil des pages, un danger qui vient de toute part, des pistes qui fusent dans toutes les directions et vous avez ce cocktail explosif , artisanal , instable et donc extrêmement volatile, qui finira , que vous le vouliez ou non, par vous exploser à la figure.
Je rentre de voyage. J'arrive d'Afghanistan, du sable plein les pages. J'ai la gorge sèche et j'ai chaud. Je suis fatigué, mais heureux de poser mon livre sur mon étagère en me disant que j'en suis finalement sorti indemne.
J'ai lu «
La filière afghane ».
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