Pour un auteur que je ne connais pas, parfois c'est la couv' qui m'appelle ou la 4ème de cette même couv'. Mais ici, c'est un mot: Langley. Chez moi, c'est comme le réflexe de Pavlov, dites « Langley » et j'accours à bride abattue! Langley, c'est la CIA donc espionnage et opérations clandestines et vous savez quoi? J'adore!
Bon, là, j'aurais dû modérer mes ardeurs car de Langley, il n'en fut question que durant quelques lignes et un passage éclair de deux agents, dont un totalement muet!
Mais bon, je ne vais pas faire ma difficile, l'intrigue est excellente, même si bien franco-française! Nous sommes au coeur de l'actualité avec le terrorisme omniprésent dans sa menace et la peur que ces lâches soldats voudraient bien instiller dans notre quotidien.
Avec la délinquance en cols blancs d'un « simple » délit d'initiés, l'auteur décille les yeux des derniers naïfs qui voudraient que les terroristes soient des barbares barbus analphabètes qui se réveillent un beau matin en se disant « Et si nous faisions sauter quelques mécréants pour aller à la rencontre de ces belles vierges du paradis »!
Non, Mesdames et Messieurs, il y a de l'organisation, de l'anticipation, de l'étude de terrain et du financement. Et le financement se cache au creux des opérations boursières.
Le roman est très bien documenté et surtout, important, finement vulgarisé pour que tout un chacun puisse visualiser globalement le fonctionnement de certains aspects des marchés financiers.
La cible étant fixée et identifiée, l'auteur nous dévoile les plans prévus par les politiques en cas de danger sur les sites à risque comme les centrales nucléaires. Là, léger bémol, les données sont factuelles et chiffrées, cassent un peu le rythme du polar, même si nous sentons l'urgence des décisions à prendre et à appliquer.
Une bonne claque cynique pour vous, lecteurs, aucune illusion, les êtres humains ne sont que des stats, des chiffres, des quantités négligeables au regard de l'économie, de notre PIB et des conséquences de la mise en oeuvre d'éventuelles mesures de sécurité.
Notre peur est entretenue sans aucun état d'âme.
Par curiosité, localisez tous les sites à grands risques de notre territoire, délimitez les zones d'impact en cas d'incident majeur et vous verrez qu'il n'y a guère que quelques trous de souris où nous pourrions éventuellement, si on se donne la peine de nous prévenir et si on en a les moyens, échapper à une catastrophe.
Autre bémol qui m'empêche d'avoir un coup de coeur pour ce roman? le traitement que subit Reda, enfant des cités que l'on renvoie sans vergogne dans sa cité, qui a le type du parfait coupable et qui est déjà jugé avant même de pouvoir s'expliquer.
Une autre manière d'entretenir la peur ou image de ceux que nous pensons en notre for intérieur? Je ne creuse pas davantage la question parce que, malheureusement, c'est le reflet sociétal actuel, entretenu par des médias assoiffés de gros titres ou du manque de réflexions chez le quidam.
La prophétie de Langley est un polar trépidant, énergique, rapide et surfant sur une actualité brûlante.
Documenté, rythmé et emmené par des personnages intéressants comme Reda et le code des cités, Johana ou la navigation en eaux troubles de la Justice et de la Politique ou McLeod, l'ancien légionnaire reconverti dans le monde la Finance, il n'échappe pourtant pas à quelques raccourcis malheureux et deux ou trois invraisemblances qui m'auront un peu gênée.
Mais espérons que l'auteur n'est pas un visionnaire, tout de même…
Lien :
http://livrenvieblackkatsblo..