Citations sur Le convive de Pierre - La Roussalka. (9)
LE PRINCE : C'est terrible de perdre l'esprit ! Il est plus facile de mourir : un mort, on le regarde avec respect, on fait des prières pour lui. La mort fait de chacun l'égal du défunt. Mais l'homme privé de raison n'est plus un homme. C'est en vain que la parole lui est donnée, il ne maîtrise plus les mots, en lui la bête reconnaît un frère, il est un objet de dérision pour les gens.
LA ROUSSALKA.
LE MEUNIER : Surtout, veillez sur votre honneur de jeune fille, c'est un trésor qui n'a pas de prix ; comme on dit : une fois perdu, jamais rendu.
LA ROUSSALKA.
DOÑA ANNA : Vous perdez la raison.
DON JUAN : Vouloir mourir, est-ce signe de déraison, doña Anna ? Si j'étais fou, je voudrais vivre.
LE CONVIVE DE PIERRE, Scène 3.
LA GOUVERNANTE : Ma petite princesse, un homme, c'est comme un coq : il fait cocorico, bat des ailes, et puis adieu ! Mais la femme, c'est comme une pauvre couveuse : reste au nid, élève les poussins !
LA ROUSSALKA.
DON JUAN : Lève-toi, Laura, tout est fini.
LAURA : Là, que vois-je ? Tué ? Le bel exploit vraiment ! Et dans ma chambre ! Dis-moi, démon, dis-moi, fou, que faire à présent ? Où vais-je le jeter ?
DON JUAN : Peut-être est-il encore vivant ?
LAURA (se penchant sur le corps) : Oh oui, vivant ! Regarde-le, maudit ! Tu l'as frappé droit au cœur, va, rassure-toi, pas une goutte de sang sur la plaie étroite, il a cessé de respirer.
DON JUAN : Qu'y pouvons-nous ? C'est lui-même qui l'a voulu.
LE CONVIVE DE PIERRE, Scène 2.
DOÑA ANNA : Ainsi, c'est Don Juan...
DON JUAN : On l'a peint à vos yeux, n'est-ce pas, comme un méchant, un monstre... Ô Doña Anna, la renommée n'a peut-être pas tout à fait tort ; de nombreux péchés pèsent, sans doute, sur ma conscience fatiguée. Ainsi, j'ai longtemps été l'élève docile de la débauche, mais, depuis le moment où je vous ai vue, je me suis complètement transformé. En vous aimant, j'aime la vertu et, pour la première fois, devant elle mes genoux tremblants fléchissent avec humilité.
[...]
DOÑA ANNA : Et je croirai, que Don Juan devienne amoureux pour la première fois, qu'il ne cherche pas en moi une nouvelle victime !
LE CONVIVE DE PIERRE, Scène 4.
DON JUAN : Je jouis — en silence et profondément — de l'idée que je suis seul avec la charmante Doña Anna, ici — et non pas là, non près du tombeau de l'heureux défunt ; et maintenant je ne vous vois pas agenouillée deavnt votre époux de marbre.
DOÑA ANNA : Don Diego, vous êtes donc jaloux ! Mon mari vous tourmente même dans la tombe.
DON JUAN : Je ne dois pas être jaloux. Vous l'aviez choisi.
DOÑA ANNA : Non, ma mère m'ordonna de donner ma main à Don Alvaro. Nous étions pauvres, et Don Alvaro était riche.
LE CONVIVE DE PIERRE, Scène 4.
DOÑA ANNA : Éloignez-vous ce n'est pas ici le lieu pour de tels discours, pour des choses aussi folles. Venez chez moi demain. À condition que vous me promettiez d'avoir toujours envers moi ce même respect, je veux bien vous recevoir, le soir, sur le tard !... Je ne vois personne au monde depuis le jour où mon époux est mort.
LE CONVIVE DE PIERRE, Scène 3.
Leporello : Non, voyez sa statue.
Don Juan : eh bien quoi ?
Leporello : Je jurerais qu'elle nous regarde, l'air courroucé.
Don Juan : Va vers elle, Leporello, demande lui de bien vouloir être mon hôte, -mon hôte, non - mais celui de doña Anna, demain.
Leporello : Inviter la statue, et pourquoi donc ?
Don Juan : Bien sûr, pas pour causer avec elle. Il te faut inviter la statue à venir demain soir - sur le tard - chez doña Anna, et qu'elle reste à notre porte, en sentinelle.