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EAN : 9782290339558
128 pages
J'ai lu (01/10/2003)
3.91/5   81 notes
Résumé :
La dame de pique est-elle cette femme ensorcelante qui, dans le Paris de Richelieu, regagne de façon mystérieuse une fortune perdue au jeu ? Est-elle cette figure maléfique, incarnation d'un destin contraire, qui précipite Hermann, un jeune officier, dans la passion du jeu ? Est-elle encore, au soir de sa mort, cette dame blanche, funeste apparition, livrant à Hermann le secret des cartes pour mieux lui faire payer son crime ? Autant d'énigmes qui ont fait d'elle un... >Voir plus
Que lire après La dame de pique suivi de DoubrovskyVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
1) La Dame de Pique :
Lorsque j'étais petite, j'avais une arrière-grand-mère enragée des jeux de cartes. Dans mon souvenir, elle avait outrepassé les quatre-vingt-cinq ans et patientait péniblement lors des repas de famille, où elle ne mangeait quasiment rien, se maintenant l'oeil aux aguets, n'espérant que l'instant où elle pourrait débaucher des partenaires et taper le carton de sa main tremblante et de son oeil confondant les coeurs et les carreaux (toujours à son avantage), jusqu'à l'épuisement des trois autres partenaires...

Encore très faiblement lectrice, je me rappelle avoir été fascinée par les beaux dessins des figures sur les cartes et je tâchais de déchiffrer tant bien que mal les petits noms de ces rois barbus et reines drapées ainsi que de leurs serviteurs.

Sur la dame de pique, on pouvais lire : Pallas ; et c'est vrai qu'elle n'était jamais lasse mon arrière-grand-mère. Je crois même que si elle n'était pas morte depuis lors, elle continuerait à tenir dans ses doigts tors, défigurés par l'arthrose, l'effigie du roi de trèfle, celui qu'on nomme Alexandre.

Alexandre, le grand Alexandre, le seul, l'unique Alexandre qui compte : Alexandre Pouchkine, le magicien des mots, l'âme de la Russie. Oui, Pouchkine, avec le meilleur de la verve russe du XIXème siècle, nous concocte une petite nouvelle parfaite, avec tous les ingrédients qui deviendront propres tant au genre qu'est la nouvelle, qu'à la veine russe dont il est le premier éminent représentant.

Ces diables d'écrivains russes arrivent toujours à relever admirablement leurs recettes d'une minuscule pointe de surnaturel qui vient juste rehausser la saveur de l'ensemble sans jamais en gâcher les arômes de base.

Au cours d'une soirée entre officiers — tous joueurs acharnés et buveurs de noble constitution —, Tomsky raconte une anecdote sur sa grand-mère et l'étrange pacte qu'elle fit en France dans sa jeunesse avec le comte de Saint Germain. Celui-ci, pour sauver la grand-mère de Tomsky qui venait de perdre une fortune aux cartes, lui enseigna une mystérieuse et infaillible technique pour gagner.

Cependant, il lui fit promettre de ne point utiliser cette formule à mauvais escient, sitôt la dette remboursée. de sa vie, la grand-mère a toujours tenu parole et est restée muette comme une tombe, même à l'égard de ses propres enfants ou petits-enfants. Une seule fois, au cours de sa longue vie, elle a dévoilé à un officier ruiné, dont la situation devenait très compromise, les trois cartes salvatrices qui lui permettraient de recouvrer sa fortune et son honneur perdu sur une table de jeu...

Essayez d'imaginer à quoi peut bien être prêt un officier froid et calculateur pour faire parler une vieille grand-mère de quatre-vingt-sept ans détentrice d'un tel pouvoir ? Quel talent de conteur ce Pouchkine ! C'en est presque vexant pour les autres tellement cela paraît facile et fluide sous sa plume. Je ne vous en dis pas plus quant au scénario, mais sachez que je place sans complexe La Dame de Pique au niveau des meilleurs de ses contemporains, Balzac côté français, Gogol côté russe.

2) Doubrovsky.
Voici un bref roman (Certains diront une nouvelle bien que stricto sensu, l'on ne puisse le considérer comme tel puisque la narration présente deux développements distincts articulés entre eux par une simple charnière, mais nouvelle ou bref roman, l'on s'en fiche comme de l'an quarante !) qui nous plonge dans la vie de campagne russe à l'époque du servage (notons au passage que le malheureux Pouchkine, en raison de sa mort prématurée lors d'un duel, n'aura jamais connu autre chose en Russie que l'époque du servage).

Voici donc un gros rustre, en la personne de Kilila Pétrovitch Troiékourov, ancien gradé militaire, mangeur et buveur de robuste constitution, à la tête d'un des plus gros domaines de la région et d'une myriade d'âmes à son service, riche à n'en savoir que faire. Il est craint de partout comme le loup blanc des Carpates car il ne supporte pas d'être contredit et a le bras si long qu'il vaut mieux ne pas s'attirer ses foudres, sachant que les foudres en question sont faciles à susciter vu son caractère excessivement ombrageux.

Un seul de ses voisins, Doubrovsky, ose lui dire son fait sans ambages, et, à la surprise de tous, nulle sanction, nulles représailles et nulle mésentente ne viennent émailler leurs cordiales relations. Cette amitié, cette estime réciproque dure depuis des années lorsque, sur un stupide événement, Doubrovsky, tout aussi susceptible que son redoutable acolyte, prend la mouche et se vexe, au point qu'une vexation en entraînant une autre, Troiékourov déclenche ses farouches hostilités envers son pourtant seul véritable ami.

Le pot de fer ayant la réputation d'être plus costaud que le pot de terre, Doubrovsky ne tarde pas à voir son domaine passer aux mains de son adversaire sans espoir de revirement. le vieux Doubrovsky s'en trouve tellement amoindri qu'il dépérit rapidement et que sa vieille pipe ne tardera pas à se briser.

Néanmoins, comme les trains à la gare, un Doubrovsky peut en cacher un autre. le fiston, alerté depuis Pétersbourg, revient au triple galop pour secourir son vieux père. Un bruit court qu'il n'a pas froid aux yeux, ce jeune Doubrovsky. Et s'il arrivait à faire trembler le terrible Troiékourov ?

Et si, par un curieux hasard, notre petit Doubrovsky, aussi séduisant que Jean-Paul Belmondo, se métamorphosait en Louis Dominique Cartouche et devenait bourreau non seulement des bourses des bourgeois mais également des coeurs ? Si un joli coeur de jeune fille digne de celui de Claudia Cardinale palpitait au fond de la maison de Troiékourov ?

J'arrête là mon teasing car il va finir par se transformer en spoiling… Une très bonne narration à laquelle on peut reprocher toutefois une fin un peu bâclée, mais... qui suis-je qui déjà pour m'exprimer ainsi ? Hum ?... sans doute pas grand-chose.

En ce qui concerne le style, c'est tonique, c'est rythmé, c'est lyrique, c'est légèrement roublard, c'est le format idéal pour une nouvelle, c'est un vrai délice, mais tout ceci, n'est bien sûr que mon avis. Il ne me reste plus qu'une chose à ajouter, merci Alexandre Pouchkine.
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La dame de pique
C'est vraiment un très bon moment de lecture avec cette nouvelle qui ressemblerait plutôt à une étude philosophique. L'auteur a su toucher la matière avant de nous la livrer sous cette forme. Et même dans la distribution des personnages dont les intérêts sont quelque peu très controversés.

La dame de pique, la comtesse de pique, celle qui détient le secret de gagner aux jeux, le secret qu'elle refuse de partager même sous la menace d'une arme, elle n'a peur de la mort qui d'ailleurs va surgir...l'impasse où elle deviendra pour l'éternité l'as de pique, gare aux enchanteurs...

Le livre nous surprend à chaque avancée. On part de la mort à la résurrection, de l'amour au crime, du secret à la prophétie,..
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Plongée au coeur de la Russie de Pouchkine avec deux classiques dont l'un a été adapté à l'opéra (la Dame de Pique) et l'autre au théâtre (Doubrovsky). Mysticisme pour l'un et histoire de vengeance et d'amour pour l'autre, ce sont deux registres bien différents mais ces histoires courtes ont en commun d'être d'être agréablement écrites. Deux romans à lire pour découvrir ou redécouvrir le célèbre écrivain russe
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J'aime les nouvelles parce que contrairement au roman, je suis toujours excitée par la fin qui tombe souvent pour moi comme la chute d'une bonne plaisanterie. le plaisir est assurée à la fin. Plus encore, il est à son apogée à la fin. Cette nouvelle m'a ramené en arrière. Je me suis souvenue de la morte amoureuse de Théophile Gauthier qui plonge le lecteur doucement dans le fantastique tout en veillant à le maintenir dans la réalité. Ici, dans un procédé quasi-similaire..à partir d'une histoire dans l'histoire, Hermann est un jeune officier, un être avide, rigide qui choisit de vivre strictement. Il participe peu aux plaisirs que s'offrent allégrément les jeunes officiers qui le cottoient. Ainsi, lorsqu'il entend l'histoire de la grand mère d'un des jeunes officiers, sa vraie nature reprend le dessus. Selon cette histoire,il serait possible avec une certaine combinaison de carte de toujours gagner. Et lorsque Hermann, sous l'inspiration de l'histoire de l'officier, met en place un plan machiavélique afin de connaître cette fameuse combinaison....Ah!..... La suite est évidemment à découvrir....:-)



Une première lecture dans le cadre du challenge Une année en Russie qui commence bien. J'ai toujours un peu évité la littérature russe..l'imaginant lourde, peu agréable.. Un a priori que ce challenge me permet de réviser tout en découvrant un nouvel auteur!



La nouvelle étant dans un recueil, j'ai hâte de lire les autres nouvelles de A. Pouchkine

Lien : http://lalistedemafa.over-bl..
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Intrigue et cupidité se font martingale de pharaon.

Les cartes se distribuent et s'échangent de jeux en tables.

Clin d'oeil de l'une, attente de l'autre, rien ne va plus, les jeux sont faits...

Secrets à dévoiler dans leur mystère et leur parcours ......

Le lecteur se fera le libre interprète de cette histoire s'offrant à son appréciation.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Signalement de Vladimir Doubrovsky, établi sur la foi des témoignages de ses ci-devant serfs domestiques :
Âge : vingt-trois ans. Taille : moyenne. Teint : clair. Visage : glabre. Yeux : marron. Cheveux : châtain clair. Nez : droit. Signes particuliers : néant.
- Et c'est tout ? demanda Kirila Pétrovitch.
- Oui, c'est tout, répliqua le capitaine, en repliant sa feuille.
- Mes compliments, mon capitaine, en voilà un papier ! Vous voilà bien renseigné, et la prise de Doubrovsky ne saurait plus offrir de difficulté. Voyons, dites-moi, je vous le demande, qui est-ce qui n'est pas de taille moyenne, les cheveux châtain clair, le nez droit et les yeux marron, hein ? Je gage qu'on pourrait rester trois heures à parler avec Doubrovsky, sans se douter de l'identité de l'interlocuteur que Dieu vous envoie. Il n'y a pas à dire, nous avons des as dans l'administration !
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- Eh bien ! mon capitaine, allez-vous finir par nous l'attraper, ce Doubrovsky ?
Le policier perdit contenance, s'inclina, sourit, bégaya et finit par répondre :
- Nous allons faire de notre mieux, Votre Excellence.
- De votre mieux... hum... Il y a longtemps qu'on fait de son mieux, mais ça donne quoi ?... Et d'ailleurs, pourquoi ne pas le laisser courir ?... Ses brigandages ?... Une véritable aubaine pour les gendarmes : déplacements, enquêtes, frais de déplacements, hein, dans la poche !... Doubrovsky ?... Mais c'est un bienfaiteur, n'est-ce pas, mon capitaine ?
- Parfaitement, Votre Excellence, (...).
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Montrez-lui que la richesse ne vous assurera pas un instant de bonheur, que le luxe ne console que les pauvres, uniquement parce qu'ils n'y sont pas habitués et pour peu de temps !...
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Mais de tous ces divertissements, le plus ingénieux et le plus délicat était sans contredit le suivant : on enfermait un ours affamé dans une chambre vide. À un anneau fortement scellé dans la muraille pendait une chaîne dont la longueur, qui était presque celle de la loge, ne laissait qu’un des angles à l’abri des atteintes de l’animal. On y faisait entrer, sous quelque prétexte, tel ou tel nouveau venu, après quoi l’on fermait la porte. Resté seul avec l’ermite velu, le malheureux se réfugiait bien vite dans le coin de salut, trop heureux d’en être quitte pour des vêtements déchirés, et obligé souvent de rester là des heures entières, sentant sur lui le souffle du monstre qui faisait des efforts furieux pour briser sa chaîne.
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L'on avait débouché plusieurs bouteilles de vin du Caucase et du Don, charitablement accueillies sous le nom de vin de Champagne ; les visages commençaient à s'empourprer ; les conversations se faisaient plus bruyantes, décousues et joyeuses.
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Je me suis mis en ménage avec ma logeuses, la Marousenka, une veuve encore jeune, "Quand je me grisais, elle me couchait et me faisait la soupe à l’oignon. Je n’avais qu’à faire un signe : Hé ! la commère !... La commère ne disait jamais non.", parole de ............?............

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