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Citations sur Volkswagen Blues (49)

Il fut réveillé par le miaulement d'un chat.

Se redressant dans son sac de couchage, il écarta le rideau qui obstruait la fenêtre arrière du minibus Volkswagen : il vit une grande fille maigre qui était vêtue d'une robe de nuit blanche et marchait pieds nus dans l'herbe en dépit du froid; un petit chat noir courait derrière elle.

Il tapota la vitre sans faire trop de bruit et le chat s'arrêta net, une patte en l'air, puis se remit à courir. Les cheveux de la fille étaient noirs comme du charbon et nattés en une longue tresse qui lui descendait au milieu du dos.

En allongeant le cou, l'homme put voir qu'elle se dirigeait vers la section du terrain de camping qui était réservée aux tentes. Il quitta son sac de couchage, mit ses jeans et un gros chandail de laine parce qu'il était frileux, puis il ouvrit tous les rideaux du vieux Volks. Le soleil se levait et il y avait des bancs de brume sur la baie de Gaspé.

Il alla se laver et se raser dans les toilettes. Lorsqu'il revint il n'y avait plus personne dans la section des tentes; la fille avait disparu. Il ouvrit la porte à glissière du minibus et transporta sur la table à pique-nique son réchaud à gaz, sa bonbonne de propane et sa vaisselle en plastique. Il se prépara un jus d'orange, du corn flakes, des toasts et il fit bouillir de l'eau en quantité suffisante pour le café et la vaisselle. Quand il fut rendu au café, il se leva de la table tout à coup et alla chercher, dans le coffre à gants du Volks, la vieille carte postale de son frère Théo. Il posa la carte contre le pot de marmelade et but son café à petites gorgées.

Lorsqu'il leva les yeux, l'homme vit que la brume s'était dissipée et que la baie de Gaspé était inondée de lumière. Il lava sa vaisselle, puis il remit toutes ses affaires dans le minibus et rabaissa le toit. Avant de partir, il fit les trois vérifications habituelles : la glace dans le frigo, l'huile du moteur et la courroie du ventilateur. Tout était normal. Il donna machinalement un coup de pied au pneu avant, du côté du chauffeur, puis il s'installa au volant. En quittant le terrain de camping, il tourna à gauche : la ville de Gaspé se trouvait à une distance d'environ cinq kilomètres.

Une côte assez raide l'obligea à rétrograder en troisième, puis en deuxième, lorsqu'il arriva au sommet, il aperçut la grande fille maigre qui marchait au bord de la route. Elle était en partie dissimulée par un énorme havresac à montants tubulaires, mais il la reconnut tout de suite à ses cheveux très noirs et à ses pieds nus. Il fit exprès de rester en deuxième vitesse plus longtemps qu’il n’était nécessaire et, au grondement du moteur, la fille leva le pouce de la main gauche sans se retourner. Il la dépassa, immobilisa le Volks sur l’accotement de la route et fit clignoter ses feux d’urgence.

La fille ouvrit la portière.
Elle avait un visage osseux, le teint foncé, les yeux très noirs et légèrement bridés. Elle portait une robe blanche en coton.
- Bonjour ! dit-elle.
- Je vais à Gaspé, dit l’homme. C’est pas loin, mais…
Il lui fit signe de monter.

Elle se défit de son havresac et le hissa sur le siège du passager. Le petit chat noir sortit d’une de ses poches, s’étira et grimpa sur le dossier du siège. Il était tout noir avec le poil court, et il avait les yeux bleus. Il se mit à explorer le minibus. L’homme plaça le havresac entre les deux sièges. La fille monta dans le Volks, mais elle laissa la portière ouverte. Elle observait le chat et attendait qu’il eût terminé son exploration. Finalement, il vint de coucher sur ses genoux.

- Ça va, dit-elle, et elle ferma la portière.
Après un coup d’œil au rétroviseur, l’homme démarra. Le Volks était très vieux et envahi par la rouille, mais le moteur tournait bien. C’était un moteur rénové. La fille était jeune. L’homme régla le chauffage pour qu’elle eût un peu d’air chaud sur les pieds. C’était le début de mai.
- Allez-vous loin ? demanda-t-il.
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Un jour, pour se changer les idées, ils prirent le Volks et se rendirent dans le secteur de Haight et Ashbury, où le mouvement des hippies avait fleuri dans les années 60. Ils ne s'attendaient pas à rencontrer des hippies, mais ils espéraient voir des traces du mouvement, quelques indices qui auraient rappelé que des milliers de jeunes et de moins jeunes, venus de tous les coins du pays, avaient essayé de mettre en pratique dans ce secteur une nouvelle conception de la vie et des rapports entre les gens. Or, ils ne virent que des boutiques et des restaurants. Jack déclara que les commerçants étaient les gens les plus stables au monde.
-Ils sont capables de survivre à tous les changements et à toutes les modes, dit-il. Un jour il ne restera plus que des commerçants sur la terre.
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Mais la principale caractéristique du minibus était qu'il n'aimait pas du tout se faire bousculer. Tant qu'il n'était pas réchauffé, le matin, il aimait mieux rouler à vitesse réduite. En toute circonstance, il avait horreur qu'on le pousse au-delà de sa vitesse de croisière, qui était cent kilomètres à l'heure, et le conducteur impatient qui dépassait cette limite pouvait s'attendre à toutes sortes de protestations...
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On jour qu'on était à ... et il se mettait à raconter.
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Ils demandèrent à un gardien de leur indiquer la section réservée aux "French Impressionists" et, après avoir grimpé un escalier, ils découvrirent une salle exclusivement consacrée aux œuvres de Renoir.
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il ne faut pas juger les livres un par un. Je veux dire : il ne faut pas les voir comme des choses indépendantes. Un livre n’est jamais complet en lui-même ; si on veut le comprendre, il faut le mettre en rapport avec d’autres livres, non seulement avec des livres du même auteur, mais aussi avec les des livres écrits par d’autres personnes.
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il ne faut pas juger les livres un par un. Je veux dire : il ne faut pas les voir comme des choses indépendantes. Un livre n’est jamais complet en lui-même ; si on veut le comprendre, il faut le mettre en rapport avec d’autres livres, non seulement avec des livres du même auteur, mais aussi avec les des livres écrits par d’autres personnes.
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-C'est vrai, dit-elle. En plus, je me suis rappelé une phrase d'un autre cher indien. Le grand chef Joseph. Il disait : "Mes jeunes gens ne travailleront jamais, les hommes qui travaillent ne peuvent rêver, et la sagesse nous vient des rêves.
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-J'ai eu quarante ans la semaine dernière et... Il secoua la tête.
-Mais non, c'est pas une question d'âge... Il y a des jours, où vous avez l'impression que tout s'écroule... en vous et autour de vous, dit-il en cherchant ses mots. Alors vous vous demandez à quoi vous allez pouvoir vous raccrocher... J'ai pensé à mon frère. C'était mon plus grand chum autrefois.
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