Les éditions « Pour la Science » proposent comme lecture d'été un hors-série (nouvelle formule de leurs « dossiers ») : Alexandre le Grand, quand l'archéologie bouscule le mythe.
L'accroche est un peu provocatrice afin d'attirer le chaland. Il faut bien admettre qu'il n'est pas facile pour un magazine de se distinguer au milieu de la masse de titres proposée. En fait de bousculade, je préfère dire que ce dossier apporte des nuances à ce que les historiens nous ont appris. Cela ne réduit nullement son intérêt car je me suis proprement régalé.
Quand je parle de nuances apportées aux historiens, je pense aux historiens antiques avant tout, les
Diodore de Sicile, Arrien ou
Plutarque. Nous avons beaucoup de chance que ces écrits aient pu traverser le temps pour nous apporter leur éclairage. Malgré tout ce ne sont pas des témoignages car ils ont vécu à des époques plus récentes qu'Alexandre. D'autre part, leur origine grecque ou romaine peut laisser penser qu'ils évoquent l'histoire du point de vue des vainqueurs. Ce dossier apporte des informations venant d'autres sources archéologiques qui, si elles ne révolutionnent rien, apportent un éclairage parfois contrasté.
Ainsi, l'archéologie confirme que l'empire Perse Achéménide qu'Alexandre conquiert était loin d'être en déclin. Sa structure administrative était particulièrement efficace vu la taille du domaine à gérer, et le conquérant et ses successeurs Séleucides s'appuieront largement sur elle par la suite.
On découvre des sources cunéiformes sur les passages d'Alexandre à Babylone. On apprend que Tyr – cité phénicienne dont le conquérant fait le siège – était à l'époque une île, que la conquête a aussi révolutionné l'économie, faisant des alexandres une monnaie de référence pour plusieurs siècles, qu'il existe de nombreuses sources écrites en araméen, langue officielle de l'administration achéménide.
J'ai particulièrement apprécié l'histoire de la guerre des diadoques, ces successeurs d'Alexandre qui n'ont pu s'empêcher de se battre pour emporter le plus gros morceau de l'empire, ainsi que l'opinion de
Philippe Charlier – spécialiste en anthropologie médicale – selon laquelle l'alcoolisme et les parasites sont probablement les vrais responsables de la mort d'Alexandre.
Cerise sur le gâteau, je découvre l'existence de deux livres qui m'intéressent fortement : le roman d'Alexandre, recueil de légendes qui fut très populaire au moyen-âge, et le roman de
Laurent Gaudé «
Pour seul cortège ».